Pier Oosterkamp (ECOstyle) sur le pouvoir d’un sol sain
Pier Oosterkamp est directeur technique d’ECOstyle, une entreprise spécialisée dans les remèdes naturels pour l’entretien des jardins depuis 1967. Nous nous sommes entretenus avec Pier en marge de l’événement Meesters in de Tuin, où il a donné une conférence sur l’importance de la biodiversité du sol.
L’approche naturelle
Oosterkamp part d’une base importante : « La technique avec laquelle nous travaillons est la nature ». Depuis la création de son entreprise, l’équipe travaille exclusivement avec des produits phytosanitaires et des engrais naturels. Cette approche a donné lieu à des recherches approfondies sur la microbiologie et son rôle dans la santé du sol. Au lieu de s’appuyer sur des produits chimiques, l’entreprise s’efforce de soutenir et d’améliorer les processus naturels. « Un sol sain est un sol qui fonctionne de manière autonome », explique M. Oosterkamp. « Les sols autosuffisants sont capables de se développer et de se maintenir au fil du temps.
« Un sol sain est un sol qui fonctionne de manière autonome.
Recherche sur la santé des sols
Un récent projet de recherche mené avec 50 agriculteurs aux Pays-Bas a donné des résultats intéressants. M. Oosterkamp et son équipe ont examiné les bons et les mauvais sols au niveau microbiologique, ainsi que les éléments constitutifs des plantes qui y poussent, tels que les acides aminés, les acides gras et les sucres. Une découverte frappante a été que les acides gras des plantes semblent être influencés par la microbiologie du sol. « Nous avons constaté une corrélation évidente entre certains champignons et la production d’acides gras polyinsaturés, qui sont essentiels à la santé des plantes », précise M. Oosterkamp. Cette recherche souligne donc l’importance d’un sol diversifié et sain pour le développement de cultures robustes.

Microbiologie et santé des sols
Une partie importante du travail de Pier Oosterkamp et de son équipe se concentre sur le développement de produits microbiologiques, tels que les protozoaires. Ces produits contribuent à améliorer la biodiversité du sol et permettent aux plantes de pousser en meilleure santé. « Nous travaillons au développement de protozoaires depuis 2014 », explique M. Pier. « Il s’agit d’un processus d’essais et d’erreurs, mais l’objectif a toujours été de travailler avec des moyens naturels. » Pour Oosterkamp, il ne fait aucun doute que la protection chimique des cultures n’est pas une solution durable. « Les produits chimiques ont souvent un effet à court terme et finissent par appauvrir le sol », explique-t-il. « En revanche, nos produits soutiennent le système naturel du sol afin qu’il puisse se maintenir à long terme.
« Les produits chimiques ont souvent un effet à court terme et finissent par appauvrir le sol »
Du sol à la nutrition et à la santé
Au cours de sa présentation, M. Oosterkamp a également abordé un nouveau domaine de recherche fascinant : la relation entre la santé du sol, les plantes et la santé humaine. L’une des études, menée en collaboration avec l’université de Leiden, porte sur l’influence de la microbiologie du sol sur la santé intestinale de l’homme par le biais de la nutrition. « Nous savons que des sols sains contribuent à des plantes plus saines, mais il reste à étudier comment ces plantes peuvent améliorer notre propre santé », a déclaré M. Oosterkamp. Si l’idée de manger de la terre peut sembler étrange, il souligne que nous ingérons toujours certains organismes du sol par l’intermédiaire de légumes non stériles. « Lorsque vous arrachez une carotte de votre potager et que vous ne la nettoyez que superficiellement, vous mangez un peu de terre avec elle, contenant la microbiologie du sol, qui est potentiellement bénéfique pour votre santé intestinale », explique-t-il. Cette recherche n’en est qu’à ses débuts, mais les résultats sont prometteurs et pourraient conduire à une nouvelle façon d’envisager la relation entre le sol et la santé.

Le message pour les entrepreneurs de jardin et les professionnels de l’environnement
Que peuvent apprendre les entrepreneurs de jardin et les professionnels de l’environnement de ces découvertes ? M. Oosterkamp insiste sur le fait qu’il n’est pas judicieux à long terme de travailler avec des mono-fertilisants. « Bien que les engrais artificiels aient contribué à la production alimentaire au cours des dernières décennies, nous constatons aujourd’hui qu’ils conduisent à des sols malsains et à des cultures moins nutritives », explique-t-il. L’utilisation exclusive d’engrais, sans tenir compte de la microbiologie du sol, conduit à des cultures qui ne peuvent pas se nourrir correctement et qui sont moins résistantes aux maladies et aux parasites.
« Bien que les engrais aient contribué à la production alimentaire au cours des dernières décennies, nous constatons aujourd’hui qu’ils conduisent à des sols malsains et à des cultures moins nutritives. »
Il affirme que les entrepreneurs de jardin peuvent mieux servir leurs clients en optant pour des engrais naturels et des conditionneurs de sol microbiologiques. Ces produits favorisent la vie saine du sol, ce qui permet d’obtenir des plantes plus robustes et moins dépendantes des intrants chimiques. « La microbiologie du sol est essentielle à la santé des plantes et, en fin de compte, à la santé des aliments », ajoute M. Oosterkamp.
Le rôle des professionnels de l’environnement dans l’amélioration de la biodiversité
M. Oosterkamp souligne également la responsabilité des professionnels de l’environnement dans la promotion de la biodiversité. « Un écosystème diversifié est un écosystème qui fonctionne bien », affirme-t-il. Il souligne que les engrais et les pesticides chimiques entraînent souvent une modification de l’équilibre du sol, ce qui peut être préjudiciable à la biodiversité. « En choisissant des solutions naturelles, vous favorisez la diversité de la vie du sol, ce qui est bon non seulement pour les plantes, mais aussi pour l’ensemble de l’écosystème. Dans certaines régions du monde, comme la Chine et l’Inde, les agriculteurs ont déjà remplacé les engrais artificiels par des résidus organiques. Il s’agit d’une option non seulement moins coûteuse, mais aussi meilleure pour la santé des sols et des cultures. M. Oosterkamp fait remarquer que l’Europe a beaucoup à apprendre de ces pays en matière d’utilisation durable des sols.

L’avenir de la gestion des sols
M. Oosterkamp a une vision claire de l’avenir de la gestion des sols. Il estime que nous devons abandonner les solutions chimiques au profit de méthodes naturelles qui favorisent la biodiversité des sols. « Les engrais artificiels et la protection chimique des cultures ont eu leur place dans l’histoire, mais nous savons aujourd’hui qu’ils ne sont pas viables à long terme », explique-t-il. « Nous devons apprendre à travailler avec la nature, et non contre elle. Il souligne qu’il ne s’agit pas seulement d’une question de conscience environnementale, mais aussi de santé et d’économie. Des sols sains permettent d’obtenir des plantes et des animaux plus sains, ce qui se traduit en fin de compte par des régimes alimentaires plus sains pour les populations. En outre, les solutions naturelles peuvent être rentables à long terme, car elles réduisent le besoin d’intrants chimiques et rendent les sols résistants aux défis futurs.
Des sols sains se traduisent par des plantes et des animaux plus sains, ce qui se traduit en fin de compte par une alimentation plus saine pour les populations.
Conclusion : la voie vers un avenir durable
Pier Oosterkamp indique clairement que l’avenir de la gestion des sols réside dans les solutions naturelles qui favorisent la biodiversité et la santé des sols. En choisissant des amendements microbiologiques et des engrais naturels, les entrepreneurs de jardin et les professionnels de l’environnement peuvent contribuer à créer des sols sains, résistants à long terme et fournissant des nutriments précieux aux plantes et, en fin de compte, à l’homme.
La nature nous fournit tous les outils dont nous avons besoin pour créer des jardins et des environnements sains et productifs. Il nous suffit d’apprendre à utiliser ces ressources de manière efficace.
« Nous devons nous débarrasser de l’idée que les engrais et les pesticides chimiques sont la seule solution », déclare M. Oosterkamp. « La nature nous fournit toutes les ressources dont nous avons besoin pour créer des jardins et des environnements sains et productifs. Nous devons simplement apprendre à utiliser ces ressources de manière efficace ».
Texte : Manuel Lub
Photos : ECOstyle