La biodiversité dans les parcs et jardins historiques

Le 23 avril 2022 s’est déroulée la journée de rencontre dans le cadre du projet de recherche sur la biodiversité dans les parcs et jardins historiques. Cette journée d’étude constitue une des actions phares du projet de recherche.

Ce projet de recherche est piloté au sein de la Haute Ecole Charlemagne (département agronomique) en partenariat avec Grégory Mahy du laboratoire Biodiversité et paysage (ULiège, Gembloux Agro-Bio Tech) avec la collaboration d’Alexis Billon et Driss Chiab, diplômés du master en architecture du paysage de l’ULiège, Gembloux Agro-Bio Tech.

L’organisation de l’événement a bénéficié du financement de la Haute Ecole Charlemagne et du soutien du Fonds Gestion naturelle de la Fondation Roi Baudouin. L’événement a été conjointement organisé avec les partenaires de terrain : Ghislain d’Ursel, Louis le Hardÿ de Beaulieu et Cédric Vanneste.

La journée a rassemblé quelque 80 acteurs de terrain issus d’horizons divers : propriétaires et gestionnaires de parcs et jardins historiques privés et publics, spécialistes et experts des parcs historiques et/ou de de la biodiversité, membres des cabinets ministériels et administrations respectives (Agence wallonne du Patrimoine / Agence flamande du Patrimoine / Service Public de Wallonie, département Environnement), professionnels (paysagistes, jardiniers, botanistes) ainsi qu’une dizaine d’étudiants en architecture des jardins et architecture du paysage de la Haute Ecole Charlemagne/ Université de Liège.

Thèmes et intervenants

En tant que coordinatrice du projet de recherche, Nathalie de Harlez de Deulin (HECh) a rappelé le cadre et les objectifs du projet Bio/Pat., en particulier les enjeux liant la préservation du patrimoine et le soutien à des actions en faveur de la biodiversité. Elle a notamment rappelé que les parcs et jardins historiques constituent des ensembles de grandes valeurs (artistiques, philosophiques, scientifiques, paysagères ou de bien-être) soumis à l’action ininterrompue de la nature qui les a fait évoluer dans leurs formes mais aussi dans leurs associations végétales et animales. Ceux-ci abritent aujourd’hui des milieux de vie et des habitats au sens de la législation sur la nature (e.a. Natura 2000) nécessitant des mesures de gestion adaptées et concertées, ainsi qu’une bonne compréhension de la notion de biodiversité.

Dans ce sens, une enquête a été menée en 2021 afin de comprendre la perception qu’ont les gestionnaires de parcs historiques en Belgique de la biodiversité et des notions associées. Les principaux résultats ont été présentés par Gregory Mahy (ULiège). Globalement, la notion de biodiversité semble relativement bien comprise par un nombre significatif de gestionnaires qui, pour certains, mettent déjà en œuvre des actions en faveur de sa présence et/ou de son renforcement sur le terrain. Pour d’autres, la notion reste mal définie, trop complexe, et sa gestion nécessite l’aide de spécialistes extérieurs.

Malgré ces distinctions en termes d’acquis et de perception au sein du public cible, l’enquête révèle globalement un réel intérêt pour la mise en œuvre de mesure en faveur de la biodiversité dans les parcs et jardins historiques privés et publics.

Dans la suite de la matinée, des propriétaires et gestionnaires ont partagé des expériences de terrain intégrant diverses modalités de gestion plus respectueuses de la nature et des valeurs écologiques : en Région wallonne (Alexis Billon [HECh] et Louis le Hardÿ de Beaulieu[Bois-Lombut]), en Région de Bruxelles-Capitale (Bruno Campanella [Urban.Brussels]), en Région flamande (Koen Himpe, Dries Claeys [Agentschap Onroerend Erfgoed] et Ghislain d’Ursel [Hex]) ainsi qu’en France dans le département des Hauts-de-Seine  (Anne Marchand Hortis, les responsables d’espaces nature en ville]), notamment à travers les exemples de Sceaux, Saint-Cloud et la Vallée aux Loups.

L’après-midi, ont été présentés des instruments de politiques publiques (Arnaud Sepulche [Natagriwal ASBL], Charlotte Descamps et Myriam Auquière [SPWE ARNE]) mais aussi des outils pratiques mis en œuvre dans le cadre de l’expérience de Nassonia (Stéphane Abras [SPW ARNE], Gérard Jadoul et Valentin Claes [Nassonia Ecofirst]) et à travers l’interface BioPlanner (Sylvain Boisson, ULiège).

Conclusion et perspectives

L’expérience et l’expertise des nombreux intervenants, la qualité de leurs exposés et les nombreux échanges et débats avec les participants ont contribué à l’intérêt et au succès de cette journée de rencontre fructueuse. Celle-ci a mis en évidence le rôle positif des parcs et jardins historiques dans la préservation et le développement de la biodiversité, rencontrant les objectifs du projet de recherche à savoir : sensibiliser et informer sur la notion complexe de biodiversité et les moyens de la mettre en œuvre dans les parcs et jardins historiques dans le respect de leurs valeurs patrimoniales et créer un espace de dialogue entre les acteurs du patrimoine, de l’environnement et de la nature.

La présence de très nombreux acteurs de terrain a permis à chacun – propriétaire, gestionnaire, professionnel et futur professionnel, expert du patrimoine ou de la biodiversité – de mieux cerner les enjeux liant patrimoine et biodiversité, mais aussi les forces et les limites d’une gestion intégrée respectant à la fois un patrimoine à haute valeur culturelle et des milieux de vie aux fonctions essentielles. 

Enfin, cette journée a offert l’occasion d’exposer des posters présentant les axes et les objectifs des travaux pédagogiques réalisés entre septembre et décembre 2021 par cinq promotions d’étudiants de la Haute Ecole Charlemagne et de l’ULiège, encadrés par six enseignants des deux institutions.

Les études ont porté sur une trentaine de parcs et jardins historiques dont les propriétaires/gestionnaires ont répondu à l’appel à participation lancé durant l’été 2021. Ce dernier a récolté 74 réponses favorables venant des trois régions du pays. Les dossiers réalisés par les groupes d’étudiants proposent des analyses plus ou moins approfondies des composantes patrimoniales et de biodiversité présentes dans les jardins étudiés, du potentiel d’accueil des structures existantes, des actions de gestion durable ou encore de la place des parcs et jardins historiques dans les liaisons écologiques à différentes échelles du territoire.