Roubaix / La renaissance du Parc de Barbieux

Le Parc de Barbieux, ou encore « Le Beau Jardin », situé en plein coeur de Roubaix, est avec ses 34 hectares reconnu comme le plus grand parc urbain au nord de Paris et l’un des plus grands de France. Dès sa création au 19éme siècle il a gardé tout son charme mais nécessitait après tant d’années une réhabilitation d’envergure.

Classé jardin remarquable en 2010 le parc Barbieux à Roubaix fait plus que jamais la fierté des Roubaisiens.  Pas étonnant on y rencontre plus d’une soixantaine d’essences d’arbres différentes dont de nombreuses espèces rares dans un cadre exceptionnel.

Jardin public à la Française

Le parc a une histoire encrée dans la culture industrielle de Roubaix : il doit sa forme oblongue s’étirant sur 1,5 kilomètres à un projet de canal souterrain destiné à relier le canal de la Deûle à l’Escaut pour les besoins de l’industrie en pleine expansion. Ce projet doit être avorté en 1831 pour des raisons techniques. La municipalité décide en 1863 de faire un jardin public sur l’emprise en friche envahie par la remontée des eaux. Elle fait appel au paysagiste Barillet-Deschamps, très en vogue sous le Second Empire. Mais le projet tarde dans sa réalisation et est repris en 1878 par Georges Haumont, paysagiste de la bourgeoisie industrielle. La partie située au-delà du kiosque à musique a été réalisée en 1905 et 1906, d’après le projet de Monsieur Aumont, architecte paysagiste de Paris. Et c’est en 1908 que les six cascades superposées en rocaille ont été disposées sur le cours d’eau qui traverse la deuxième partie du parc.
Archétype du jardin public à la Française, rivières, étangs et cascades se succèdent dans l’ancien lit du canal alors que les pentes sont aménagées en grottes, rocailles et plantations variées d’arbres de fleurs et de pelouses.

Avec plus de 60 espèces végétales recensées, dont la plupart sont centenaires, il constitue un véritable arboretum. Les essences présentes dans le jardin ne sont pas forcément rares, mais le port libre, et l’architecture des arbres du parc font d’eux des végétaux remarquables. C’est aussi une aire de refuge pour l’avifaune. La présence de zones refuges telles que les îles au milieu des pièces d’eau sont de véritables paradis pour les espèces nicheuses.

Rénovation

Conçu pour les loisirs, les allées, les vastes pelouses et le plan d’eau sont largement exploités pour les animations récréatives ce qui a pour conséquence d’alourdir un bilan écologique déjà très pauvre. Des travaux de réhabilitation ont démarré en décembre 2014 et s’étaleront selon 3 phases jusqu’en décembre 2018. Redonner ses lettres de noblesse à ce parc tout en renforçant son caractère naturel et écologique telle est la mission de l’équipe du Cabinet d’ingénierie et de paysagisme roubaisien OSMOSE.

Véritable poumon vert de la ville de Roubaix le parc Barbieux représente selon son directeur François Rousseau, un potentiel écologique insuffisamment exploité. Pour y remédier, la biodiversité et la protection de l’environnement sont à present mieux pris en compte. Les travaux de restauration doivent à la fois développer la diversité de sa faune et de sa flore, restaurer les points de vue sur la nature et redonner à l’environnement sa pleine expression. Des écosystèmes terrestres et aquatiques sont créés en végétalisant les berges des plans d’eau.

L’eau, fil conducteur

Elle est présente sous toutes les formes : elle jaillit au niveau de la grotte, s’écoule dans la rivière artificielle, stagne dans le grand bassin, rejaillit à nouveau en un haut jet d’eau. Seul inconvénient et non des moindres, ce n’était pas une source naturelle qui alimentait les 24.000 m² de plans d’eau mais le réseau de la ville. Il était donc primordial de mettre en place un circuit fermé et de réduire la consommation par une bonne étanchéité des étangs. Les étangs sont actuellement curés. Les boues de récupération sont déshydratées et traitées avec de la chaux pour assurer l’étanchéité des fonds des pièces d’eau. Idem pour les bords de berges qui sont renforcées à la chaux avant d’être végétalisés. L’intervention sera complétée par la mise en place d’un tunnage bois subaquatique et la plantation de plantes hélophytes (Iris, joncs etc…). Deux circuits hydrauliques équipés de vannes électroniques ont été mis en place pour économiser l’eau. L’eau de pluie des allées est à présent récupérée et filtrée avant d’être réutilisée. Grâce aux travaux 80% de la facture d’eau devrait être économisée.

Les circulations et les accessoires du décor

Un autre objectif des travaux est de réduire drastiquement la présence des voitures dans le parc.  Pour un confort optimal de promenade une rénovation complète des revêtements de sol des allées et placettes s’accompagne d’un nouveau type de bordure (copie conforme à celle datant de la création du parc) et de l’installation de nouveau mobilier urbain (bancs, corbeilles, etc…).  Une certaine sobriété au niveau des formes et de la couleur a été recherchée pour une meilleure intégration dans ce site chargé d’histoire.

La création d’une nouvelle plaine de jeux, d’une aire de stationnement paysagère et d’un théâtre de verdure propice aux animations font également partie du projet de rénovation.

Photos: C. Colpaert