© Arcadis

La verdure comme trait d’union multifonctionnel dans un paysage à l’épreuve du temps

À quoi ressemble un paysage à l’épreuve du temps, préparé aux conséquences du changement climatique, adapté aux défis spatiaux de notre époque et agréable à vivre pour l’homme et l’animal? À une époque où la pression sur la surface et le sous-sol augmente en raison de la demande croissante de logements et d’infrastructures, la création d’espaces verts est indispensable dans l’aménagement du territoire. La façon dont ces espaces verts seront intégrés dans la conception constitue un facteur de réussite ou d’échec décisif.

Sensibilisation à l’écologie

Les effets positifs de la verdure semblent infinis. De nombreuses études ont été menées sur les effets de la verdure sur la santé humaine: un cadre de verdure encouragera par exemple les gens à marcher, à faire du jogging et à faire du vélo. De plus, voir des plantes et des arbres contribue à un meilleur état mental. La verdure s’utilise aussi de plus en plus comme mesure d’adaptation au changement climatique, car elle permet de rafraîchir pendant les périodes de fortes chaleurs prolongées, mais aussi de stocker l’eau en cas de fortes précipitations. Le lien entre verdure, biodiversité et écologie est facile à faire. Néanmoins, Freya Macke estime qu’il s’agit là d’un sujet préoccupant. Consultante en adaptation au changement climatique au sein de la société de conseil et d’ingénierie Arcadis, elle travaille à la mise en place de paysages (professionnels) verts et résistants au climat. Freya Macke: “Une concept vert n’est pas automatiquement un concept adaptatif au changement climatique climat, biodiversifié ou à nature positive. L’inverse est également vrai. Mais la verdure peut contribuer à la biodiversité dans une rue ou un quartier. Concernant les toitures-jardins, par exemple, il convient d’utiliser de la verdure de haute qualité, de préférence avec une couche d’herbes, d’arbustes et d’arbres. Associé à un espace de nidification et à des hôtels pour insectes, le bâtiment devient ainsi un biotope.”

La verdure en pratique

En collaboration avec le consultant international en immobilier CBRE, Arcadis est en train de transformer le toit d’un parking en un tel biotope dans le quartier d’Amsterdamse Poort. Freya Macke: “Cela profitera à l’homme et à la nature. Lors de la conception des oueds, nous donnons également une fonction écologique à la zone de stockage d’eau d’origine. L’espace étant rare, nous devons rechercher et utiliser la multifonctionnalité. La verdure n’y parviendra pas d’elle-même, elle doit être organisée. Nous voulons montrer plus d’exemples: adaptation au changement climatique, biodiversité et verdure peuvent aller de pair.”

La société de conseil participe au projet de recherche iTree 2.0 de l’Université de Delft, qui étudie l’influence des espèces d’arbres dans la prévention du stress thermique. Arcadis applique simultanément les connaissances dans la pratique. Cette ‘conception basée sur des preuves’ permet de voir précisément quel type d’arbre contribuera le plus à créer un climat urbain plus frais grâce à son feuillage, à sa gestion de l’eau ou à sa stature.

© Arcadis

Cette ‘conception basée sur des preuves’ permet de voir précisément quel type d’arbre contribuera le plus à créer un climat urbain plus frais grâce à son feuillage, à sa gestion de l’eau ou à sa stature.

Afin de s’assurer qu’un tel arbre disposera de l’espace nécessaire à sa croissance et, tout simplement, que la verdure ne sera pas oubliée dans le développement du territoire, on explore de plus en plus les possibilités offertes par les manuels ainsi que par les lois et règlements. Freya Macke: “Nous avons collaboré au ‘National Yardstick for a green and climate-adaptive built environment’ et développé plusieurs systèmes de points nature. Nous fournissons ainsi des lignes directrices à tous les acteurs impliqués dans l’aménagement du territoire. Ce faisant, nous nous penchons également sur les réglementations existantes et sur ce qui empêche actuellement les gens d’avoir recours à l’écologisation multifonctionnelle. Grâce à ce genre de politique, nous voulons intégrer des espaces verts biodiversifiés et adaptatifs au climat dans les nouvelles conceptions.”

Entretenir et développer

Une fois l’espace aménagé, la gestion et l’entretien jouent un rôle majeur dans l’évolution vers la maturité des espaces verts. Souvent, le budget prévu à cet effet sera insuffisant ou le gestionnaire ne sera pas familiarisé avec les différentes fonctions d’un espace. Ces facteurs entraveront la multifonctionnalité des espaces verts. En effet, un oued recouvert d’herbe s’intègrera plus facilement dans le cycle de fauchage régulier qu’un oued avec une végétation biodiversifiée qui nécessitera une gestion plus spécifique.

Leonieke Heldens, architecte paysagiste chez Arcadis, a conçu les (toitures-)jardins du bâtiment WTC dans le quartier d’affaires du Zuidas à Amsterdam. Pour garantir la qualité de la gestion de ces jardins, le promoteur du projet a immédiatement signé un contrat de gestion à long terme avec le gestionnaire d’espaces verts Koninklijke Ginkel Groep. Établir un tel contrat de gestion à long terme s’avère crucial pour intégrer la verdure dans un paysage résistant au changement climatique et propice à la biodiversité. “La plantation n’est que le début: le jardin se développera et on verra comment les différentes espèces végétales réagiront les unes aux autres ainsi qu’à l’environnement. L’espace vert ressemblera à ce que le concepteur avait imaginé après seulement cinq à dix ans. Entre-temps, la gestion et l’entretien par des experts seront extrêmement importants.”

© Arcadis

“L’espace vert ressemblera à ce que le concepteur avait imaginé après seulement cinq à dix ans. Entre-temps, la gestion et l’entretien par des experts seront extrêmement importants.”

Leonieke Heldens constate aussi un renouvellement de l’assortiment des plantes. En raison du changement climatique, certaines espèces s’adaptent aux périodes chaudes et sèches, tandis que d’autres fleurissent plus tôt ou plus tard. L’architecte paysagiste s’inspire de la nature locale et, par conséquent, les communautés végétales naturelles jouent un rôle majeur dans ses conceptions. Lors de la phase de conception, elle analyse les caractéristiques du sol et du site. La plante individuelle, mais aussi la cohérence figurent au centre de ses préoccupations.

Prévoir l’avenir grâce à une approche écosystémique

Leonieke Heldens partage cette approche écosystémique avec ses collègues du groupe de conseil sur la nature et la biodiversité. Comme elle, ils recommandent de travailler dans les développements urbains avec des ‘refuges’, c’est-à-dire des types de végétation présents dans les réserves naturelles avoisinantes. Toutes les zones naturelles des Pays-Bas sont cartographiées dans ce que l’on appelle des cartes de végétation, avec des informations sur le sol et sur la gestion de l’eau et des nutriments. Ainsi, un parc avec de l’herbe de dune dans le centre de Den Helder, par exemple, semblera soudainement très logique, alors que dans la pratique, des mélanges de plantes uniformes seront souvent appliqués.

© Arcadis

Renforcer et préserver la biodiversité dans une ville ne pourra se faire que par le biais de réseaux écologiques: une cohésion entre différents types d’espaces verts et un lien au sens spatial.

La ville et la nature devraient être encore plus cohérentes dans la conception à l’épreuve du temps, estime Max Klasberg, écologiste urbain et spécialiste de la flore et de la végétation. “Jusqu’à présent, nous avons trop déconnecté les gens de la nature, alors que les gens ne peuvent pas vivre sans elle. Un cadre de vie solide passe par un environnement vert et riche en nature”. Renforcer et préserver la biodiversité dans une ville ne pourra se faire que par le biais de réseaux écologiques: une cohésion entre différents types d’espaces verts et un lien au sens spatial. Pour créer l’espace et le soutien nécessaires, Max Klasberg et ses collègues plaident en faveur d’une utilisation multifonctionnelle de l’espace, où les contradictions pourront s’avérer très positives: “une nouvelle route sera d’abord très préjudiciable à la nature existante. Nous insisterons dès lors, dans le cadre d’un tel projet, pour qu’un écoduc ou passage pour la faune soit également construit, afin de relier les habitats des espèces végétales et animales. C’est précisément de cette manière que nous renforçons la nature.”

Espace vert multifonctionnel, gains multiples

Dans un paysage sain et durable, la verdure s’associe aux autres fonctions de l’espace. Il s’agit d’une combinaison créative d’esthétique, de technologie et de fonctionnalité. L’artisanat vert multifonctionnel associe l’architecture paysagère à l’écologie et à l’adaptation au changement climatique, sans oublier la valeur récréative et l’expérience de la verdure. Le Zuidpolder Barendrecht en constitue un excellent exemple: ce projet visant uniquement à stocker de l’eau s’est transformé en une zone naturelle et récréative intéressante. En deux ans, la gorgebleue à miroir s’est établie dans le paysage et les chemins de randonnée sont devenus des itinéraires très populaires sur l’application Strava.

Ce type de double (triple) fusion permet de créer des espaces particulièrement attirants, occupant moins de mètres carrés et ayant plus à offrir. À une époque où l’on veut toujours plus d’espace alors qu’on en dispose de moins en moins, c’est exactement ce dont nous avons besoin.


Texte: Suzanne Meeuwissen, consultante en espaces verts, eau et adaptation au changement climat (Arcadis)
Photos:
Arcadis

fr_FRFrench