VVOG - Biodiversité et climat

Écologie urbaine en Flandre

Récemment, la VVOG, la fédération flamande des espaces verts publics, a réalisé une étude sous le titre « Stadsecologie in Vlaanderen » (écologie urbaine en Flandre) sur l’engagement des autorités locales pour accorder une place à la biodiversité dans leur politique. Faisons un petit tour des Flandres pour voir comment se développent les initiatives locales.

Bruges investit

Le besoin de nature se fait de plus en plus ressentir. Il s’agit d’une exigence de la population l’exige dont le monde politique s’empare. La ville de Bruges a récemment investi, entre autres, dans :

  • l’aménagement de 24 ha supplémentaires de bois, de landes et de prairies marécageuses sur le domaine de Beisbroek ;
  • un nouveau parc de 2,4 ha avec des prairies humides et des forêts sur le domaine de Veltem ;
  • une zone de projet pour des zones humides sur la digue de Blankenberg et le site de Knaepen ;
  • l’aménagement de 4 ha de landes, de prairies de landes et de terrens maigres pionnières en fonction de la faune d’insectes particulière de la région sableuse de Bruges au domaine de Foreest ;
  • la réouverture partielle de l’usine de Kerkebeek.
  • 28 ha d’expansion au Maleveld.

Bruges apiphile

Bruges devient « ville apiphile » de Flandre en 2020.

Bruges s’engage à devenir florissante
Davantage de fleurs de toutes formes — bulbes à fleurs, plantes grimpantes, arbustes, etc. — sont plantées sur les ponts, les quais et les bâtiments de la ville, dans les bacs à fleurs et dans les parterres. L’année dernière, 135 000 bulbes de 14 espèces différentes ont fleuri de janvier à juin. Plus de 500 000 bulbes ont été ajoutés à l’automne 2019 et en 2020, c’est un mélange de 80 000 bulbes mellifères qui est venu compléter le tableau.

Gestion de l’espace public
Bruges possède un riche patrimoine en forêts, parcs et réserves naturelles. Les abeilles sauvages et la biodiversité sont prises en charge par une gestion spécifique. L’intégration de la biodiversité est un exercice d’équilibre qui fait intervenir différentes valeurs : caractéristiques visuelles, intensité d’utilisation, contexte paysager, etc.

Apiculture
Le conseil municipal et ses partenaires soutiennent les abeilles sauvages et domestiquesen installant des hôtels à abeilles et des ruchers.

Effet éducatif
Des formations internes sont organisées pour tous les employés de la ville, notamment concernant le travail dans le respect de la nature. Un programme éducatif couvrant la totalité de la ville de Bruges est développé au départ de De Zeven Torentjes et du centre naturel Beisbroek. Du matériel didactique et des kits pédagogiques sur les abeilles sont disponibles pour l’enseignement primaire. Chaque année, les écoles peuvent y suivre des ateliers sur les divers aspects de la vie et de l’utilité des abeilles (par exemple, à travers un jeu de l’abeille, la construction d’un hôtel à insectes ou la fabrication de bougies avec de la cire d’abeille). Des événements sont également organisés tels que « Het zoemt in de kruidentuin » (cela bourdonne dans le jardin aromatique) ou l’exposition Sapoll.

« Apiplan » en préparation
Le programme politique 2019-2024 prévoit l’établissement d’un plan d’action en faveur des abeilles. Il se concentrera sur les abeilles sauvages, mais il s’intéressera aussi aux autres pollinisateurs sauvages et à l’abeille domestique.

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Gand dresse l’inventaire

Gand réalise et met à jour un « Gents soortenplan » (plan des espèces gantoises) qui vise à déterminer quelles sont les espèces importantes pour Gand et quelles sont les actions prendre à cet égard.

Une base de données a été constituée et reprend les principales espèces présentes sur le territoire gantois. Il existe en outre une carte d’appréciation de la valeur biologique de Gand (« Gentse Waarderingskaart ») qui montre que Gand totalise 2 911 ha d’espaces naturels, soit 19 % de sa superficie, composés de 30 % de bois, 30 % de friches humides, 20 % de prairies, 8 % de marais e td’eaux stagnantes, 8 % de petits éléments paysagers et 0,2 % de landes (ce qui est plutôt faible, mais mérite d’être souligné). Il s’agit également d’un instrument de base pour donner des conseils sur les plans d’aménagement du territoire et les permis de construire.

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Gand abiotique

La planification et la gestion du sous-sol deviennent de plus en plus importantes en raison, entre autres, du changement climatique. Les abiotiques sont insuffisamment pris en compte dans la planification et l’établissement des appels d’offres. L’abiotique est la partie du milieu vivant qui n’est pas vivante. Il peut s’agir de substances telles que l’air, l’eau, le sol et les nutriments, mais aussi de facteurs comme la chaleur et la lumière.

Aux Pays-Bas, on en tient déjà systématiquement compte. En Flandre malheureusement, cet aspect est encore assez négligé par les planificateurs et les concepteurs qui connaissent mal les abiotiques.

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Louvain sensibilise

Leuven travaille à l’extension et au perfectionnement de la gestion écologique (fauche), à l’élaboration de plans de gestion de la nature, à un plan d’action pour une gestion respectueuse des abeilles et des papillons et à l’établissement de la charte Bye-Bye-Grass. Mais un important besoin de prise de conscience et de sensibilisation se fait ressentir. Au cours des prochaines années, des thèmes (récents) tels que la construction dans le respect de la nature seront également approfondis, par exemple en calculant le coefficient de biotope par surface (ou CBS). L’ancrage du thème de l’écologie urbaine et d’une meilleure protection des arbres de valeur, par exemple, dans divers instruments (d’aménagement du territoire) tels que le code général de la construction est un autre défi pour les années à venir. Le réseau vert-bleu sera également une question importante lors de l’élaboration d’un plan directeur pour le domaine public.

Mais les espaces verts privés ne doivent pas être négligés non plus, car ils couvrent une surface considérable. On s’intéresse notamment à la biodiversité dans les parcs d’activités. Le coup d’envoi du projet d’Inverde « Tuinrangers » (rangers des jardins) vient d’être donné. Dans le cadre de celui-ci des bénévoles aident les propriétaires de jardins privés à aménager ou gérer leurs jardins de manière écologique. Enfin, les projets d’agriculture urbaine oeuvrent également en faveur d’une agriculture écologiquement responsable qui prend davantage en compte les services écosystémiques et la biodiversité dans le cadre d’une production alimentaire durable.

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Louvain biophile

En matière d’écologie urbaine, les rêves sont légion. On voudrait tout d’abord qu’en Flandre, la ville soit davantage reconnue et valorisée comme un type de « zone naturelle » à part entière. Dans ce type de nature, il existe des valeurs naturelles spécifiques qui complètent la nature en dehors de la ville. Dès que le thème sera solidement établi en Flandre, d’autres instruments suivront probablement sous la forme d’instruments de mise en oeuvre de la politique de la nature en milieu urbain et partant, de développement de véritables villes « biophiles ». On voudrait ensuite créer une « seconde nature » dans nos villes : la nature sauvage, l’art et la conception biophile. Nos besoins sont basés sur la nature, à la fois sur le plan matériel, mais aussi sur le plan émotionnel et intellectuel ; nous trouvons notre compte dans la nature, qui satisfait bon nombre de nos désirs.

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Alost avance

Le faucon pèlerin, qui était menacé d’extinction, compte désormais chaque année deux couples reproducteurs au coeur de la ville. La Dendre, qui était naguère un égout à ciel ouvert, est aujourd’hui une rivière riche en poissons et est devenue le biotope d’une série d’oiseaux aquatiques inhabituels, sans oublier le castor, et bientôt la loutre. Les grands mammifères tels que l’écureuil roux, le renard, la martre et le chevreuil ont pris la place des rats d’égout des années 1970. Aujourd’hui, le grand défi est de donner à cette nature en progrès la place qui lui convient dans la ville sans causer de « nuisance ». Cette situation, ainsi que le climat urbain sec et changeant, constituent de nouveaux défis.

Alost rompt avec le trop-ordonné

Les entrepreneurs en espaces verts doivent parfois faire appel à des spécialistes. Trop souvent, ils se limitent à croire que l’ensemencement de mélanges de fleurs permet d’accroître la biodiversité, mais pour obtenir un tableau complet, il en faut davantage : des plantes hôtes, des lieux d’hibernation, etc. Un coin planté d’orties et de chardons ou une bordure de parc avec des ronces sont, pour de nombreux organismes, plus importants que les « mélanges de fleurs de carnaval » qui nous sont recommandés.

Anvers gère ses prairies

On a constaté que les pelouses peu utilisées étaient tondues de manière intensive et que le fauchage extensif, impliquant moins de cycles de tonte, mais offrant un biotope à une plus grande diversité d’espèces végétales et animales, était principalement utilisé lorsque cela était possible. Avec le cadre de politique écologique, l’ambition est de travailler à l’application d’un fauchage extensif en tant que norme et d’un fauchage intensif uniquement lorsqu’il n’y a pas d’autre alternative. Tel est le cas, par exemple, des terrains de jeu, des aires de repos et des aires de pique-nique. La gestion champêtre du cimetière de Schoonselhof a permis aux autorités d’obtenir le label écologique décerné par Natuurpunt, ce qui a débouché sur l’établissement d’un plan de gestion des pelouses.

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Anvers collabore

Tout est mis en oeuvre pour promouvoir les bonnes relations avec les associations de protection de la nature. Les observations formulées par Natuurpunt sont ainsi volontiers prises en considération lors des travaux de gestion, et des accords d’exécution ont été établis avec plusieurs départements de Natuurpunt pour la gestion dans les réserves naturelles.

Ypres prend son temps

Il faut des années pour développer des valeurs naturelles durables

L’écologie urbaine sera différente pour chaque ville, en fonction des possibilités d’aménagement du territoire. À Ypres, un certain nombre d’espaces verts et de paysages ouverts sont, fort heureusement, restés disponibles près du centre historique de la ville, histoire oblige.

Cela a donné l’occasion de développer, de (ré) aménager et même d’étendre ces zones, qui représentent ensemble environ 100 ha, d’une manière écologique et orientée vers la nature, y compris un accès récréatif responsable, en mettant l’accent sur les zones vulnérables et les zones de repos pour la faune et la flore. Le facteur « temps » joue ici un rôle majeur : les valeurs naturelles durables ont besoin de plusieurs années pour s’établir et se développer. Voilà pourquoi les résultats réels de la protection des plantes murales rares après les travaux de restauration à grande échelle des remparts d’Ypres entrepris en 1991/1992 ne sont visibles que depuis 5 ans.

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Ypres persévère

Pour les décideurs politiques, il est important de sentir que la population adhère à leur gestion écologique. Une bonne communication à large échelle, la sensibilisation et les projets éducatifs sont très importants à cet égard. Telle est la raison pour laquelle l’éducation et la sensibilisation, qu’elles soient destinées aux classes des écoles primaires ou aux groupes d’OKRA, sont un prolongement des projets de développement et des approches de gestion. Les habitudes sont tenaces et il faut persister. Une partie de la population reste convaincue que les espaces verts, en particulier les parcs et les espaces verts dans les quartiers résidentiels, doivent être tondus et bien taillés. Et ce sont ces mêmes habitants qui adressent des plaintes acerbes aux décideurs politiques. Lorsqu’on attire l’attention sur la nécessité de conserver le bois mort et de remplacer la nature ordonnée par une végétation hirsute, il faut faire preuve de persuasion. Néanmoins, l’importance des processus naturels, également dans le contexte urbain, est de plus en plus acceptée grâce au lien qui est établi avec les espèces attendrissantes telles que les papillons ou les hérissons, et certainement avec les abeilles sauvages qui sont devenues presque populaires et pour lesquelles les hôtels à insectes ont le même effet que les nichoirs pour la mésange dans le jardin.

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Texte : Filiep Bouckenooghe, VVOG