Le bureau du futur est en plein air !

La vie au bureau migre vers l’extérieur. De plus en plus d’employeurs ajoutent des espaces extérieurs aux immeubles de bureaux afin de permettre à leurs employés de travailler dehors. Steve Jobs, le fondateur d’Apple, l’a fait, tout comme Mark Zuckerberg, le créateur de Facebook. Mais ce concept n’est pas nouveau. Charles Dickens le faisait déjà en organisant des « weetings », c’est-à-dire des réunions en marchant. Cela n’a rien d’étonnant.

En effet, outre le fait qu’il est de toute façon bon de faire plus d’exercice pendant la journée de travail, la marche rend les réunions plus productives et plus créatives. Partout dans le pays, on conçoit de nouveaux bureaux et les bureaux existants sont rénovés afin d’offrir aux employés davantage de possibilités de sortir. Les environnements de bureau sont également rendus plus écologiques. Une bonne plantation y contribue. Il s’agit d’une tendance émergente qui modifiera radicalement l’aspect et la convivialité des lieux de travail dans les années à venir.

« L’accès à la lumière du jour, le parfum des fleurs, un environnement vert… Ce sont là quelquesunes des choses auxquelles les employés aspirent », explique Timo Cents, paysagiste et urbaniste indépendant. « Les employeurs veulent captiver et engager leur personnel, y compris dans ce domaine ».

Timo Cents a travaillé sur plusieurs projets où le travail en extérieur et le pouvoir de la plantation sont primordiaux. Les installations communes des bâtiments, telles que les centres de fitness et les cafés du rez-de-chaussée, sont étendues à de nouveaux espaces où l’on peut boire un café à l’extérieur ou travailler en pleine nature. Certains employeurs vont plus loin : ils créent de véritables jardins de travail en plein air. Un projet sur lequel Cents a travaillé et qu’il est en train de réaliser est Wonderwoods (en collaboration avec Stefano Boeri architectti et MVSA architects pour le compte de G&S Vastgoed). Ce projet comprendra une diversité d’espaces extérieurs sur et à côté du bâtiment. À 25 m de haut, un parc sur toiture, offrant des sièges et des zones ombragées, sera aménagé. Ce parc pourra être utilisé par le public ou par le personnel des bureaux. Chaque étage de bureaux disposera en outre de son propre jardin d’hiver où de grandes fenêtres pourront être ouvertes. Le contact avec la nature au milieu de la ville est le point de départ de Wonderwoods.

Pour Cents, les immeubles écologiques à plusieurs étages découlent nécessairement de la densification de la ville. Cents préférerait, lui aussi, créer de grands parcs urbains, mais sachant que la limite naturelle des arbres se situe à 2 000 mètres, pourquoi se limiter à la végétation au niveau du sol dans l’environnement bâti ? Pour Wonderwoods, Cents a pris l’exemple de l’Utrechtse Heuvelrug et a choisi des plantes qui sont habituées à résister aux conditions difficiles en altitude. Pensez au sorbier, au chêne, au genêt ou au pin.

Vous trouverez également des arbres qui reflètent les quatre saisons afin que les résidents reprennent contact avec la nature. Le paquet de terre se compose d’une couche d’un mètre de substrat, léger et grouillant de vie. Cette couche de terre repose sur des caissons de rétention dans lesquels l’eau de pluie est recueillie et dans lesquels les racines sont en suspension. Les jardins sur le toit sont disposés en terrasses, ce qui permet à l’eau de se répartir uniformément. D’après les calculs, ce système a la capacité de recueillir toute l’eau de pluie. Les arbres sont ancrés au béton par leurs mottes radiculaires, tandis que des arbres robustes avec de solides branches poussent dans les endroits venteux. Il est ainsi possible de planter dans les hauteurs d’Utrecht, ce qui profitera aux habitants, à la flore et à la faune de la localité.

Un autre projet sur lequel Cents a travaillé est l’immeuble de bureaux de la Triodos Bank près de la gare de Driebergen-Zeist, affectueusement appelée « Houten Katherdraal » (cathédrale de bois) par les riverains. Ce bâtiment a été soigneusement intégré au magnifique domaine par le paysagiste. La Triodos Bank est un exemple clair d’une entreprise qui envisage le travail différemment à l’avenir : plus à l’extérieur.

Cents : « Triodos n’est pas hébergé dans un bâtiment, mais dans un domaine rural. En collaboration avec RAU Architects et Odette EX Interieurarchitecten, nous avons fait en sorte que l’environnement unique soit une extension du bâtiment. Partout sur le domaine, les gens travaillent. Le début de la semaine commence dans l’amphithéâtre à ciel ouvert et les réunions se déroulent en marchant ».

Pour la plantation, nous avons collaboré avec des experts en la matière. Les plantes ont été soigneusement choisies et sélectionnées de manière à pousser sous des hêtres vieux de 150 ans ! Chaque jardin autour du bâtiment dégage sa propre atmosphère. Tous les postes de travail ont une vue sur le jardin ou le jardin de toiture. Cela assure la paix et la sécurité. Le jardin caché doit son nom à sa situation isolée. Les groupes d’arbres existants créent un endroit caché où l’on peut trouver la paix et la sérénité. Les visiteurs du domaine et les employés de la Triodos Bank peuvent s’y retirer et profiter du silence de la nature.

Cette sous-zone est divisée en deux parties : la partie centrale et les îlots composés de plantations particulières. La partie centrale a un caractère raffiné et offre des surprises au niveau des plantations. Les îlots composés de plantes hôtes bordent le chemin où le soleil peut encore à peine briller sous et à travers les couronnes des arbres. Le Jardin de rencontre longe en grande partie le nouveau bâtiment de bureaux. Ce jardin servira de lieu de rencontre où les collègues pourront se réunir afin de déjeuner ou prendre l’air, par exemple. Il comporte plusieurs parties : le Jardin de terrasse, le Bois de terrasse, le Bois apaisé et le Bois du patio.

Ici aussi, chaque lieu a sa propre atmosphère. Le Bois apaisé, qui abrite des hêtres et des chênes majestueux, conserve son caractère discret. Des bulbes sauvages et, ici et là, une fougère ou un arbuste embellissent ce coin tranquille qui bénéficie également d’un éclairage particulier. Le Bois du patio est presque entièrement dans l’ombre. L’accent sera donc mis sur les textures du feuillage et les grands groupes de plantes vivacesombrophiles. Le Bois de terrasse et le Jardin de terrasse contiennent également de grands groupes de plantes vivaces qui correspondent au caractère de cet endroit. Dans le Bois de terrasse, on retrouve essentiellement des plantes ombrophiles et, dans le Jardin de la terrasse, des espèces héliophiles. Les abeilles et les papillons sont ravis d’y trouver du nectar.

Le mouvement consistant à vivre ou travailler à l’extérieur a été amorcé il y a un certain temps déjà, mais contrairement au passé, l’espace extérieur n’est pas seulement considéré comme un endroit pour prendre l’air, mais bien comme un endroit pour travailler réellement. « L’espace extérieur est plus qu’une simple végétation ornementale ; c’est un lieu où les employés peuvent se réunir, travailler et se concentrer », explique Cents. « On installe du mobilier. On crée de l’intimité en jouant avec les plantes et on crée des alcôves où l’on peut installer une table. Les gens peuvent avoir d’excellentes réunions ou présentations à l’extérieur ».

Sur le Zuidas (axe Sud), l’investisseur CBRE développe les nouvelles tours du WTC. Ici aussi, l’espace extérieur fera partie intégrante des lieux de travail. Différentes possibilités d’installation sont prévues : des endroits pour manger et des endroits pour travailler de manière décontractée ou encore des endroits réservés aux présentations.

Un bar sur le toit où des réunions formelles du conseil d’administration et des cocktails pourront être organisés sera créé au 21e étage. Les jardins de toiture nécessitent une construction plus lourde et donc plus coûteuse compte tenu de leur poids, mais ils s’avèrent de plus en plus essentiels pour la location de bureaux. Avec des taux d’inoccupation supérieurs à la normale en raison de la pandémie, les bailleurs et les propriétaires d’immeubles se rendent compte que le produit qu’ils proposent doit être bon. Un bon espace vert extérieur n’est plus un luxe, mais un must.

La végétation ici a été choisie de manière à correspondre à l’image internationale du Zuidas. Les plantations riches en texture et à feuillage persistant sont plus importantes ici. Ce choix permet d’assurer une plantation représentative sur les jardins de toiture tout au long de l’année. La perception saisonnière est également importante. Cela vous permet de sentir la saison en vigueur. Il est assurément nécessaire d’avoir les pieds sur terre dans le monde trépidant du Zuidas.

Il semble que le COVID-19 — et l’accent subséquemment mis sur la ventilation — ait définitivement modifié la relation entre le travail à l’intérieur et le travail à l’extérieur. Cents ne pense toutefois pas que cette tendance soit uniquement imputable à la pandémie. « L’attention portée à la santé mentale et physique existait déjà avant l’apparition du coronavirus. Nous savions déjà que la conception de l’espace physique, y compris le lieu de travail, joue un rôle important à cet égard », dit-il. « Nous constatons que les employés aiment travailler à l’extérieur. Les employeurs font la même expérience et, de plus, ils constatent une baisse de l’absentéisme et une augmentation de la productivité ».

www.timocents.nl