Ville saine: connexions prometteuses pour la micro-végétation et la macro-végétation en milieu urbain
Les Pays-Bas seront confrontés à un besoin urgent de créer un million de logements au cours des prochaines décennies, mais la construction d’espaces de travail s’avère au moins aussi urgente. Dans le seul secteur de la logistique, environ 35 millions de mètres carrés de biens immobiliers seront nécessaires d’ici 2050. Ce défi s’étend à l’industrie manufacturière, aux industries créatives et même à la demande d’espaces de bureaux, qui semble repartir à la hausse. Dans le même temps, les villes doivent devenir plus durables, adaptatives au changement climatique, inclusives et diversifiées. Les défis liés à la transition en matière de mobilité, climat, énergie et circularité sollicitent fortement l’espace limité disponible. L’Agence néerlandaise d’évaluation environnementale a calculé que les Pays-Bas devraient s’agrandir de 10% en 2050 pour répondre à toutes les demandes d’espace.
Méthode de travail
Pour réaliser plus de logements, plus de lieux de travail et plus d’espace pour les défis liés à la transition, nous devons nous attaquer à plusieurs problèmes par emplacement dans la ville. C’est logique, car la ville n’est pas un ensemble de problèmes d’espace isolés pouvant être résolus séparément. L’une des caractéristiques des problèmes d’espace est qu’ils sont liés et interdépendants. Il s’agit en fait d’un problème complexe. Par conséquent, chaque problème est à la fois le symptôme et la cause d’un autre problème. Cela s’applique également à l’écologie et à la biodiversité. La qualité des espaces verts en ville est soumise à une pression directe en raison du besoin d’installations sportives et récréatives, et ces espaces doivent souvent céder la place à la densification. En même temps, la végétation et l’eau forment précisément une solution aux problèmes des villes liés au changement climatique et aux conditions météorologiques plus extrêmes. Résoudre un seul problème en un seul endroit appartient donc au passé, car cela ne tient pas compte de la nature des problèmes d’espace et nous n’avons pas le luxe d’avoir suffisamment d’espace disponible.
Résoudre un seul problème en un seul endroit appartient donc au passé, car cela ne tient pas compte de la nature des problèmes d’espace et nous n’avons pas le luxe d’avoir suffisamment d’espace disponible.
Une ville saine
Pour tenir compte de la complexité des défis urbains, Fabrications considère la ville comme un organisme vivant. Nous qualifions cette façon de voir et d’analyser la ville de ‘métabolisme urbain’. L’objectif consiste à transformer la ville en un écosystème urbain sain grâce à des interventions de conception. Trois principes de conception sont essentiels à cet effet: mélanger, connecter et transformer, les concepts clés des futurs défis en matière d’espace. L’espace qui nous entoure est en constante transformation. Nous travaillons sur les six piliers de la ville saine: circularité, adaptation au climat, économie, santé, connexion socioculturelle et infrastructure résiliente. Cela crée également des conceptions différentes, stratifiées et à multiples facettes qui rendent la ville plus résiliente, plus saine et plus vivable. Dans chacun de ces piliers, la verdure a son propre rôle et positionnement.
Bouger et manger
Les structures vertes urbaines saines invitent à bouger et constituent une base pour le transfert modal. Il s’agit notamment de mettre l’accent sur la création de réseaux où la circulation lente prédomine. Accorder la priorité aux cyclistes et aux marcheurs sur l’utilisation de la voiture constitue un objectif fréquemment mentionné dans la littérature. Il s’agit d’inciter les gens à poser des choix plus sains en créant des aires de jeux naturelles et en encourageant l’exercice physique par le biais d’espaces verts. Il peut s’agir de créer de l’espace pour la production alimentaire à petite échelle en ville – les personnes disposant d’un jardin potager consomment jusqu’à 40% de légumes en plus – ou créer des lieux où les gens peuvent faire de l’exercice, se rencontrer et s’amuser, ainsi que développer des aires de jeux naturelles et des cours d’école. Lorsque 20% de l’environnement d’une personne est vert, celle-ci sera moins susceptible de souffrir de symptômes de stress et de dépression. Il est donc évident que les espaces verts contribuent à la fois à la santé physique et à la santé mentale.
Identité et rencontre
Les environnements verts encouragent les interactions sociales entre les personnes en facilitant le sentiment de collectivité dans les espaces publics et les jardins. Sur une période de 30 ans, chaque euro investi dans la transformation verte rapportera 3,7 euros de bénéfices. Il est important que ces installations saines soient facilement accessibles et financièrement abordables dans la ville et au-delà. Une bonne conception créera un environnement attrayant et relaxant à l’identité reconnaissable et distincte. La valeur expérientielle, l’identité ainsi que la protection et l’intégration d’éléments historiques dans l’environnement forment autant de points essentiels pour y parvenir. Pour favoriser la compréhension et l’engagement des habitants, des éléments artistiques et éducatifs en rapport avec la nature pourront être intégrés dans les espaces publics.
Une bonne conception créera un environnement attrayant et relaxant à l’identité reconnaissable et distincte.
Intégration de la nature et adaptation au climat
Concevoir en intégrant la nature implique l’ambition de transformer les zones urbaines en habitats biodiversifiés et respectueux de l’environnement. La qualité de la nature et la connexion des éco-corridors constituent des éléments importants, tout comme la végétalisation des rues et des places pavées. Avec 10% de verdure variée et reliée, la ville constitue un bon habitat pour les abeilles et les papillons. La biodiversité dans les villes est souvent plus élevée que dans les zones rurales. Cette approche améliore la qualité de vie des citadins, mais offre également une vision prospective de la conservation et de l’amélioration de la nature. Le projet ‘Duintuin’ est un concept de jardin qui vise à étendre et améliorer le paysage vert environnant. Ce projet vise à rendre les terres cultivées à la nature et à servir de tremplin au système écologique local.
Pour rafraîchir, un grand arbre équivaut à 10 climatiseurs.
Afin de créer un réseau adaptatif au climat, la conception doit se concentrer sur la résistance et l’adaptation au changement climatique: réduction des effets négatifs de la chaleur et de la sécheresse, prévention des inondations et amélioration de la qualité du sol. Pour rafraîchir, un grand arbre équivaut à 10 climatiseurs. La conception permet de réduire les inondations grâce à des mesures telles qu’oueds, zones d’infiltration vertes et création d’espace pour les eaux de surface. Jusqu’à 80% de l’eau de pluie pourra être retenue par des toitures vertes pour ensuite s’évaporer, par exemple. Pour obtenir un sol vital, les structures vertes contribuent à minimiser les revêtements et favoriser la formation de végétation. La conception et la gestion intégrées des structures vertes ont ainsi un impact sur la résilience, la sécurité et la durabilité dans le contexte du changement climatique.
Mélange de fonctions et métabolisme
Il est plus important que jamais de renforcer le lien entre un espace bâti attrayant et un environnement vert sain. Ce qui, au niveau de l’échelle le plus bas, peut s’expliquer par le désir commun de vivre dans une maison avec un jardin, signifie, à un niveau plus élevé, que chaque citadin a besoin d’un espace vert facilement accessible. En mélangeant les fonctions à différentes échelles, il sera ainsi possible de mettre en œuvre toute une série d’innovations urbaines touchant aux différents piliers d’un métabolisme urbain sain. La diversité doit être considérée comme une valeur fondamentale lors de la formulation des défis de conception de la ville saine et stratifiée, ainsi que des lieux auxquels cet espace sera directement relié. Après tout, un métabolisme urbain sain est un métabolisme urbain diversifié.
Le projet ‘Smart Urban Mix’ (SUM) à Veldhoven est un ‘multiplicateur urbain’ qui s’attaque à trois défis urbains en un seul endroit. Il associe des améliorations sociales, de nouvelles fonctions d’emploi et d’éducation à des formes de production proches du client urbain afin de minimiser les mouvements de transport et de promouvoir la circularité. Ce faisant, il aide la région environnante à créer plus d’espace pour l’écologie, la biodiversité et l’adaptation au climat en transformant un site industriel recouvert à 35% d’asphalte en un parc forestier sur les rives de la rivière Gender. Cet espace est interdit aux voitures et accessible au public. Le programme environnant complète les équipements locaux et renforce l’économie locale. L’espace vert entourant ce programme urbain, qui préserve la même quantité d’emplois et les complète par des logements pour tous les groupes cibles, contribue également à camoufler les effets du bruit ambiant et à réduire la production de particules. À plus grande échelle, le projet SUM forme un outil contre l’encombrement et le dépérissement du paysage et, par conséquent, un stimulant positif pour la qualité esthétique du paysage et des périphéries urbaines.
Une vie saine pour les personnes, les plantes et les animaux dans une ville de plus en plus peuplée
La santé et le bien-être des citadins sont fortement influencés par les facteurs environnementaux. Le bruit, la pollution atmosphérique, la chaleur, la solitude et le manque d’exercice sont en partie exacerbés par la façon dont nous concevons nos villes. Les Pays-Bas offrent de grandes possibilités de restauration de la biodiversité, qui fait cruellement défaut. Les divers avantages de la verdure se combinent généralement bien. Non seulement elle rend le cadre de vie plus attrayant, mais elle contribue également de manière structurelle à notre bonheur et à l’espérance de vie moyenne des gens.
Texte: Eric Frijters | Associé fondateur / Directeur
Photos: Fabrications
