Les toits verts, une solution pour des rendre les villes vivables
Dans le monde entier, on assiste à deux processus de grande ampleur qui ont un impact majeur sur nos vies : la migration vers la ville et le changement climatique. Une question importante dans cette évolution est de savoir comment faire pour que les villes restent vivables.
Diverses discussions, menées par différents mouvements de lobbying, se concentrent sur la question de savoir à quelle vitesse la terre se réchauffe. La question est donc de savoir si nous aurons des problèmes demain ou aprèsdemain. Car il est désormais clair pour tout le monde que les conséquences du réchauffement climatique sont désastreuses. Nous parlons de décès liés à la chaleur, de zones inhabitables en raison des incendies de forêt, de pénuries alimentaires dues aux pertes de récoltes, d’entraves à la liberté en raison des vagues de chaleur, de dommages causés par les inondations et de maladies respiratoires dues à une qualité de l’air insuffisante.
L’urbanisation agit comme un accélérateur dans ce processus. Chaque semaine, 1,5 million de personnes du monde entier s’installent dans la ville. Près de trois citoyens européens sur quatre vivent actuellement dans une zone urbaine. La Belgique compte en moyenne plus de 370 habitants au kilomètre carré, ce qui en fait l’un des pays les plus urbanisés d’Europe. Les villes créent une dynamique particulière, mais cela a aussi ses conséquences.
Toutes ces personnes dans l’environnement urbain ont besoin de biens de consommation, d’énergie et d’eau. Outre leur image de lieu de vie, les villes animées sont donc aussi des biotopes pour les effets négatifs, tels que la mauvaise qualité de l’air, la pollution de l’eau et du sol, les nuisances sonores et les atteintes à la nature et au paysage.
En d’autres termes, il y a un besoin urgent de plus d’espaces verts en ville. Cela fait longtemps qu’il ne s’agit plus d’une “simple” question d’esthétique, mais d’une question de vie et de mort. À mesure que les villes se développent, les gouvernements, les citoyens et les entreprises sont de plus en plus nombreux à prendre conscience de l’importance de la nature.
Le goulot d’étranglement dans cette histoire est l’espace disponible. Plus le nombre de personnes vivant ensemble par mètre carré est élevé, plus le besoin d’espaces verts est grand, mais moins il y a d’espace pour la verdure au sol. C’est pourquoi la Fédération pour la végétalisation de Façades et des Toits, une coopération entre Embuild et la Fédération belge des Espaces Verts, porte la verdure en ville au sommet.
Les toits verts dans la ville
Ce que nous avons à peine la place de faire sur le sol, nous devons le réaliser sur les toits. Certes, tous les toits ne se prêtent pas à tous les projets écologiques, mais notre cadre de vie a besoin de toute l’aide qu’il peut recevoir. Qu’il s’agisse de verdissement extensif ou intensif, nous devrions accueillir chaque parcelle de nature à bras ouverts. Bien sûr, la question reste de savoir qui doit supporter le coût financier, puisque le bénéficiaire est “tout le monde”. L’investissement initial est souvent cité comme un obstacle. Mais est-ce vraiment justifié ?
Les toits verts ne sont pas seulement très adaptés aux zones urbaines. Par rapport à l’infrastructure grise actuellement courante, ils offrent un excellent rapport qualité-prix, tant au niveau individuel que public. Les avantages individuels d’une toiture verte comprennent la réduction de la consommation d’énergie, un effet de refroidissement en été, l’isolation en hiver, la durabilité de la membrane, l’isolation acoustique et des mètres carrés supplémentaires de surface habitable.
Les avantages publics comprennent la réduction du ruissellement des eaux pluviales, l’amélioration de la qualité de l’air, la réduction de l’effet d’îlot de chaleur urbain et l’augmentation de la biodiversité urbaine (Driscoll et al., 2015 ; Connelly et Hodgson, 2008 ; Rosenzweig et al., 2006 ; Brenneisen, 2006).
Sans parler de l’aspect esthétique des toits et murs verts. L’esthétique est un avantage intangible qui n’est généralement pas pris en compte dans les analyses coûts-avantages. L’argument avancé est que l’esthétique est difficile à exprimer en termes monétaires, l’hypothèse étant que la volonté d’un individu de payer un prix ne s’applique que lorsqu’une valeur monétaire peut lui être attribuée. Il s’agit non seulement d’une hypothèse dépassée, mais aussi d’un non-sens.
Les gens agissent rarement sur la base de paramètres monétairement quantifiables. Combien dépensez-vous chaque jour sans vous demander combien d’euros cela va vous rapporter et dans combien de cas faites-vous le calcul ? Avez-vous fait le calcul lorsque vous avez acheté votre dernier billet de festival, votre soirée entre amis, votre voyage à la côte ou à la montagne ? La réalité est que nous prenons la plupart de nos décisions d’achat sur la base de ce qui nous semble bon.
Mais même si vous décidez de payer la facture de votre prochain toit vert, nous avons de bonnes nouvelles pour vous. Dans un article de Bianchini et Hewage, 2012, l’estimation très prudente d’une augmentation de 5 % et 8 % de la valeur de la propriété lorsqu’une maison dispose d’un toit vert extensif ou intensif, respectivement, était encore faite. Aujourd’hui, ces sousestimations sont dépassées car votre investissement dans les toits verts est accompagné d’autres initiatives telles que des espaces verts récréatifs et des parcs publics. Par exemple, il y a le cas du village de Kidbrooke, situé près de Londres. Les immeubles d’habitation y sont vendus à des prix qui dépassent facilement les 10 000 euros par mètre carré. Leur principal argument de vente : le vert !
Texte : Yves Heirman, Directeur BFG-FBEP