Place à la pelouse dans les espaces verts publics

L’utilité des pelouses et prairies dans l’espace public est sous-estimée, explique Jan Krijnen de Limagrain dans le magazine spécialisé néerlandais “Stad+Groen’. Avant tout soucieux d’économies, les décideurs les considèrent trop souvent comme une source de coûts, et ne leur donnent pas l’attention qu’elles mériteraient. N’est-il pourtant pas temps de revaloriser leur utilité dans l’espace public ?

Jan Krijnen explique que « peu d’éléments d’aménagement ont un rôle aussi déterminant dans l’apparence des espaces verts que l’herbe. Les gazons augmentent la superficie de notre environnement de vie. Ils exercent un fort pouvoir d’attraction sur les gens (et les animaux), invitent à la récréation et à la pratique du sport, offrent un peu de fraîcheur en cas de canicule et permettent aux eaux pluviales de s’infiltrer. Rien n’est aussi facilement accessible, durable et bénéfique au bien-être de tous qu’une pelouse.

Et pourtant… Au lieu de prendre soin de nos surfaces gazonnées, nous préférons souvent investir dans des aires de jeu innovantes, des urban sport playgrounds, des appareils de fitness extérieurs ou du mobilier urbain tendance. En ignorant tout simplement le fait que les pelouses urbaines et prairies de jeu sont facilement accessibles à tous, jeunes et moins jeunes. »

L’herbe se prête à toutes les formes de gestion

Grâce à une offre étendue et moderne de compositions de semences et de coatings innovants, les conditions de croissance et/ ou la gestion des pelouses ne doivent désormais plus être considérées comme des facteurs restrictifs, assure Krijnen. « Il existe des mélanges parfaitement capables de résister à des printemps secs et à des étés chauds, faciles à entretenir grâce à une fréquence de tonte raisonnable et/ou qui favorisent la biodiversité. Ainsi que semences qui forment un tapis gazonné vraiment dense, ce qui limite au maximum la quantité d’adventices ».

Enfin, il y a aussi des mélanges de gazon extensifs combinés à des fleurs de champs qui ne nécessitent que quelques tontes par an. Une nouveauté assez récente est la « pelouse brute » : cela consiste à laisser une partie de la pelouse fleurir, sans même la tondre l’hiver. Cette solution stimule la vie des insectes et des oiseaux et contribue à la biodiversité.

« Le premier message à faire passer aux concepteurs, réalisateurs et architectes est dès lors de laisser de la place aux gazons et pâtures, de les considérer comme un investissement durable pour des villes et des villages plus agréables à vivre, » conclut Krijnen.

CG CONCEPT: Magazine voor de groenprofessional : Geef gras de ruimte in het openbaar groen

Des zones récréatives qui s’adaptent au nouveau climat

Avec des entreprises spécialisées en semences de gazon et le secteur des sports, Wageningen University & Research étudie actuellement le comportement des pelouses récréatives face à des défis comme le changement climatique et la perte de biodiversité. Dans le cadre de ce programme de recherche, le terme de « pelouse » englobe les terrains de sport, terrains de golf, terrains récréatifs, parcs, gazons, accotements, digues, talus et terrains naturels.

✓ Face à un risque de sécheresse accru et à l’augmentation des températures , la qualité et la préservation des fonctions des pelouses, comme les terrains de sport, de jeu et de récréation est plus importante que jamais. L’étude examine la tolérance à la sécheresse de différents types d’herbe et autres plantes. Des méthodes de mesure sont également mises au point et utilisées pour déterminer de façon simple la profondeur et la densité d’enracinement.

✓ D’autre part, l’étude examine la capacité de rétention d’eau de différentes pelouses par rapport à d’autres types de terrain. Le risque de pluies diluviennes – et les inondations qui en sont le corollaire – augmente en effet continuellement. Les pelouses peuvent constituer une réponse au problème de stockage de l’eau en zone urbaine, tant dans le profil du sol de la pelouse proprement dite que sous la forme de pelouses surbaissées pouvant faire office de bassin d’orage temporaire.

✓ L’étude se penche également sur l’effet rafraîchissant de différents types d’herbe et de différentes méthodes de gestion en comparaison à d’autres terrains. Par rapport aux revêtements en dur (pierre, asphalte et béton, mais aussi gazon artificiel), l’herbe offre un effet rafraichissant indéniable, notamment grâce à l’évaporation de l’humidité. On connaît déjà bien l’utilité des arbres dans l’abaissement des températures. Mais l’effet des pelouses (terrains de sport et parcs) sur la réduction de la température en ville n’a encore guère été étudié.

✓ L’étude examine aussi comment les semences et la gestion des pelouses urbaines conservant leur fonction récréative pourraient renforcer la biodiversité.

✓ Les pelouses fixent en effet des substances organiques et donc du CO2. L’étude examine les différences en matière de fixation de carbone entre différents types et mélanges, en établissant une distinction entre divers types de pelouses. La relation entre fonction et gestion est incluse dans l’étude, car il faut tenir compte des substances organiques situées à la fois sous la surface (sol et racines) et en surface (tonte).

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