©Pépinière Ebben

Le succès grandissant de l’arbre fruitier

« Vous souvenez-vous des arbres auxquels vous grimpiez lorsque vous étiez enfant ou des fruits que vous mangiez ? Personne n’oublie les arbres de son enfance. Vous emportez cette expérience avec vous pour le reste de votre vie. » Toute personne qui y réfléchit un instant ne peut qu’être d’accord. Nous nous entretenons avec Marie-Ange Eneman, conseillère à la pépinière Ebben, sur la tendance à la plantation d’arbres à fruits comestibles.

Nous vivons à une époque où de plus en plus de personnes sont conscientes du changement climatique et veulent faire leur part. De plus, dans notre société hautement urbanisée, où les expériences virtuelles prédominent, le besoin d’expérience réelle de nature est grand. Retour à la nature ! Ce qui a commencé comme une tendance a finalement conduit à un changement culturel. Les parents et les grands-parents veulent inspirer leurs enfants et les sensibiliser à l’importance de notre flore et de notre faune.

Des aliments issus de notre propre sol

« Nous constatons actuellement que les listes d’attente pour les jardins communautaires sont longues dans les environnements urbains, et c’est tout à fait logique », explique Marie-Ange Eneman. « La conscience écologique s’accélère. Les gens veulent du changement et retroussent littéralement leurs manches pour y parvenir. Autrefois, il était tout à fait normal d’aller chercher sa nourriture dans la nature. Les plantes et les fruits faisaient partie de l’alimentation quotidienne. Nous avons perdu cela au cours de l’histoire et nous voulons le retrouver. C’est pourquoi nous attachons désormais beaucoup d’importance aux aliments locaux, de préférence issus de nos propres jardins. Lorsque nous n’avons pas cette possibilité, des jardins de cueillette, des vergers, etc. Même dans les villes où il n’y a pas d’espace pour cela, les gens ont trouvé une solution sous la forme d’un jardin comestible sur le toit. C’est une forme d’achat durable, c’est sain et aussi moins cher qu’au supermarché. En général, nous voyons cette tendance se refléter dans les forêts alimentaires et l’agroforesterie, la production alternative à grande échelle de nourriture. »

La confiture parfaite

Selon Marie-Ange Eneman : « Ceux qui veulent profiter des avantages de leur jardin comme par le passé n’ont qu’à jeter les dalles et commencer. Ce ne sont pas des mathématiques de haute volée. Bien sûr, certaines variétés poussent plus facilement que d’autres, mais il est toujours possible d’améliorer le sol. Ne vous attendez pas à la confiture parfaite dès la première année, mais par la suite, elles peuvent quasiment toutes être réalisées. » Avant de commencer un jardin fruitier, il y a cependant quelques points à considérer :

Quel est l’espace disponible ?
Un arbre multi-tronc a besoin de plus d’espace. Un arbre à hautes tiges a des branches hautes et plus d’espace en dessous. Les tiges basses sont plus faciles réaliser la cueillette, mais elles offrent moins d’espace pour des plantations en dessous. Des exemples sont le pommier, le poirier, le cerisier, le prunier, le châtaignier et le noyer. Mais il y a aussi des variétés qui restent quand même plus petites, comme le cognassier, le néflier et le figuier. Les personnes qui disposent d’un espace limité peuvent également opter pour des arbres fruitiers en espalier. Les formes en espalier font des merveilles même contre un mur dans un petit jardin de ville. Une plante particulière, qui peut également être cultivée en espalier, est le Prunus dulcis, l’amandier. Il en va de même pour les plantes grimpantes comme la vigne ou le kiwaï. Ce qui prend encore moins de place, c’est une haie ou un coin avec des baies, un cornouiller, un groseillier, un casseillier, un chèvrefeuille bleu ou un framboisier. Sur un sol acide, on peut également cultiver des myrtilles et des canneberges, entre autres.

Quel est l’emplacement ?
Y a-t-il une concurrence au-dessus ou au-dessous du sol ? Pensez aux autres arbres et arbustes, aux bâtiments, aux câbles et aux tuyaux. Quel type de sol et quelle quantité de lumière solaire sont présents. Les arbres fruitiers aiment généralement un ensoleillement important.

Le temps de l’entretien
Les arbres fruitiers en espalier nécessitent une taille plus importante que, par exemple, un noyer.

La pollinisation
Des fruits n’apparaissent sur un arbre fruitier que lorsqu’une pollinisation a eu lieu. Il existe des arbres autopollinisants qui donnent des fruits, mais les résultats sont moindres. Par exemple, un pommier est dioïque mais doit quand même être pollinisé d’une certaine manière pour obtenir les meilleurs résultats. En plantant un pommier ornemental à proximité d’un pommier à fruits comestibles, on peut assurer une meilleure pollinisation. Par exemple, le Malus toringo « Brouwers Beauty » (photo donkers HO)

Les arbres qui conviennent à un jardin, à un toit ou à un espace public spécifique dépendent par conséquent d’un certain nombre de critères », poursuit Marie-Ange Eneman. « Outre les variétés connues, on peut penser à des essences inhabituelles comme le poivrier du Sichuan (Zanthoxylum simulans), le pacanier (Carya illinoinensis), le noyer blanc (Cary ovata), le cédrèle de Chine (feuille comestible) (Toona sinensis), le poirier asiatique (Pyrus pyrifolia), le plaqueminier lotier (Diospyrus lotus), le mûrier blanc (Morus alba), l’asiminier trilobé (Asimina trilobata), l’arbre aux quarante écus (Ginkgo biloba), le noyer noir (Juglans nigra), le cognassier de Cathay (Chaenomeles cathayensis), le raisinier de Chine (Hovenia dulcis)… »

Les arbres fruitiers dans les espaces publics

« Les arbres fruitiers sont également de plus en plus présents dans les espaces publics. La peur des insectes et de ce qu’il advient des fruits a fait place à la prise de conscience d’un impact positif. Les arbres fruitiers créent des liens entre les habitants du quartier. La floraison à elle seule touche une corde sensible chez beaucoup de gens. Et cueillir des fruits ensemble crée un lien. »

Pépinière Ebben : Le succès grandissant de l'arbre fruitier
©Pépinière Ebben

Bien qu’encore à une échelle modeste, de plus en plus de communes tentent de planter de la verdure comestible sous forme d’arbres fruitiers ou d’arbustes. Il n’est pas rare que les habitants des quartiers eux-mêmes y soient directement impliqués ou en soient, en fait, les initiateurs. À la pépinière Ebben aussi, on voit cette tendance se dessiner de plus en plus. Par exemple, la communauté de logements écologiques Iewan a choisi de planter et de gérer elle-même les arbres fruitiers pour son quartier de Lent.

« Un bon développement », selon Marie-Ange Eneman. « C’est bon pour les habitants et bon pour la restauration de l’écosystème. Cela enrichit également la population d’animaux, d’insectes et d’oiseaux. Nous travaillons ainsi ensemble à l’aménagement de l’environnement d’une manière qui profite aux valeurs naturelles. Le résultat est un meilleur cadre de vie pour les personnes et les animaux. Plus beau et plus durable. »

www.ebben.fr


Texte : Patrick Retour