Les Panoramas de 2100 de Luc Schuiten à la Saline royale

Tout y parait art et tout y parait nature. L’alexandrin choisi par Claude Nicolas Ledoux pour exprimer son idéal architectural n’est jamais entrée autant en résonnance avec le thème de la Saline royale à Arc-et-Senans (FR) pour 2018 qui offre cette année son écrin au travail de l’architecte utopiste Luc Schuiten. Jusqu’au 21 octobre 2018.

Ledoux/Schuiten, deux penseurs de l’architecture qui se répondent et qui ont projeté des cités idéales, tantôt minérales ou végétales, lesquelles marquent leur époque tant par leur ambition que par leur ingéniosité.

Trois siècles séparent Claude Nicolas Ledoux, architecte créateur de la Saline royale de Luc Schuiten qui exporte à travers le monde sa vision toute personnelle de ce que seront les plus grandes villes en 2100. Quant au XVIIIe siècle, Claude Nicolas Ledoux s’inspirait de la chute d’une goutte d’eau pour dessiner la ville de Chaux, Luc Schuiten se laisse guider aujourd’hui par la perfection et la beauté de la nature pour proposer ses Cités Végétales.

En 2018, les projections visionnaires de Luc Schuiten se déclinent donc dans l’exposition «Les Panoramas de 2100» et inspirent les jardins du 18e festival.

Les Panoramas de 2100, Luc Schuiten

A quoi ressembleront la planète, nos villes et Arc-et-Senans au siècle prochain ? Répondre à cette question par l’image constitue la tentative présentée à la Saline royale. Le parti pris de la scénographie propose une immersion vers des solutions positives et résolument optimistes.

L’exposition présente l’ensemble de la réflexion de Luc Schuiten et ses solutions alternatives à la dégradation de l’environnement. Le visiteur y découvre ses visions utopiques d’une architecture futuriste : la projection de nos villes à 100 ans, l’imagination de cités végétales idéales, la réalisation de modes de transports urbains écologiques, un parcours sensoriel donnant vie aux cités et aux habitarbres, des activités pour les enfants autour de la nature…

La scénographie privilégie la communication par l’image, les objets et les installations tout en y incluant de petits textes. Le visiteur est ainsi appelé à se positionner sur ses propres désirs, pour son avenir et celui de ses descendants. Pour ce faire, il sera contraint de porter son regard bien au-delà de son pouvoir d’anticipation habituel.

 

Luc Schuiten côté jardin

Le Festival des jardins complète l’exposition Les Panoramas de 2100 par une immersion unique dans l’univers de Luc Schuiten. Une déambulation dans les 10 jardins à la découverte de cités végétales aux formes variées – lotus, vague, prêle – où l’environnement et la nature sont devenus des modèles à suivre et à reproduire. Trois artistes s’associent au parcours du Festival des jardins et proposent tour à tour un dôme habitable du nom de Kerterre – réalisé par Evelyne Adam – respectant le principe d’écoconstruction, un nid en bois flotté érigé par Vanly Tiene ou encore des sculptures conçues par Laurence Louisfert interrogeant avec poésie notre rapport à l’occupation de la planète.

Le premier jardin, Vertigo, propose une immersion dans un univers mêlant la régularité architecturale des tours des villes à la folie organique de la nature. Gagnées par des plantes grimpantes avides de lumière, les tours se parent de couleurs, d’odeurs au son du bruissement des feuilles. Après avoir été spectateur, le visiteur devient acteur.

 

Le jardin des émergents, du nom des plus hauts arbres de la forêt, invitent à parcourir la canopée. Il propose un nouveau regard sur ce monde inconnu et fragile. La chambre verte invite à s’allonger pour contempler une échappée vers le ciel.

Le lotus, symbole ancestral de sagesse et de spiritualité, végétal incroyablement bien adapté à son milieu aquatique est l’élément central du jardin inspiré de la cité lotus de Luc Schuiten.

La cité des vagues quant à elle est sans cesse en mouvement, les arbres formant un bâtiment finiront par dépérir avant d’être remplacés par de plus jeunes sujets qui, à leur tour, formeront un bâtiment. Créant ainsi un mouvement semblable aux dunes et aux vagues.

Le jardin de vasques invite à une déambulation à travers différents biotopes, délimité par les mouvements de sol et décrit par la scénographie végétale.

Bienvenue enfin dans le monde utopique de la société des Habitarbres en contraste avec notre mode de vie très minéral.