Dossier appareils sur batterie (2/2)

Nous avons confronté les fabricants et distributeurs d’outils de jardinage plus lourds l’affirmation suivante: ‘L’avenir appartient aux machines sur batterie’. En bref, leurs réactions peuvent se résumer comme suit: le matériel sur batterie est effectivement en plein essor, mais les machines classiques à combustibles fossiles ont également ici leur place, dans de nombreux cas et peut-être encore pour plusieurs années, certainement auprès des professionnels.

L’avenir appartient à la batterie Li-ion

Cette dernière remarque [voyez Dossier appareils sur batterie (1/2)] nous amène à un autre point important: la batterie. Notre tour d’horizon ne serait pas complet sans sonder à quel type de batterie appartiendra l’avenir. Ici, le consensus est grand: la batterie Li-ion s’avère de loin la plus appropriée pour la plupart des travaux. De plus, son champ d’application ne cesse de s’étendre.

“Nous constatons qu’on applique de plus en plus de batteries lithium-ion sur des appareils portatifs, mais aussi sur les tondeuses robotisées pour tondre de façon autonome”, répond Tommy Nagtegaal (Stihl). “Naturellement, elles ne conviennent pas encore pour certaines applications, mais le développement bat son plein.”

“Les batteries Li-ion sont idéales pour les appareils portatifs car elles sont compactes et légères”, ajoute Michaël Carlier (Etesia SAS). “Pour les plus grosses machines, les batteries de traction seront souvent plus intéressantes. Celles-ci sont moins chères, fabriquées en Europe et recyclables.”

“Il n’y a en fait plus débat”, affirme Bart van Hal (Husqvarna). “De plus, il existe aujourd’hui de nombreuses solutions de recharge sur place, par exemple sur la route dans la camionnette, voire même avec des cellules solaires sur chantier. Il nous faut cependant insister sur l’importance de la sécurité incendie: conservez toujours les batteries dans une pièce spéciale à l’épreuve du feu.”

“Les applications plus lourdes posent des exigences très différentes aux batteries”, précise-t-on chez Pivabo. “Reprenons l’exemple du Nimos Posi-Trac: ici, le bloc batteries est composé de batteries LiFePO4. Grâce à leur composition lithium-phosphate de fer, elles sont plus stables et plus durables et résistent mieux aux variations de température, aux décharges profondes et aux recharges partielles.”

En ce qui concerne l’entraînement électrique, nous sommes assurément à la bonne adresse chez Cofabel, le distributeur belge entre autres d’Infinicut, Greenworks et Smithco. Ces trois producteurs misent très fortement sur l’entraînement par batteries.

“Chez Infinicut, on est catégorique. Les batteries lithium-ion sont très appropriées pour la plupart des tâches et sont généralement plus respectueuses de l’environnement, notamment grâce à leur réduction considérable de la pollution sonore”, résume Wilfried Onkelinx de chez Cofabel. “L’utilisation de machines sur batterie rend celles-ci beaucoup plus appropriées pour une utilisation dans des environnements publics ou résidentiels. Même sur les terrains de sport, les heures de travail avec des batteries sont désormais proportionnelles.”

“La marque Greenworks affirme même qu’elle possède uniquement dans sa gamme des batteries Li-ion et qu’elle utilise la technologie la plus avancée sur le marché en matière de cellules, permettant de produire beaucoup plus d’énergie pour un poids égal. Chez Smithco, on constate que les batteries conservent leur charge plus longtemps. Elles ne se dégradent pas,comme les batteries au plomb-acide et se rechargent plus rapidement.”

Émissions et entretien

Reste la question des émissions. L’entraînement électrique semble constituer le choix naturel car, contrairement aux machines à combustibles fossiles, il n’y a pas d’émissions. Mais est-ce pour autant aussi simple? Car la question suivante se pose immédiatement: quid de l’entretien? Les appareils sur batterie nécessitent-ils effectivement beaucoup moins d’entretien, ou y a-t-il anguille sous roche?

“Ils sont plus silencieux parce que leur moteur fait peu voire pas de bruit et produit beaucoup moins de vibrations. C’est ce que soulignent les marques avec lesquelles nous travaillons”, ajoute-t-on chez Cofabel. “L’entretien est tout simplement plus facile parce que les machines sur batterie comportent quoi qu’il en soit moins de pièces mobiles, et nécessitent donc beaucoup moins de réglages et de modifications. Dans de nombreux cas, le moteur ne nécessitera tout simplement pas d’entretien et le stockage pourra généralement s’effectuer dans un endroit sec et couvert.”

“L’évolution des machines sur batterie ne s’arrêtera pas là”, déclare-t-on chez Beel. “Nous constatons que les fabricants lancent sur le marché des machines nouvelles et puissantes qui répondent aux exigences du client professionnel, mais il reste assurément encore de la place pour évoluer.

Nous scrutons nous-mêmes le marché à la recherche de nouvelles solutions écologiques pouvant s’avérer intéressantes pour notre client. D’où notre récente collaboration avec MGE Green, dont nous distribuons la tondeuse autoportée sur batterie (ndlr. Mean Green). Ces tondeuses autoportées ont une autonomie de 7,5 heures.”

“Les émissions sont déplacées”

Chez Etesia, on attire l’attention sur une évolution importante. Le problème ne réside pas dans le fonctionnement des batteries sur le moment même, mais avant: “les émissions sont déplacées, au lieu de rejeter des émissions pendant l’utilisation, vous en rejetez davantage pendant la production, la logistique et la recharge des batteries. Il y a très peu d’études sur le sujet, mais nous pensons que les batteries offrent en fait peu de gains dans ce domaine.”

“L’alimentation électrique constitue une super technologie pour l’utilisateur, mais nous sommes moins convaincus au niveau environnemental. De plus, de nombreuses batteries au lithium contiennent du cobalt qui n’est pas recyclable. On ne considère pas non plus l’impact sur l’emploi, car il faut souligner qu’avec Stihl et Husqvarna, les plus grands fabricants de moteurs 2 temps sont européens, alors que pratiquement tout ce qui fonctionne sur batterie vient de Chine…”

“Un problème similaire se pose au niveau de l’entretien. D’accord, les machines sur batterie nécessitent beaucoup moins d’entretien. Mais d’un autre côté, en cas de problèmes, les coûts seront souvent importants, parce qu’il s’agit de moteurs, de batteries, de circuits imprimés, etc. Par conséquent, les clients ne réparent souvent pas le produit et se contentent d’en acheter un nouveau.”

“Zéro Émission n’est pas possible. Par contre, nous travaillons dur à minimiser les émissions avec notre technologie 2 temps”, affirme-t-on chez Husqvarna. “L’utilisation des carburants alkylates XP Power les plus modernes peut également s’avérer utile. En attendant, nous pensons que la compensation des émissions de CO2 des machines constitue une excellente solution provisoire tant que des alternatives sur batterie ne sont pas encore possibles.”

“Réaction par rapport à l’entretien: en moyenne, les machines sur batterie nécessitent effectivement moins d’entretien. Cette moindre nécessité d’entretien dépendra énormément de l’utilisation, il n’existe ici pas de norme globale. Nous constatons par contre chez nos relations que les machines sur batterie entraînent à terme une réduction considérable des coûts. Non seulement parce que l’électricité est moins chère, mais aussi parce que les coûts d’entretien sont moins élevés. Même si on peut opposer à cela un investissement initial plus élevé.”