L’histoire hors du commun de Jérôme et Benoît, deux hommes qui préservent l’histoire à l’Abbaye de Villers
Il y a bien longtemps, l’Abbaye de Villers était enfouie sous une végétation dense. Aujourd’hui, les ruines et jardins de ce monument classé sont entretenus par une équipe de six jardiniers, parmi lesquels Jérôme et Benoît. Découvrez ici leur histoire hors du commun, celle des coulisses de l’Abbaye de Villers.
Jérome et Benoît, ouvriers « Parcs et Jardins » à l’abbaye
Depuis la route venant de Genappe, à l’approche du carrefour avec la rue de Chevelipont, les vestiges de l’Abbaye de Villers se dressent, majestueux, devant les yeux ébahis des passants de la région. Fondée au XIIe siècle, l’Abbaye de Villers connaît plusieurs périodes prospères avant sa déchéance à la Révolution française.
Le site est alors vendu comme carrière de matériaux, puis abandonné, subissant les affres du temps, de la pluie et de la végétation qui lui donnent son apparence actuelle. Pour entretenir ce domaine verdoyant, Jérôme et Benoît livrent au quotidien un travail pour le moins… exceptionnel !
UNE PASSION D’ENFANCE
Le jardinage, Jérôme et Benoît ont ça dans le sang. Tout petits déjà, l’un comme l’autre se voyaient travailler au grand air.
Jardinier de formation, Jérôme a toujours travaillé dans les parcs et les jardins. Il est employé à l’Abbaye de Villers depuis trois ans, mais son amour de la végétation remonte à bien plus longtemps. « Le jardinage est une passion qui m’a été transmise par ma mère. Je jardinais souvent avec elle quand j’étais jeune. Au moment de choisir ma voie, je me suis dit que jardinier serait un métier agréable et je me suis lancé. »
L’histoire est quasi identique du côté de Benoît qui, lui, se rêvait d’abord agriculteur. « Petit, je voulais être fermier, mais nous n’avions pas d’exploitation à reprendre dans la famille. Mes parents m’ont alors conseillé les études d’horticulture et c’est là que tout a vraiment commencé pour moi. »
Un site de 3 hectares à entretenir
DES ÉVÉNEMENTS EN NOMBRE
« Le site de l’Abbaye est grand et nous y organisons beaucoup d’events », explique Jérôme. « La plupart du temps, ce sont ces events qui définissent nos priorités au niveau de l’entretien des jardins. Avant un concert par exemple, il faut que la grande plaine soit tondue. Et si une visite guidée est organisée dans un jardin spécifique, nous veillons à ce qu’il soit propre pour le jour J. »
UN TRAVAIL SANS RELÂCHE
Le site de l’Abbaye de Villers compte une petite dizaine de jardins qu’il faut entretenir de façon régulière. Le désherbage doit être effectué toutes les semaines et la tonte des pelouses, toutes les deux semaines selon la saison. Pas de répit non plus en hiver, puisque les semis doivent être effectués dans la serre de production et les 450 rosiers du site taillés avant le printemps.
« À l’Abbaye, nos tâches suivent un système de rotation. On s’occupe d’un jardin, on tourne et le temps d’avoir fini on peut déjà recommencer avec le premier », explique Jérôme, qui est aussi chargé de l’élagage à la tronçonneuse des nombreux arbres de l’Abbaye.
DES JARDINS, MAIS AUSSI DES RUINES
Le site de l’Abbaye de Villers ne se compose évidemment pas que d’espaces verts : ses vestiges en font avant tout l’un des plus grands ensembles archéologiques de Belgique. Un patrimoine qui a su résister à l’épreuve du temps, mais non sans le coup de pouce de travailleurs dévoués.
« Les jardins mettent l’Abbaye en valeur, mais la végétation est aussi un ennemi à combattre. Elle se propage entre les pierres et nous devons préserver les ruines », explique Jérôme. Le jardinier a d’ailleurs suivi une formation de cordiste et quitte souvent la terre ferme pour escalader les murs de l’Abbaye et désherber ce qui doit l’être.
“Grimper à 26 km de haut sur l’Abbatiale et avoir une vue plongeant sur tout le site, c’est une expérience incroyable.”
Un travail pas comme les autres
JARDINER CONTRE LE CANCER
Benoît, lui, n’escalade pas les ruines de l’Abbaye, mais il s’occupe d’un jardin un peu particulier du site. L’Abbaye de Villers compte en effet trois jardins médicinaux, dont le Jardin de la Pharmacie. Ce jardin est exclusivement composé de plantes utiles pour les thérapies contre les cancers, la prévention des maladies cancéreuses et le renforcement de l’immunité des patients.
« La Jardin de la Pharmacie est une plantation que j’ai eu l’occasion de reprendre en main et d’améliorer au fil des ans. L’objectif du jardin est de lutter contre le cancer et d’utiliser les plantes qui y poussent pour fabriquer des remèdes. Quand j’y taille les haies de buis, je me dis que j’ai vraiment la chance de faire un boulot exceptionnel. »
Les conseils de jardiniers passionnés
Avoir des jardins magnifiques sans utiliser de produits chimiques ? C’est possible ! À l’Abbaye de Villers, l’équipe de jardiniers n’utilise aucun herbicide pour lutter contre les mauvaises herbes.
« Mettre des herbicides chimiques partout, ce n’est pas notre style » affirme Jérôme. « Nous n’utilisons aucun produit phytosanitaire et tout le travail de désherbage se fait avec une débroussailleuse ou à la main. » Vous savez donc dans quoi investir… L’huile de coude, il n’y a que ça de vrai ! Faire du bon boulot, c’est avant tout disposer du bon matériel. Comme Jérôme et Benoît.