GESTION NOVATRICE DES ESPACES VERTS / Nouvelles applications dans le secteur
Quelles applications trouvent d’ores et déjà leur chemin vers le secteur des espaces verts ? Quelles sont les nouvelles technologies et machines déjà prêtes à être mises en place ?
Une gestion des espaces verts sous tension
Depuis 2015, les communes ne peuvent plus recourir aux produits phytosanitaires chimiques. La recherche de nouvelles solutions a posé des difficultés à de nombreux services. Les entreprises cherchaient elles aussi une réponse. Et c’est ainsi qu’on a vu arriver, depuis quelques années, des appareils à électrocution pour lutter par exemple contre la renouée du Japon, la berce du Caucase, le cerisier d’automne (Prunus serotina),…
Comment fonctionne cette méthode ? L’utilisation d’un appareil qui électrocute les herbes indésirables permet une élimination sélective, jusqu’à la racine, des mauvaises herbes comme des jeunes plants ligneux (notamment le cerisier d’automne, la renouée du Japon, la berce du Caucase, le rumex à feuilles obtuses, le roseau et le bambou). La machine envoie une décharge électrique dans la tige et les racines de la plante. En raison de sa résistance électrique naturelle, l’énergie se transforme en chaleur, qui cuit pour ainsi dire la plante et ses racines, au point que celle-ci s’épuise et meurt.
De plus larges applications sont à prévoir en termes de lutte électrique contre les herbes indésirables, cette fois applicables à de grandes surfaces. On peut en conclure que la technique de l’électrocution est prometteuse. Les premières applications sur le terrain montrent que quatre points sont particulièrement importants :
- La sécurité ne saurait tolérer de concessions, et doit être au point avant que l’on opte pour cette technique.
- Un contrôle professionnel doit donner une vision claire du prix de revient de cette technique.
- Pour quelles applications cette technique est-elle intéressante ? Où offrira-t-elle les résultats attendus, ou pas ?
- Quelles sont ses conséquences pour la composition du sol et la biodiversité environnante ?
Place aux drones
L’utilisation de drones et le nombre de leurs applications augmentent très rapidement. Selon l’étude effectuée par l’institut Vives, qui offre des formations de Bachelor dans la filière d’études des technologies de l’aviation, avec des spécialisations ‘Unmanned Aircraft Systems’ et ‘Bachelor en management des espaces verts’, les drones sont les parfaits assistants des gestionnaires d’arbres.
Ces dernières années, des étudiants de plus en plus nombreux se sont penchés sur les divers aspects de l’utilisation de drones dans l’entretien des arbres. Ils ont ainsi évalué l’option de drones équipés d’une caméra standard et son intérêt pour l’arboriculteur. La réponse a été un ‘oui’ unanime, surtout en raison du gain de temps par rapport aux inspections effectuées par des grimpeurs.
A l’étape suivante, un outil pour l’implémentation pratique et une analyse des prix de revient envisageant divers scénarios d’utilisation sont indispensables. En bref, tout ce qu’il faut savoir pour utiliser un drone avec succès dans son environnement de travail.
Les capteurs au service des espaces verts
Les capteurs offrent aussi la possibilité de contrôler diverses situations. Implantés dans le sol, ils peuvent avertir le gestionnaire d’une carence ou d’un excès en eau ou en engrais, de même que des capteurs placés dans des conteneurs de déchets publics peuvent signaler qu’il est temps de vider ceux-ci. Ce type d’information peut aider à planifier les travaux et éviter des visites ou des travaux superflus dans l’environnement concerné.
On recourt de plus en plus à des systèmes intelligents pour la gestion à distance de projets d’espaces verts, arbres, bacs, gazons, végétalisations de toiture et de façade. Le système se compose de capteurs intelligents, d’un environnement ‘cloud’ et d’applications simples à utiliser pour les donneurs d’ordres comme pour les exécutants. Un tableau de bord facile à comprendre permet de voir le statut de tous les projets. Vous recevez une notification lorsque quelque chose est détecté, et les tâches traitées sont conservées dans le livre de bord.
Smart green city, data, apps et logiciels
Ces dernières années, l’utilisation et les applications des smartphones ont connu une croissance spectaculaire. Via l’App-Store, on peut choisir parmi une large sélection d’applis utiles pour la gestion des espaces verts, pour les particuliers comme pour les professionnels. Mais on trouvera de plus en plus d’applications professionnelles à l’avenir.
Un logiciel spécial est également disponible pour les gestionnaires d’espaces verts. Il leur permet de mettre précisément en carte tous les arbres présents dans la commune. Des données historiques peuvent être ajoutées individuellement, pour chaque arbre, et permettre de préciser à quel moment l’entretien est nécessaire. Lorsque cette information est associée à d’autres fichiers ou à des logiciels de prévision, une gestion proactive du patrimoine végétal devient possible. Beaucoup de terrains de golf et d’associations sportives recourent maintenant à des ordinateurs pour l’irrigation, ceux-ci étant éventuellement associés à une station météo pour fournir la bonne quantité d’eau au bon moment.
Les caméras, au-delà de la maintenance
La ville de Hasselt a inventorié jusque dans les moindres détails tous ses arbres d’alignement, soit plus de 25 000, avec l’aide d’une start-up flamande. La technologie mise en oeuvre recourt à des caméras placées sur des véhicules en mouvement pour réaliser des photos détaillées de l’environnement. À partir du mois de mai, un véhicule-scanner a filmé chaque rue, puis toutes les données utilisables ont été filtrées automatiquement par l’intelligence artificielle. Le logiciel reconnaît ainsi automatiquement différents objets dans la rue. La ville de Hasselt est ainsi parmi les premières à utiliser cette technologie dans un autre but que la maintenance.
Conclusion
Que faut-il conclure de tout ceci ? Le fait que la technologie peut certes nous aider, mais qu’il ne faut pas en attendre de miracle.
La gestion des espaces verts devra se confronter à de nouveaux défis tels, par exemple, que le changement climatique, à de plus grandes attentes de la part des citoyens et à un patrimoine végétal en expansion. En outre, les budgets devront être rationalisés et il faudra faire face à la difficulté de trouver de la main-d’oeuvre.
Il est donc évident que l’entretien des espaces verts arrive dans une nouvelle ère. L’introduction de technologies inédites rendra le cycle des process, des produits et des services toujours plus court. Grâce à la technologie mobile, les tâches numériques pourront désormais être effectuées partout, de n’importe où. Il est cependant recommandé de procéder étape par étape. Automatisez les travaux et les processus récurrents et utilisez les moyens interactifs, tels que les capteurs, pour continuer à optimiser le planning. Pour cela, essayez de recourir au ‘big data’, l’information en provenance de différentes sources.
Ce mélange de technologie et de machines peut certainement être utile, mais ne tombons pas dans le piège de croire que cela résoudra tout. Il reste indispensable d’investir dans du personnel qualifié et de prévoir les budgets nécessaires.
Auteur : Filiep Bouckenooghe (directeur du VVOG, l’association flamande pour les espaces verts, association sans but lucratif qui réunit des villes et communes flamandes, avec Bruges pour siège)
