Vive le Printemps ! Au bonheur d’Agnès Varda [VIDEO]

Le Festival international des Jardins de Chaumont-sur-Loire est actuellement fermé au public en raison des mesures prises par le gouvernement pour éviter la propagation du coronavirus (Covid-19). L’inauguration de la Saison d’art 2020 est reportée à une date ultérieure. Faites entrer un peu de nature chez vous et célébrez le Printemps avec la Serre du Bonheur d’Agnès Varda, dernière installation de l’artiste, où dialoguent joyeusement tournesols et bobines.

Pour la Saison d’Art 2019 du Domaine de Chaumont-sur-Loire, Agnès Varda, disparue l’année dernière, a disposé ses œuvres dans les trois espaces de la cour des Jardiniers, qui évoque celle sur laquelle donnait sa maison, rue Daguerre, à Paris. Une semaine avant sa mort, la cinéaste âgée de 90 ans veillait encore à leur installation. C’est d’ailleurs elle qui avait proposé de participer à la Saison d’Art. « Elle se sentait en harmonie avec le lieu », se souvient Chantal Colleu-Dumond, directrice du Domaine de Chaumont. Et sur les bords de la Loire, elle a recréé son univers.

Une cabane de cinéma

On pénètre d’abord dans une cabane en forme de serre. Particularité : elle est constituée de l’assemblage des pellicules 35 mm d’une copie de son film, Le Bonheur. À l’intérieur poussent de joyeux tournesols (en plastique), évoquant ceux qui apparaissaient dans le générique du long-métrage sorti en 1965. Cette Serre du Bonheur, qui avait déjà été exposée au printemps 2018 à la galerie parisienne Nathalie Obadia, est la troisième « cabane de cinéma » imaginée par l’artiste, selon le principe du recyclage. En s’approchant de ses images, les plus avertis pourront se remémorer l’histoire heureuse de cette famille que vient broyer l’amour du mari pour une autre femme…

Hommage à Nini

Elle avait également souhaité réaliser des pièces originales. À l’instar de L’Arbre de Nini, qui se dresse dans le deuxième espace. Composé d’un tronc sur lequel trône un chat de bronze, il ressuscite le souvenir de son chat Nini, qui avait l’habitude de se percher sur un arbre similaire, dans la cour de la rue Daguerre.

Agnès Varda, L’Arbre de Nini, installation dans les galeries de la cour des Jardiniers, Domaine de Chaumont, 2019. © ÉRIC SANDER.

Amour et pommes de terre

Le plus émouvant est sans doute cette série de photos, À deux mains, accrochées dans le troisième espace. Le titre de chaque cliché est formé de deux prénoms, ceux des couples d’amoureux qui avaient accepté de joindre leurs mains devant son objectif, Annette (Messager) et Christian (Boltanski), JR et Prune (Nourry), Adel (Abdessemed) et Julie…

Agnès Varda, À deux mains, photographie exposée dans les galeries de la cour des Jardiniers du Domaine de Chaumont, 2019 © ÉRIC SANDER.

Sur un fond de toile cirée, celle de sa table de cuisine, elles sont entourées d’une guirlande composée de patates en forme de cœur. Tout un symbole. Ces drôles de tubercules dont Agnès Varda avait fait un triptyque vidéo, en 2003, lors de la Biennale de Venise, l’avaient en effet introduite dans le monde de l’art.

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