© design UNStudio, conception Plomp

Un espace public vivable, vert et respectueux de la nature… À qui income cette responsabilité ?

Qui est propriétaire de l’espace public ? Qui paie pour son aménagement et sa préservation ? Si nous l’utilisons tous, ne devrions-nous pas faire un effort commun en tant qu’entreprises et ne pas nous tourner uniquement vers la commune ou la ville ? Six entreprises d’Amsterdam ont décidé de créer une fondation, The Green Mile, et de s’associer à la ville d’Amsterdam pour créer avec elle des espaces publics vivables.

L’espace public est un lieu que tout le monde utilise et dont la réputation fluctue encore assez. On l’aime. On le déteste. On l’adopte. On l’utilise tous les jours… Quoi qu’il en soit, il ne laisse jamais indifférent. Traditionnellement, l’espace public relève avant tout de la responsabilité des autorités, mais cela a-t-il encore un sens aujourd’hui ? En tant qu’entreprises, ne devrions-nous pas tous nous sentir plus responsables ? Il existe de nombreuses initiatives citoyennes dans les villes, mais qu’en est-il des entreprises ? S’unissent-elles aussi pour rendre l’environnement plus vert ? Le problème est souvent l’argent. Qui paie la facture pour l’espace public ? Mais si rien n’est fait, qui souffre alors ? La nature, bien sûr !

En tant qu’entreprises, nous sommes aussi des habitants de la ville et nous bénéficions tous d’un bel espace public vivable et vert. Après tout, un bel endroit où il fait bon vivre contribue à la santé des employés, des résidents et de la nature, procure un sentiment de bien-être et de bonheur et favorise la biodiversité. La fondation, Stichting The Green Mile, une initiative regroupant UNStudio, Heineken, Blendingbricks, Rijksmuseum, Hogeschool van Amsterdam et DNB, a décidé d’agir. Ensemble, les membres se sont engagés à faire de la rue la plus polluée d’Amsterdam, la Stadhouderskade, un lieu vivable pour tout ce qui vit.

C’est précisément en cherchant des solutions ensemble que l’on peut avoir un impact durable, je pense. Il est urgent d’explorer et de renouveler cette coopération entre le public et le privé. Si nous continuons tous à nous regarder ou à nous montrer du doigt, rien ne se passera. Nous observons cela aussi avec tous les déchets sauvages dans les villes. « Ce n’est pas à moi, donc je laisse ça là ! » En finalité, il n’y a qu’une seule partie qui en fait les frais : la nature ! Or, elle ne peut et ne doit pas souffrir de cette situation. En tant que co-initiatrice et fondatrice de The Green Mile et propriétaire de Blendingbricks, je crois en la nécessité de penser différemment, d’oser faire ce tout nouveau pas, de former des combinaisons inconnues et d’agir réellement moi-même.

Alors, comment rendre l’espace public vivable et comment répartir les tâches ? En tant qu’entreprise, où avez-vous un impact et où n’en avez-vous pas ? Comment éviter de marcher sur les plates-bandes de la ville et comment agir de concert avec elle ? En tant que fondation, nous avons spécifiquement choisi de former une « ambition », sans établir de plan pour définir l’image de la ville. Nous n’avons pas commencé à faire des croquis et nous n’avons pas présenté de plan directeur aux autorités. Nous nous sommes basés uniquement sur nos rêves, nos ambitions et nos souhaits pour une Stadhouderskade vivable à Amsterdam, un endroit destiné à chaque habitant et où chacun trouve sa place, y compris les animaux, les plantes et tout ce qui vit.

UN ESPACE PUBLIC VIVABLE, VERT ET RESPECTUEUX DE LA NATURE… À QUI INCOMBE CETTE RESPONSABILITÉ ?
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En organisant quelques ateliers entre entreprises, en écoutant les valeurs des uns et des autres, en les écrivant, vous créez un sentiment d’appartenance et le besoin de travailler ensemble. Et c’est exactement ce dont nous avons besoin : l’appropriation et le sens des responsabilités. Il n’y a que de cette façon que nous pourrons épouser un espace et stimuler le désir de réaliser le changement. Lorsque nous avons fait part de notre ambition à la ville d’Amsterdam, celle-ci nous a accueilli à bras ouverts. Après tout, c’est ce qui nous lie et c’est aussi ce qui lie les habitants. Nous voulons tous un espace public durable et vivable.

En attendant, nous cherchons comment réaliser notre ambition dans trois domaines : par des interventions physiques, par la programmation (événements) et dans la ligne politique. Comment ? En soutenant et renforçant

  • la nature et la biodiversité,
  • le suivi et la sensibilisation,
  • le sentiment d’appartenance et le partage des connaissances.

En tant que fondation, nous participerons, entre autres, à la fête de la Tulipe en avril 2023. Cent bacs répartis sur l’ensemble de la Stadhouderskade (du Rijksmuseum jusquà la Hogeschool van Amsterdam), garnis de tulipes Green Mile (eh oui, elles existent vraiment ; merci à KAVB pour l’information !), coloreront la rue, créant une prise de conscience du rôle que la nature joue et peut jouer, reliant le quartier et faisant une déclaration.

Nous examinons également avec les habitants du quartier si nous pouvons envisager de végétaliser collectivement les façades ou les toits et nous essayons de coopérer avec les parties qui s’inscrivent dans cette démarche, comme De Bloeimeesters.

Mais nous nous intéressons aussi, par exemple, à la vie sur et sous l’eau dans le canal. Que pouvons-nous faire pour l’eau en tant que partie prenante, ainsi que pour les plantes, les animaux et les insectes qui y vivent ? Grâce aux jardins d’eau et à la création d’un biotope sous ceux-ci, pouvons-nous améliorer la qualité ? Nous essayons d’utiliser nos idées qui mènent à des projets (temporaires) pour créer un laboratoire de terrain vivant et étudier les résultats. Si cela fonctionne, nous verrons avec la ville si nous pouvons en faire quelque chose de permanent et peut-être applicable ailleurs.

Ensemble, nous sommes plus forts. Et nous le constatons, car les entreprises (et les résidents) se manifestent pour s’impliquer. Et il ne s’agit pas seulement
des entreprises implantées ici, mais aussi de celles qui se sentent appelées à contribuer à cette ambition. Mais qui paie pour tout cela ? Pourquoi compliquer les choses ? En tant qu’entreprises, nous contribuons (financièrement ou en nature). En tant qu’autorité publique, la ville contribue sous forme de subventions que nous pouvons demander. Nous nous engageons donc conjointement en faveur de l’espace public, de la nature et d’une ville vivable. Ce partenariat public-privé est solidement ancré.

Nous vous avons donné des idées ? Vous aussi, comme d’autres entreprises, vous voulez avoir un impact sur l’espace public et profiter d’un échange d’idées superintéressant ? N’hésitez pas à prendre contact avec moi ou à lancer une initiative similaire depuis votre entreprise dans votre ville ou votre village. Plus il y aura de Green Miles, plus nous serons forts !

www.blendingbricks.com


Texte : Ruth van Dijken, directrice de la Fondation The Green Mile et fondatrice de Blendingbricks.