Kathryn Gustafson, artiste environnementale

L’architecte paysagiste Kathryn Gustafson a remporté, avec son bureau américain Gustafson-Guthrie-Nichol (GGN), le prestigieux Landscape Architecture Firm Award 2017 décerné par l’American Society of Landscape Architects (ASLA). Gustafson, qui a également un bureau à Londres, Gustafson, Porter + Bowman, est l’une des plus grandes architectes paysagistes de l’époque, particulièrement appréciée pour ses projets de parcs et de paysages sensationnels. Un élément typique de son œuvre est la sensualité avec laquelle elle introduit des ondulations et des lignes dans le paysage, telle une sculptrice se jouant de la nature et de l’eau.

 

Kathryn Gustafson est née dans l’État de Washington en 1951. Lors d’interviews, elle fait volontiers référence à la passion du jardinage de ses parents et aux lopins de terre confiés à la gestion de chacun des cinq enfants composant la famille. Le paysage de sa jeunesse ? Des prairies sèches à l’infini, alternant avec des vergers vert intense destinés à la culture de pommes et de grands barrages et canaux d’irrigation. Un paysage qu’elle affectionnait plus que tout ! Ce sont ces extrêmes paysagers qui sont à l’origine, selon ses dires, de son grand amour pour la couleur et les contrastes, ainsi que pour l’eau et les formes clairement présentes qu’elle traduit dans sa profession.

Designer de mode

Sa formation initiale l’appelait à la création non pas de jardins et de parcs, mais bien de vêtements. Elle est, en effet, diplômée du Fashion Institute of Technology de New York en tant que designer de mode et a, par la suite, travaillé pendant sept ans à Paris et à New York dans le secteur de la mode. Ce qui lui a donné l’impulsion de se lancer dans l’architecture paysagère ? Une discussion avec une amie, artiste peintre et paysagiste, qui avait du mal à joindre les deux bouts, mais continuait à voir un avenir dans l’architecture paysagère. Cette discussion a tourné dans la tête de Gustafson. Sans pour autant abandonner la mode, de retour à Paris, elle décida de s’inscrire dans la prestigieuse École nationale supérieure du paysage de Versailles.

L’élément déterminant qui a permis à sa carrière de décoller fut sa collaboration avec le groupe d’architectes britanico-parisiens du bureau Peter Rice, Martin Francis et Ian Ritchie lors de la construction de la Cité des Sciences et de l’Industrie dans le Parc de la Villette à Paris. Cette collaboration lui a permis de se faire un nom dans un club sélect, mais influent, des amateurs d’architecture. Elle put ainsi décrocher, les années suivantes, un nombre important de commandes en France, notamment les sièges administratifs de Shell Petroleum (1990) et Esso/Exxon (1992) à Rueil-Malmaison et les bureaux de L’Oréal à Aulnay-sous-Bois (1993), la Place des droits de l’Homme (1991) à Évry, près de Paris, qui fut l’une des premières places urbaines à héberger des jets d’eau. Le Jardin imaginaire de Terrasson à Villedieu, dans la Dordogne (1995), signa la véritable percée de Gustafson dans l’architecture de jardin.

 

Carrière internationale

En 1997, Gustafson ouvrit son bureau londonien avec l’architecte Neil Porter. Au cours des trente dernières années, le bureau Gustafson, Porter + Bowman réalisa des dizaines de projets sensationnels partout en Europe, au Moyen-Orient, à Singapour et à Hong-Kong, généralement en collaboration avec de célèbres architectes. Les principales réalisations sont, entre autres, l’aménagement d’une serre de 3 500 m² pour le nouveau National Botanic Garden au Pays de Galles (1995-2000), le parc culturel Westergasfabriek à Amsterdam (1997), les plans d’environnement du Crystal Palace (1996-2002), le Swiss Cottage Open Space (2006) et le Diana Princess of Wales Memorial Fountain (2004) à Londres, l’Old Market Square à Nottingham (2007), le Museumpark à Rotterdam (2016), le CityLife Park à Milan (2014), le Parque Central à Valence (2011), l’Harbour Square (2011) et le Zeytouneh Square (2012) à Beyrouth, le site Marina One à Singapore, la Taikoo Place à Hong Kong (2017), etc.

En 2000, elle établit, à Seattle, le bureau Gustafson-Guthrie-Nichol (GGN) qui a gagné ses galons auprès de la clientèle américaine avec des projets tels que le Lurie Garden (2004) à Chicago (en collaboration avec Piet Oudolf pour les plantations), le National Museum of African American History and Culture (2016), le CityCenterDC (2006-2013) et le Robert and Arlene Kogod Courtyard au Smithsonian American Art Museum (2007) à Washington, le Bill & Melinda Gates Foundation Campus (2011) et le Lower Rainier Vista & Pedestrian Land Bridge (2015) à Seattle.

Les deux bureaux occupent autant d’architectes que d’architectes paysagistes. Pour Gustafson, il s’agit d’un bon rapport qui facilite la tâche lorsqu’il s’agit de collaborer avec des bureaux d’architectes et d’ingénieurs-conseils sur des projets complexes ou de dessiner des bâtiments. Deux tiers des collaborateurs des deux bureaux sont des femmes, ce qui est très particulier dans ce secteur. Le bureau américain est même dirigé par trois femmes.

 

Europea-NEO 1, Bruxelles

C’est le bureau Gustafson,  Porter + Bowman qui a signé le plan paysager de la première partie du projet NEO du bureau d’architectes français Jean-Paul Viguier Associés au Heizel, un projet de grande envergure prévoyant des appartements, des bureaux, un centre commercial, un cinéma, des établissements horeca, une infrastructure récréative et sportive, etc.

Sur le plan paysager, l’équipe prévoit l’aménagement d’un parc urbain ponctué de sentiers, de jardins publics, d’aires de jeu, etc. formant des « napperons verts » reliant les différentes parties du parc entre elles et avec la ville. L’Atomium sera précédé d’une grande esplanade avec de vastes pelouses et un superbe étang garni de chutes d’eau. Le projet devrait normalement démarrer en 2018 et se terminer en 2021.