Triennale de Bruges / Liquid City

Classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, Bruges (Belgique) n’existe pourtant pas que par son passé ! Preuve en est, la nouvelle édition de sa Triennale, ressuscitée – puisque le projet datant des années 1960 avait été avorté en 1974 –, qui présente un grand nombre d’œuvres d’art contemporaines plus spectaculaires les unes que les autres répondant toutes au thème énigmatique de « Liquid City ».

Il s’agit d’un détournement du concept de « société liquide » pensé par le sociologue et philosophe Zygmunt Bauman dans les années 2000, qui fait référence à la fluctuation et au mouvement perpétuel de la société moderne. Un clin d’œil que la Venise du Nord s’approprie et mêle à l’omniprésence de l’eau qui la caractérise. Une matière première propice à la réflexion et qui a guidé les travaux des artistes et architectes invités à y exposer jusqu’à mi-septembre.

Quelles soient subaquatiques ou en surface, les interventions in situ oscillent entre propositions architecturales concrètes, qui se veulent solidaires et écologiques, et ouvrages temporaires ayant pour but premier d’égailler la ville et d’intéresser les visiteurs à la construction, tout en donnant un nouveau souffle à l’une des capitales patrimoniales européennes.

L’occasion notamment de découvrir l’Acheron I de Renato Nicolodi, une structure en bois recouverte de ciment, flottant littéralement sur l’un des deux canaux. Une représentation de l’entrée des enfers, royaume d’Hadès dans la mythologie grecque, qui doit son nom à une rivière du nord-est de la Grèce dont le nom signifie « rivière de la tristesse ». Une réalisation conceptuelle aussi fascinante par la prouesse technique dont elle fait preuve que par son sens fantasque.

Plus gai, le pavillon Selgascano imaginé par l’agence espagnole éponyme : une structure organique aux parois translucides rouges projetant des rais de lumière colorées sur le cours d’eau où elle prend partiellement place. L’occasion de méditer les pieds dans l’eau, tout en voyant la vie en rose.

Mais un événement d’une telle envergure est également une tribune, une opportunité de dénoncer les travers de la société, de partager son opinion avec le plus grand nombre. Une notion bien intégrée par les New Yorkais de Studiokca qui transforment un bassin du centre-ville, proche de la statue de Jan Van Eyck, en petit bout d’océan où émerge une baleine bleue d’une douzaine de mètres de haut. À défaut d’avoir pu placer un réel cétacé en plein cœur de la Belgique, pas moins de 5 tonnes de déchets plastiques tirés de la Grand Bleu ont permis de reconstituer le mammifère surgissant des flots. Une sculpture impressionnante et engagée qui, espérons-le, sensibilisera un peu plus les esprits sur la pollution des océans.

Une manifestation qui permet non seulement de découvrir les œuvres de Wesley Meuris, John Powers ou encore Monir Shahroudy mais surtout d’observer Bruges sous un nouvel angle, celui d’une ville contemporaine et ancrée dans l’actualité.

Une triennale vivante et passionnante qui promet de réchauffer l’été de la capitale de Flandre-Occidentale.

Pour en savoir plus, visitez le site de la Triennale de Bruges