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Yves Heirman (FBEP) : « Les entrepreneurs paysagistes à la croisée des chemins »

La problématique du climat, de la canicule à la sécheresse en passant par l’inondation, mais aussi d’autres problèmes de société comme le trajet domicile-travail et la santé en général ne sont que quelques-uns des problèmes auxquels les espaces verts peuvent apporter une réponse.

« C’est ce que nous faisons, mais trop peu de gens le savent. En outre, nous pourrions faire les choses plus efficacement », explique Yves Heirman, directeur de la BFG-FBEP (Belgische Federatie Groenvoorzieners / Fédération Belge des Entrepreneurs Paysagistes).

Yves Heirman n’hésite pas à placer le secteur des entreprises paysagistes devant ses responsabilités. Son objectif est d’aider les entreprises paysagistes à évoluer sans cesse, mais aussi de les aider à trouver la place qui leur revient socialement et économiquement. « Les espaces verts nous permettent de résoudre pas mal de problèmes auxquels notre société est confrontée aujourd’hui. Chaleur, sécheresse et inondations font les gros titres de l’actualité, mais la protection de la biodiversité et des domaines comme la santé, les loisirs, voire la mobilité, sont autant d’autres priorités. Sur le plan économique aussi, nous pouvons apporter notre pierre à l’édifice. Par exemple au niveau du tourisme et de la rétention – travailler dans un espace vert. »

Une entreprise paysagiste qui ose

Depuis longtemps déjà, les entreprises d’aménagement paysager font bien plus que creuser un trou pour y planter un arbre. Elles recherchent des solutions vertes pour une multitude de problèmes et situations. Mais elles le font de façon isolée, chacune selon ses moyens. « C’est ce que nous devons changer. Les nouveaux défis nécessitent d’adopter une nouvelle approche. Nous devons partager nos expériences et nos connaissances afin de faire évoluer les idées et pratiques », explique Yves Heirman.

« La BFG-FBEP et les fédérations locales jouent à ce titre un rôle important, car elles sont à la fois des lieux de rencontre pour ceux qui osent et des entreprises qui apprennent. Mais elles préfèrent généralement ne pas sortir de leur zone de confort », explique-t-il à mots couverts. Pourtant, il est un défi qui pourrait permettre aux entreprises d’aller plus loin sur le chemin de leur transformation en entreprises du futur.»

« La recherche est inscrite dans l’ADN d’une entreprise. Nous réfléchissons à long terme, cherchons des valeurs ajoutées, découvrons des manières d’entreprendre de façon socialement responsable, mais nous devons également repousser les limites techniques. Il faut oser sortir des sentiers battus. Et expérimenter.
Par exemple en testant au jardin quel arbre s’épanouit dans une situation donnée. De préférence en adoptant une communication transparente vis-à-vis du client. Il est fort probable qu’il sera ouvert à vos propositions, surtout s’il sait que vous suivez de près l’évolution et n’avez pas peur de revenir sur une décision. Surtout, il sait à l’avance qu’il obtiendra les meilleurs résultats au bout du compte. »

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Se baser sur des recherches

Il existe évidemment des pratiques et des conséquences que vous ne pouvez pas tester dans vos propres projets ou qui exigent plus de recherche, voire des études comparatives. « Dans ces cas de figure, il faut faire appel à des spécialistes, des organismes de recherche et/ou le monde académique, de l’ILVO aux universités et aux organisations belges et étrangères. » Yves ne dissimule pas au secteur que la recherche coûte de l’argent. « Il ne s’agit pas tant d’un coût que d’un investissement pour le futur. » Il affirme qu’une connaissance et une compréhension plus poussées permettent d’engranger de meilleurs résultats, car la gestion d’entreprise est alors basée sur des faits. Cela réduit les erreurs, augmente l’efficacité de l’argent et des moyens et permet en outre de mieux se profiter dans le secteur. Tout cela se traduit par plus de commandes.

« Et pour un meilleur prix, car nous ne nous déplaçons plus pour simplement planter un arbre. Nous venons planter l’arbre qui convient à un endroit donné et à l’objectif recherché. » En s’exprimant ainsi, Yves égratigne les administrations publiques, qui recherchent encore trop souvent un prix plancher pour l’exécution de travaux. « À l’avenir, elles devront faire appel à nous pour notre expertise. Et elles devront nous rémunérer correctement au lieu de nous mettre sous pression pour que nous exécutions au prix le plus juste une prestation qui n’est parfois même pas durable. »

Une nouvelle façon d’entreprendre

C’est ainsi que les chefs d’entreprises paysagistes se trouvent à la croisée des chemins. Bien plus que des dirigeants de PME, ils sont les représentants d’un secteur dynamique qui n’hésite pas à prendre ses responsabilités vis-à-vis de la société. Le chef d’entreprise ne doit d’ailleurs pas le faire seul. Dans une entreprise qui évolue avec son temps, le personnel a lui aussi l’opportunité de prendre des initiatives et de prendre ses responsabilités, et ainsi de faire grandir l’entreprise. « S’ils sont de simples exécutants, les collaborateurs ne peuvent pas réfléchir pour renforcer les fondations de l’entreprise, ni à fortiori lui faire prendre le bon cap pour l’avenir. »

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Yves Heirman – Directeur de FBEP

www.bfg-fbep.be

Auteur : Marc Verachtert