Côté jardin : de Monnet à Bonnard – Giverny (France)

Du 1er avril au 1er novembre 2021, le musée des impressionnismes Giverny présentera une exposition unique sur les jardins : Côté jardin. De Monet à Bonnard. Elle rassemblera une centaine de peintures, dessins, estampes et photographies, illustrant la représentation du jardin par les artistes impressionnistes et nabis, sous un angle inédit : la sensibilité face au jardin. Car si de nombreuses expositions ont déjà traité le sujet général du jardin et aussi le thème du jardin chez les impressionnistes, cela sera la première fois qu’un projet confrontera les visions contradictoires et complémentaires qui unissent les impressionnistes et les Nabis.

 

Dans la seconde moitié du XIXe siècle, sous l’impulsion de Napoléon III, le baron Haussmann transforme durablement l’aménagement de Paris, en la dotant de ses célèbres grands boulevards, mais aussi d’espaces verts. Peintres du paysage, les impressionnistes vont naturellement s’inspirer des nouveaux parcs publics de la capitale. Progressivement, ils investissent leurs propres jardins et leur espace intime, dont ils livrent une vision personnelle, habitée parfois par les figures de leurs amis et famille. Leurs admirateurs et contestataires à la fois, les Nabis, reprendront le thème du jardin en s’affranchissant de l’esthétique impressionniste.

La représentation des femmes au jardin

La figure féminine au jardin intéresse toute une génération de peintres, qui fusionnent les genres du portrait et du paysage, avec une vision parfois mélancolique. Sous le pinceau de James Tissot, Alphonse Legros, Albert Bartholomé ou encore Marie Bracquemond, elles sont représentées avec distance, souvent seules, parfois en couple, et leur attitude trahit une absence, une attente ou bien encore une rêverie. Elles sont souvent dépeintes plongées dans leurs pensées, enfermées dans leur monde intérieur qui fait écho à l’espace clos du jardin.

Promenade dans les jardins publics et jeux enfantins

Peintres de la modernité et de la vie quotidienne, les impressionnistes et les Nabis s’intéressent aux nouveaux squares et jardins publics de Paris. Édouard Vuillard et Pierre Bonnard saisissent les promeneurs qui profitent de ces espaces, qu’il s’agisse de nourrices et d’élégantes ou d’enfants s’adonnant à leurs jeux. Une partie de croquet familiale se déroule dans un jardin enchanteur, que Bonnard place hors de la ville et du temps. Auguste Renoir capture les mouvements joyeux d’enfants courant et jouant à la balle.

Jardins luxuriants : le refuge des impressionnistes et des Nabis

Au milieu de jardins foisonnants, indisciplinés, loin de l’espace urbain, le visiteur plonge au cœur du refuge intime des peintres impressionnistes et nabis. Dans les œuvres de Pierre Bonnard, Maurice Denis, Gustave Caillebotte ou encore Claude Monet, ils sont le symbole du bien-être, de la renaissance, d’un éternel printemps, qui se traduisent par la luxuriance de la végétation. Les artistes glissent également vers l’expérimentation de points de vue immersifs dans des œuvres à visée décorative, comme le Parterre de Marguerites de Caillebotte ou encore les représentations, par Monet, de son bassin de nymphéas.

Retour vers l’impressionnisme et annonce de l’abstraction

Défiance vis-à-vis de l’impressionnisme et de la retranscription de la sensation immédiate : voilà ce qui caractérisait les Nabis à la formation du groupe en 1889. Toutefois, vers 1900, leur cercle se disperse et chacun se livre à des expérimentations personnelles, qui finissent par les ramener vers l’impressionnisme. Les perspectives redeviennent plus classiques, l’espace plus profond et la lumière plus directe. Édouard Vuillard et Pierre Bonnard s’annoncent comme les héritiers de l’impressionnisme, composant des formats comparables à ceux de Claude Monet au même moment. Bonnard tend peu à peu vers une abstraction colorée, sans souci d’endroit ou d’envers, de centre ou de bords, préparant déjà ce que la génération américaine d’après-guerre qualifiera d’all-over.

Une visite à prolonger dans le jardin du musée

Après une balade inédite au milieu d’une centaine d’œuvres d’artistes prestigieux, une agréable flânerie vous attend dans le jardin du musée des impressionnismes Giverny. Des parterres spécialement réaménagés pour l’occasion font écho aux thèmes évoqués dans les galeries du musée. Annonçant la seconde exposition de la saison, « Carte blanche à Eva Jospin », deux œuvres de l’artiste plasticienne, Edera et Bois des Nymphes, viennent renforcer le dialogue entre jardin et art contemporain. Ce dialogue avait été amorcé en 2020 avec l’installation, à l’entrée du musée, de l’œuvre Fils d’eau de Giuseppe Penone.

Cette exposition est organisée avec le soutien exceptionnel du musée d’Orsay.

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