UNE ESPÈCE D’ARBRE SUR TROIS EST MENACÉE D’EXTINCTION

Une espèce d’arbre sur trois est menacée d’extinction

Près d’un tiers (30 % exactement) de toutes les espèces d’arbres (soit environ 17.500) sont menacées d’extinction. Ce chiffre passe à 58 % en Europe et grimpe même à 65 % en Afrique centrale. C’est ce qui ressort du rapport sur l’état des arbres dans le monde publié récemment par Botanic Gardens Conservation International (BGCI), auquel le Jardin Botanique de Meise notamment a participé.

Résultat des travaux du Global Tree Assessment (GTA), le rapport « State of the World’s Trees » est le couronnement de cinq années de recherche. Il souligne les principales lacunes dans les efforts faits pour préserver les arbres. Le rapport compile les données fournies par plus de 60 partenaires institutionnels, dont des jardins botaniques (notamment celui de Meise), des instituts de sylviculture et des universités du monde entier, ainsi que de plus de 500 experts qui ont travaillé sur le sujet au cours des cinq années écoulées. Il s’agit d’une des premières évaluations des menaces qui pèsent sur les arbres à l’échelle mondiale.

UNE ESPÈCE D’ARBRE SUR TROIS EST MENACÉE D’EXTINCTION
UNE ESPÈCE D’ARBRE SUR TROIS EST MENACÉE D’EXTINCTION

• Les recherches portant sur les 60.000 espèces d’arbres que compte notre planète indiquent que 30 % sont actuellement menacées d’extinction. Cela signifie que le nombre d’espèces d’arbres menacées dans le monde est deux fois plus élevé que celui des mammifères, oiseaux, amphibiens et reptiles confondus. Les différentes sortes de magnolia et meranti sont les plus menacées, au même titre que le chêne, l’érable et l’ébène.

• En Europe, 58% des arbres indigènes sont menacés d’extinction. Les variétés de sorbiers et arbres apparentés (famille des Sorbus) sont
les plus en danger sur notre continent. C’est le Brésil – où se trouvent plusieurs des forêts les plus diversifiées du monde – qui compte le plus grand nombre d’espèces d’arbres (8847), mais malheureusement aussi le plus grand nombre d’espèces menacées (1788). Sur les quelque 347 sortes d’arbres qui peuplent l’Afrique centrale (République Démocratique du Congo, Rwanda et Burundi), 226 (65%) sont en péril. Parmi cellesci, 42 (12%) sont gravement menacées, et 24 sans doute déjà éteintes.

• Plus de 440 espèces d’arbres sont au bord de l’extinction, ce qui signifie qu’il en existe moins de 50 exemplaires à l’état sauvage dans le monde. On retrouve ces espèces dans le monde entier, depuis le cèdre du Mulanje au Malawi – dont on recense tout au plus quelques exemplaires – jusqu’à l’alani (Melicope balloui), qui n’existe plus qu’à Hawaii et qui n’a plus été vu à l’état sauvage récemment.

Causes

L’agriculture, le déforestation et l’élevage sont les plus grandes menaces qui pèsent sur les arbres, tandis que le changement climatique et les conditions atmosphériques extrêmes constituent de nouveaux dangers émergents.

• Les principales menaces pour les arbres sont la perte de superficie induite par l’agriculture et l’élevage (pâtures), qui fait souvent suite à une croissance de la population, entraînant à son tour une surexploitation par déforestation et culture intensive. Le rapport indique qu’un arbre sur 3 actuellement abattu est menacé d’extinction.

À Bornéo, l’extension des plantations d’huile de palme constitue une menace majeure pour les différentes variétés de méranti, un des groupes d’arbres les plus menacés sur notre planète. Le chêne et le hêtre austral (Nothofagus) sont également mis en péril par la déforestation en Amérique centrale (Mexique) et latine (Chili et Argentine). Les pays comptant le plus grand nombre d’espèces de chênes menacées sont le Mexique (32 espèces), la Chine (36), le Vietnam (20) et les États-Unis (16).

À Madagascar, l’exploitation du bois d’ébène et de palissandre entraîne une perte massive d’habitat sur l’île entière. On peut en dire autant de l’acajou et du palissandre dans les Caraïbes et au Brésil. D’autres importants groupes d’arbres menacés sont notamment le magnolia et le camélia, qui sont actuellement menacés par l’exploitation non durable de plantes sauvages à des fins commerciales, tandis que des maladies et fléaux entraînent un grave recul des populations de frêne au Royaume-Uni et aux États-Unis.

• Le changement climatique et les conditions atmosphériques extrêmes constituent de nouvelles menaces pour les arbres dans le monde entier. À mesure que la température et le climat changent dans le monde, de nombreux arbres courent le risque de voir leurs zones d’habitat adapté disparaître. Cette menace touche des espèces présentes dans les zones à la fois tempérées et tropicales, et en particulier des arbres de la forêt de nuage d’Amérique centrale.

Au moins 180 espèces sont directement menacées par l’élévation du niveau de la mer et les conditions climatiques extrêmes. Cette menace concerne en particulier les essences insulaires, dont les magnolias des Caraïbes.

L’augmentation du nombre d’incendies constitue un autre risque important pour les arbres à Madagascar, mais aussi pour les différents types de chênes américains ainsi que pour le frêne austral (Nothofagus) en Australie et en Amérique du Sud. À l’échelle de la planète, le risque d’incendie de forêts est encore augmenté par la transformation du paysage au profit de l’agriculture, qui se combine avec une augmentation des températures.

UNE ESPÈCE D’ARBRE SUR TROIS EST MENACÉE D’EXTINCTION
UNE ESPÈCE D’ARBRE SUR TROIS EST MENACÉE D’EXTINCTION

Conséquences

Les arbres constituent l’épine dorsale de tout notre écosystème. Ils stockent 50% du carbone sur terre et forment un tampon contre les intempéries extrêmes, comme les ouragans et les tsunamis.

De nombreuses espèces menacées hébergent et nourrissent également des millions d’espèces d’oiseaux, mammifères, amphibies, insectes et microorganismes. La disparition d’une seule espèce d’arbre peut ainsi entraîner un effet de domino et la perte de nombreuses autres sortes. Pourtant, la faune retient souvent plus l’attention générale, car elle doit être protégée de toute urgence. Alors qu’un tiers des espèces d’arbres est menacé de disparition, le rapport « State of the World’s Trees » espère aujourd’hui attirer l’attention du grand public sur les arbres, qui courent tout autant de risques et qui nécessitent la prise de mesures vigoureuses sous peine de disparaître.

UNE ESPÈCE D’ARBRE SUR TROIS EST MENACÉE D’EXTINCTION
UNE ESPÈCE D’ARBRE SUR TROIS EST MENACÉE D’EXTINCTION

De l’espoir pour l’avenir

Le rapport se veut toutefois optimiste pour l’avenir, puisque les efforts de préservation sous la houlette de la communauté botanique se multiplient dans le monde entier. Identifier les arbres en danger et les protéger est la meilleure façon d’éviter leur extinction et de revigorer les espèces menacées. Le rapport indique qu’on retrouve au moins 64% de toutes les espèces dans au moins une zone naturelle protégée, et environ 30% dans les jardins botaniques, banques de semences et autres collections ex situ, mais souligne que d’autres mesures sont nécessaires.

En publiant cet état des arbres dans le monde, BGCI espère sensibiliser et faire agir les décideurs et spécialistes de la protection de l’environnement dans le monde entier. Pour cela, BGCI lance aujourd’hui un nouveau Global Tree Portal, une base de données en ligne qui tient à jour les efforts accomplis au niveau de chaque espèce, de chaque pays et du monde entier.

Cinq recommandations pour protéger les espèces menacées

  1. Agrandir le nombre de zones protégées pour les espaces menacées qui ne sont pas bien représentées actuellement dans les zones protégées existantes ;
  2. Veiller à conserver le mieux possible les espèces menacées dans des jardins botaniques et banques de semences ;
  3. Augmenter les financements publics et privés pour protéger les espèces d’arbres menacées ;
  4. Étendre les programmes de plantation d’arbres et assurer une plantation ciblée des espèces menacées et indigènes ;
  5. Renforcer la collaboration mondiale pour lutter contre l’extinction des arbres en participant à des initiatives internationales comme les « Global Conservation Consortia ».

Vous pouvez lire l’ensemble du rapport sur: