Favoriser la biodiversité au jardin

Le dernier rapport de l’UICN (Union Internationale de la Conservation de la Nature) révèle que 30 178 espèces sont menacées d’extinction dans le monde. Ce triste constat ne s’applique pas seulement aux espèces rares et lointaines : abeilles, oiseaux de nos campagnes, insectes pollinisateurs et petits mammifères ordinaires sont concernés. Certains se demandent peut-être en quoi cela est alarmant ?

 

Et bien parce que ces animaux “ordinaires” constituent un patrimoine commun, une partie du réservoir génétique de la planète. Et que les insectes pollinisateurs (abeilles, mouches, bourdons…) contribuent à polliniser près d’un tiers des récoltes mondiales, base de notre alimentation… Ainsi, en proposant à vos clients de créer des coins de “vraie nature” au sein de leur jardin, avec des espèces sauvages mellifères et nectarifères, vous participerez, en tant que professionnels du paysage, à lutter contre l’érosion de la biodiversité. Haies libres et de petits fruits, prairies fleuries, mélange des strates herbacées, arbustives et arborées… tout cela participe de la qualité du jardin, qui arborera un aspect naturel, aujourd’hui de plus en plus recherché par les particuliers.

Une diversité de strates
Qui dit biodiversité, dit diversité de strates. En effet, chaque oiseau, insecte, petit mammifère (hérisson, écureuil…) a un habitat spécifique : il vit soit dans en hauteur dans les arbres, soit caché dans des massifs arbustifs, ou bien encore au ras du sol, protégés par des herbes hautes. Ainsi, commencez par installer des arbres, soit en sujet isolé comme pièce maîtresse du jardin (au centre du jardin, en point focal d’une vue intéressante, de part et d’autre d’un panorama sur le paysage environnant…), soit en bosquet d’arbres, notamment à petit développement lorsque l’espace est assez restreint. Ensuite, les arbustes prennent place sous diverses formes : en haies séparatives, pour se protéger des regards indiscrets ; en massifs, afin de créer un écrin verdoyant et fleuri à un espace de repos ou de déjeuner ; en sujet isolé pour apporter des verticales qui attirent l’œil, avec le choix d’essences atypiques, au port élégant, au graphisme intéressant… S’ajoutent les plantes grimpantes qui s’accrochent aux arbres ou s’appuient sur les murs. Enfin, la strate herbacée participe tout autant à la biodiversité : entre vivaces, graminées, fougères, bulbes, de petite, moyenne ou grande tailles, une infinité d’espèces sont à disposition. Entre prairie fleurie d’espèces sauvages et locales, et massifs de vivaces pérennes choisies pour leurs intérêts au fil de la saison, vous assurerez ainsi nourriture et abri à la biodiversité tout au long de l’année.

Prairies fleuries et gestion écologique
Actuellement, les prairies fleuries ont résolument la cote. Et elles ont de quoi : elles offrent un esthétisme de nature au sein de jardin, couvrent le sol à moindre frais quasiment sans entretien, sont profitables à la biodiversité et apportent couleur, douceur et poésie, en accompagnant les mouvements du vent. Ainsi, vous pouvez créer des zones plus ou moins grandes de prairie, selon l’organisation du jardin de vos clients (grand espace ouvert central ou en arrière-plan, espace plus restreint, jardin décomposé en plusieurs micro-espaces…). La réalisation d’une prairie s’effectue à la façon d’un semis traditionnel : il doit s’effectuer sur un sol ameubli en surface et il ne faut surtout pas enterrer la graine, mais la mettre en contact avec le sol grâce à un roulage.

Ensuite, il faut savoir s’y retrouver parmi la large gamme proposée : mélanges type champêtres, d’espèces de plantes sauvages, d’annuelles… Les fournisseurs proposent des mélanges déjà réalisés et adaptés à des contextes variés (prairie humide, terrain sec, sol calcaire…). Généralement, leur durée de vie varie entre 2 à 5 ans : elles sont composées d’annuelles, de bisannuelles et de vivaces qui prennent le relais l’une de l’autre au fil des années, ainsi que de graminées qui empêchent, notamment, la pousse des adventices.

Une gestion différenciée de ces espaces de prairie permet de faire évoluer l’aspect esthétique du jardin au cours de l’année et au fil des ans : que vous ayez en charge l’entretien ou non, conseillez à votre client de ne pas tondre tout systématiquement. Des allées sinueuses peuvent ainsi être dessinées, des coins intimistes peuvent être créés…

Voilà donc de quoi participer, à votre échelle, à l’accueil et à la sauvegarde de la biodiversité ordinaire !

Des espèces mellifères et nectarifères
Voici une palette de plantes qui produisent de la nourriture pour les insectes pollinisateurs (pollen et nectar) dans laquelle vous pouvez piocher :

• arbres : alisier (Sorbus spp.), amandier (Prunus dulcis), Cercis siliquastrum, Alnus glutinosa, Prunus cerasus et P. avium, Acer campestre, Eucalyptus spp., Fraxinus ornus, Ulmus minor, pêcher (Prunus persica), poirier (Pyrus communis), pommier (Malus spp.), prunier (Prunus domestica), Salix spp., Sophora japonica, Tilia platyphyllos…

• arbustes, arbrisseaux et lianes : Erica spp., Pyracantha coccinea, Calluna vulgaris, cassissier et groseillier (Ribes spp.), Cotoneaster spp., framboisier et mûrier (Rubus spp.), Ilex aquifolium ; Hyssopus officinalis ; Lavandula stoechas et L. officinale, Hedera helix, Mahonia spp., Myrtus communis, Vaccinium myrtillus, Rosmarinus officinalis, Philadelphus coronarius, Thymus serpyllum, Sambucus nigra, Thymus vulgaris, Ligustrum vulgare, Parthenocissus tricuspidata, Viburnum tinus… ;

• annuelles, bisannuelles et vivaces : artichaut (Cynara scolymus), Aster spp., Cyanus segetum, Borago officinale, Centaurea jacea, Cichorium intybus, Malva moschata et M. sylvestris, Melissa officinalis ; Mentha spp., Hypericum perforatum, Origanum vulgare, Papaver spp., Vinca minor, Pulmonaria officinalis, Salvia spp., Sedum spp., Helianthus annuus, Echium vulgare…

On notera que, parmi ces propositions, de nombreuses espèces sont des arbres fruitiers, des arbustes à baies et à petits fruits, ainsi que des plantes potagères et aromatiques :
la création d’un jardin nourricier participe donc à accueillir et améliorer la biodiversité !

Source: Professionpaysagiste.com