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Quand le vert s’allie au bleu !

Si je vous demandais de me dire en quelques mots à quoi a ressemblé votre année 2020, je suis convaincu que, comme la majorité des personnes, vous me répondriez : COVID-19, éventuellement suivi de quelques rarissimes événements personnels. Mais oublions la COVID-19 pendant quelques instants et intéressons-nous aux autres fléaux.

Car d’autres fléaux, oui, il y en a eu ! Avec le premier numéro de CG Concept Xtra de 2021, nous nous intéressons au problème de l’« infiltration » et ce n’est pas pour rien que nous abordons ce thème. En effet, sous le tsunami des communications concernant la COVID-19, nous finirions presque par oublier les autres problèmes qui touchent notre société.

Les initiatives bleu-vert en vitesse de croisière

En tant qu’association professionnelle spécialisée dans le paysage et les espaces verts, nous gérons au quotidien le domaine public dans une perspective écologique. Et que constatons-nous ? Que nous sommes de plus en plus confrontés à la sécheresse, aux fortes pluies, etc. ! En tant que paysagistes, jardiniers, gestionnaires d’espaces publics ou autres, il est de notre devoir d’en tenir compte. Il n’est quasiment plus possibled’aménager des espaces verts et publics sans penser à l’alliance entre le vert et le bleu.

En 2020, de nombreuses initiatives ont vu le jour ou ont atteint leur vitesse de croisière. Parmi celles-ci, citons :

  • le superbe site web blauwgroenvlaanderen.be : une plateforme destinée à informer les professionnels de l’aménagement des espaces publics en Flandre sur l’adaptation au climat et sur la façon de rendre l’environnement respectueux de la nature tout en leur donnant des idées,
  • les initiatives « Operatie Perforatie » ou « Vlaanderen breekt uit », organisées par le ministère de l’Environnement,
  • les actions en faveur de la réutilisation des eaux de drainage,
  • les subventions pour les jardins pilotes dans le domaine de la débétonisation et de la verdurisation,
  • le projet de développement rural « Waterefficiëntie » de PCS, Regionaal Landschap, Velt et VVOG,
  • entre autres.

Le rapport sur l’aménagement du territoire de 2018 est clair

Le rapport montre que 14,2 % de la Flandre est couverte d’un revêtement dur. Il s’agit d’un chiffre élevé. La moyenne européenne n’est que de 7,2 %, soit la moitié. Les « surfaces couvertes d’un revêtement dur » englobent, entre autres, la voirie, les entrées, les terrasses et le bâti immobilier. Le problème est qu’une surface couverte d’un revêtement dur n’est généralement pas perméable de sorte que l’eau de pluie ne peut pas s’infiltrer dans le sol, ce qui entraîne un apauvrissement de la nappe phréatique.

Ce pourcentage élevé de couverture par un revêtement dur, en Flandre est dû à la densité d’habitat sur un espace relativement petit, caractérisé par des habitations qui ne sont pas forcément collées. Si les villes ne sont pas densément peuplées, les zones rurales ne sont, pour leur part, pas non plus désertées.

Cette « bétonisation » des surfaces a pour conséquence que le nombre d’inondations est en forte augmentation depuis les années 1970 et a été multiplié par cinq en moyenne en Europe occidentale.

Pourquoi l’infiltration ?

L’infiltration consiste à laisser l’eau de pluie retourner dans le sol. Or, la surface de couverture imperméable est si élevée en Flandre que l’eau de pluie a de moins en moins la possibilité de s’infiltrer.

Cette infiltration moins efficace a de nombreuses conséquences, notamment une baisse du niveau des eaux souterraines, une diminution du niveau des rivières lors d’étés secs et des inondations lors de pluies intenses avec tous les effets collatéraux sur l’agriculture, l’horticulture, la nature, l’industrie et l’approvisionnement en eau potable.

Cette infiltration moins efficace a de nombreuses conséquences, notamment une baisse du niveau des eaux souterraines, une diminution du niveau des rivières lors d’étés secs et des inondations lors de pluies intenses avec tous les effets collatéraux sur l’agriculture, l’horticulture, la nature, l’industrie et l’approvisionnement en eau potable.

Faire de la place pour l’eau

Le réflexe actuellement est encore trop orienté vers le « drainage » et l’« augmentation de la capacité du réseau d’égouttage ». Or, toute l’eau évacuée par drainage est de l’eau perdue. Au lieu de drainer, nous devrions chercher des moyens de stocker l’eau au maximum, de l’utiliser et de la laisser s’infiltrer et s’écouler lentement dans le sous-sol.

Dès la phase de conception, il faut laisser de la place à l’eau et exploiter au maximum toutes les possibilités de stockage de l’eau et d’infiltration tant en surface qu’en profondeur. L’évacuation dans les égouts doit être minimisée.

L’infiltration d’eau peut se faire de plusieurs façons :

Infiltration en surface

  • Wadi : noue infiltrante à enrochement linéaire
  • Cuvette d’infiltration
  • Revêtement drainant
  • Toiture végétalisée
  • Étang ou piscine
  • Débétonisation : suppression du revêtement dur superflu
  • Façades végétalisées
  • Bandes filtrantes urbaines ou « bioswales »
  • Bassin tampon

Infiltration souterraine

  • Caisses d’infiltration
  • Égout d’infiltration
  • Fondations perméables (sous un revêtement fermé)
  • Puits d’infiltration vertical

Pour de plus amples informations techniques, je vous conseille de consulter le site web de Vlario https://www.vlario.be/infiltratiesystemen/. Vous y trouverez des directives techniques sur l’infiltration souterraine et en surface, le mélange de possibilités d’infiltration et des fiches sur les divers systèmes d’infiltration et de rétention temporaire.

Le bon fonctionnement des installations d’infiltration est très important pour pouvoir atteindre les objectifs de « gestion intégrée de l’eau » et de « prévention des inondations » : stockage, infiltration et drainage différé. En effet, si l’infiltration est inefficace, la capacité de stockage l’est généralement aussi. L’eau reste dans les installations d’infiltration, entraînant un recours (trop fréquent) aux rejets d’urgence dans les canaux ou les égouts, ce qui nuit à la rentabilité des investissements dans l’infiltration et l’évacuation différée des eaux de pluie et donc à la réalisation des objectifs.

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Texte : VVOG