Inauguration de deux Jardins de la Paix au Mémorial Museum de Passchendaele et Le Quesnoy

Le 19 novembre 2019 deux nouveaux Jardins de la Paix seront inaugurés: le jardin français au Musée Mémorial Passchendaele 1917 et le jardin belge à Le Quesnoy (FR).

 

Blessée par la brutalité des conflits du XXe siècle, la Région Hauts-de-France a choisi de célébrer le patrimoine de demain et d’affirmer sa résilience dans l’art paysager. La Mission du Centenaire de la Première Guerre mondiale et Art & jardins | Hauts-de-France ont élaboré un projet créatif et innovant aux couleurs des nations meurtries lors de la Grande Guerre, qui choisissent conjointement d’embrasser la cause de la pacification du monde contemporain. En 2018, 12 Jardins de la Paix ont été réalisés à proximité et dans les hauts lieux du souvenir de la Grande Guerre dans les cinq départements des Hauts-de-France. À l’horizon 2022, 35 jardins seront produits, ce qui permettra de créer un circuit de la Paix en complémentarité avec celui de la Mémoire. Les jardins sont réalisés par des paysagistes venus des pays belligérants.

 

Jardin de la Paix français à Passchendaele 1917

Le Musée Mémorial Passchendaele 1917 vous raconte l’histoire de la Première Guerre mondiale de façon poignante et concrète et s’attardera tout particulièrement sur la Bataille de Passchendaele. Cette bataille, qui s’est déroulée en 1917, est connue pour être l’une des plus atroces batailles de la Première Guerre mondiale : près de 600 000 victimes y périrent pour pour un déplacement du front de seulement 8 km. « Passchendaele » n’est pas seulement devenu une notion clé de l’histoire de la Grande Guerre, mais aussi le symbole de la futilité des violences de la guerre dans toute son horreur. Le Musée Mémorial Passchendaele 1917 allie l’interactivité d’un musée moderne à l’expérience exceptionnelle des tranchées « Dugout & Trench ».

Le Jardin de 100 ans, créé par les paysagistes français Mathieu Gontier & Pierre David – WAGON LANDSCAPING, évoque un siècle de paix qui a permis à une nature riche et foisonnante de coloniser et d’évoluer sur des terrains détruits par la guerre. Il y a cent ans… La guerre s’achevait pour laisser derrière elle des familles, aussi bien que des paysages, dévastés. Dans la parcelle de boisement où s’inscrit le Jardin de la Paix français, un œil aguerri peut voir ces décennies d’histoire sous ses yeux car la forêt a repris ses droits : elle est passée d’un stade « pionnier » (végétation colonisant les sols fraîchement retournés) à un stade « avancé » (végétation riche d’un boisement en cours de développement pouvant atteindre un état de climax sans intervention de l’homme).

Cette évolution, visible, de 100 ans de paix est tout ce que le jardin présente au public par des circulations discrètes et des temps de pauses pour s’imprégner de l’ambiance paisible de la forêt. Il met en scène les différents milieux qui constituent un bois, de la clairière au boisement dense. Dans l’espace réduit du jardin, cet « extrait de forêt » centenaire est présenté de manière concentrée afin de donner lecture des stades d’évolution de la forêt et de remonter le temps de l’Histoire, dans une forme d’intimité qu’offre le calme du site. Dans cette mosaïque de paysages forestiers, des arbres abattus sont laissés sur place, un sous-bois est jardiné, une clairière offre un puits de lumière pour permettre à la petite faune (pics, insectes, petits mammifères) de venir habiter l’esprit du jardin et participer, dans une certaine mesure, à une forme d’éloge à la vie que la forêt magnifie.

« Il ne s’était pas du tout soucié de la guerre. Il avait imperturbablement continué à planter. », L’homme qui plantait des arbres – Jean Giono

Jardin de la Paix belge Le Quesnoy

À Le Quesnoy, dans le fossé des fortifications Vauban, les paysagistes belges Mathieu Allain & Thomas Van Eeckhout – Collectif Plan B vous invitent à imiter le bataillon qui a rendu la liberté aux Quercitains : partir à l’assaut des remparts. Leur aménagement repose en effet sur un concept simple, la projection parfaite d’une section de rempart sur le sol engazonné de la forteresse. Ainsi transposé de la verticale à l’horizontale, le mur haut de douze mètres devient-il terrasse. C’est une pause dans la promenade des remparts, au pied de l’infrastructure militaire, qui permet de mieux en appréhender la taille impressionnante.

L’usage de la brique en terre cuite, matériau typique des Flandres, rappelle ici les liens entre la Belgique et la région des Hauts-de-France. Adjoint à des pavés de grès, ce revêtement permet par ailleurs de retranscrire le vieillissement naturel du mur : ici et là, des briques déchaussées laissent la végétation pousser et transforment l’espace minéral en un havre de verdure, aux accueillantes assises en acier Corten.

Photo: art&jardins / Hauts-de-France – Irène de Rosen