Paris / Festival «Jardins du monde en mouvement»

Le jury du concours «Jardins du monde en mouvement», organisé par la Cité internationale universitaire de Paris a sélectionné cinq lauréats parmi 38 projets présentés. Leurs cinq jardins éphémères sont exposés jusqu’au 4 novembre 2018.

Imaginées sur le thème de la nature en ville et prenant en compte les enjeux du développement durable, ces créations éphémères in situ respectent trois conditions :

– dialoguer avec les architectures de la Cité internationale en s’intégrant harmonieusement dans les jardins ;
– valoriser l’identité culturelle de la maison et de la Cité internationale ;
– prendre en compte au moins une dimension du développement durable : matériaux biosourcés, récupération des eaux pluviales, niches écologiques, partage des ressources, comportements écoresponsables.

Du Brésil à l’Inde, en passant par le Japon, l’Asie du Sud-Est et Monaco, cinq jardins du monde dialoguent avec les architectures emblématiques de la Cité internationale universitaire de Paris. Le festival «Jardins du monde en mouvement» permet à la Cité internationale de révéler l’imaginaire foisonnant de ces créateurs aux univers si différents.

Plan(t) libre ? ou les racines de l’espace-temps, par Cendrine Lassalle

@ Cendrine Lasalle

A la Maison du Brésil, le paysage revisite le plan libre de Le Corbusier, l’un des cinq points de l’architecture moderne, pour donner libre cours à une étonnante suspension végétale.

Considérés comme rebuts, les principaux matériaux qui constituent cette intervention se rencontrent pour entamer une seconde vie. Avant d’être réunis, le filet a vogué de chantier en chantier pour assurer la sécurité de couvreurs, tandis que le frêne a veillé sur quelques milliers d’âmes au cimetière Montparnasse. Tous deux s’associent transitoirement pour proposer une nouvelle lecture de cette architecture, elle-même témoin d’une rencontre franco-brésilienne.

Originaire de Bretagne, Cendrine Lassalle est designer et diplômée d’architecture (habilitée à la maîtrise d’oeuvre en son nom propre). Polymorphes, ses recherches plastiques visent à décloisonner les domaines et interroger les liens entre vivants et objets naturels ou construits.

Les sept totems des Logs, par Victor Yvin

Aux abords de la Maison de l’Inde, un peuple minuscule et mystérieux a colonisé le jardin et érigé sept totems dressés en l’honneur des forces silencieuses de la nature.

Les Logs avaient depuis longtemps rompu tous liens avec l’humanité, préférant se tenir tranquillement à l’écart. Ils reviennent aujourd’hui avec la ferme intention de retisser les liens qui existaient jadis entre les êtres et les choses. Ces totems révèlent les énergies en présence, les rendent sensibles.

Victor Yvin est diplômé de l’ENSA Nantes depuis 2017. Tout au long de son parcours, il n’a cessé d’essayer d’élargir son regard d’architecte. Son travail, entre imaginaire et sensation, est interdisciplinaire. Son projet de fin d’études est lauréat d’un appel à projets pour un musée itinérant de l’art rupestre.

 

Le jardin en suspens, par Fab-Land

Dans le jardin de la Maison du Japon, les kokedamas composent avec les cerisiers presque centenaires une mélodie aux tonalités changeantes, modulées par le rythme des saisons.

Ce décor floral puise ses racines dans les techniques végétales traditionnelles. Les kokedamas sont suspendus à des hauteurs différentes en fonction de l’architecture des plantations. Ce cabinet de curiosité est ainsi composé de végétaux de hauteur, taille, et aspect variables, à la silhouette parfois tordue ou capricieuse, privilégiant une esthétique du non conforme. La technique du kokedama consiste à envelopper la motte racinaire d’une plante par un mélange de substrats recouvert de mousse, puis à suspendre l’ensemble par un câble. Le savoir-faire du kokedama se distingue d’autres arts du paysage japonais par sa durabilité et sa facilité de mise en œuvre.

Céline Baumann est designer d’espace et paysagiste DPLG, diplômée de l’ENSAAMA Olivier de Serres en 2006, et de l’ENSP Versailles en 2010. Elle collabore avec les agences de renommée internationale Inside-Outside/Petra Blaisse à Amsterdam et Topotek 1 à Berlin, avant de fonder Fab-Land, studio de paysagisme contemporain, à Bâle en 2017.

Voyage méditerranéen, par LIEUX 10

A la Fondation de Monaco, un banc de poissons nage en lévitation au-dessus de la mer Méditerranée, rappelant que la biodiversité de ce milieu naturel, si chère à la Principauté, est fragile.

La mer Méditerranée est un élément fondateur des paysages monégasques. «Voyage Méditerranéen» est une expérience sensible qui interroge l’impact de l’homme sur son environnement. De grande ampleur, cette œuvre occupe une pelouse située à l’ouest de la Fondation de Monaco, en continuité avec le jardin des résidents. La légèreté de l’œuvre s’oppose au caractère massif de la façade ; les courbes végétales à la régularité et à la minéralité de l’architecture. Ainsi, un dialogue poétique s’établi entre la pierre, le paysage éphémère et le visiteur.

Abel Flosi est originaire de Marseille. Il est paysagiste DPLG depuis 2016. Portant une grande attention au contexte, il se voit autant créateur de forme paysagère que «révélateur» d’environnement. Johanna Bonella est originaire de Cannes et paysagiste DPLG en 2016. Cette année-là, ils créent ensemble à Marseille l’atelier de paysage Lieux 10.

Le virus de sel, par Collectif Atisô / Atelier Patus / LJ-Asia

A la Maison des étudiants de l’Asie du Sud-Est, un virus de sel nous alerte sur la contamination des terres arables du Delta du Mékong par des eaux salines, qui impacte la culture traditionnelle du riz.

Le Vietnam est touché de plein fouet par un phénomène mal connu : l’intrusion d’eau salée dans les terres arables du delta du Mékong. Le sel se propage partout et brûle les champs de riz. Les habitants du plus gros grenier à riz du pays ont du mal à faire face. La cause ? L’affaissement des berges du bas plateau par manque d’alluvions circulant – dû aux barrages et à la disparition des mangroves. Des facteurs qui, couplés à la montée générale des eaux, provoque cette intrusion de sel dans les nappes. Et voilà le delta qui boit la tasse.

Originaire d’Albi, Agnès Balaran crée l’Atelier Patus en 2016 où elle exerce comme paysagiste concepteur. Elodie Bétard est paysagiste DPLG. En 2016, elle s’installe à Ho Chi Minh Ville pour travailler au sein d’une agence de paysage internationale LJ-Asia où elle exerce actuellement le métier de paysagiste concepteur. Elles viennent de fonder le collectif Atisô.