Concours des jardins d’agrément Bonpland, palmarès 2016

Proposé chaque année par la SNHF et par Jardiland l’Institut, le concours des jardins d’agrément Bonpland 2016 révèle cette année des jardins majoritairement de grande superficie, ainsi que des facettes du jardinage à forte portée environnementale.

Quatre lauréats ont été distingués dont deux 1er prix ex aequo attribués au jardin de Mme Jobert, en Seine-et-Marne, et à celui de M. Delesalle dans le département du Nord. Le troisième prix va à M. et Mme Gouby pour un jardin de montagne situé dans le département de la Loire. Enfin, un jardin à fort potentiel a été retenu en Haute-Vienne comme « Jardin en Devenir ».
1er prix ex aequo
Le domaine de Berville à La Genevraye – Mme France Jobert

 

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Le domaine de Berville est dans l’air du temps et aussi dans les parfums des rosiers aux formes libres, d’une nature comme savait l’apprécier André Eve. En effet, il a existé une connivence entre le rosiériste récemment disparu et la jardinière experte. Experte, la candidate l’est dans l’association des plantes d’ornement et des plantes potagères, dans l’expérimentation d’un jardinage efficace et moins contraignant, dans la restauration d’un ancien jardin anglais à la manière romantique avec son étang aux berges plantées, sa rivière de sous-bois, son arborétum et le soin de la taille en transparence. Le passage des saisons est anticipé, des parterres printaniers jusqu’aux vives frondaisons d’automne. Voilà pour la spécialité Bonpland qu’est le jardin d’agrément, avec également un souci de partager et de faire participer les personnes handicapées en intégrant la permaculture et la culture sur butte (dans ce cas précis, adapté en hauteur aux fauteuils roulants). Mais là, c’est une affaire de potager et d’un autre concours organisé par la SNHF.

 

1er prix ex aequo
La ferme du Lansau à Marchiennes – M. Delesalle

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Initialement imaginé sur une ferme abandonnée, le projet fut dessiné dans le but de restituer l’ambiance de l’ancien terroir entre bocage et marais de la Flandre romane. M. Delesalle trouve l’inspiration dans la photographie. Il cadre, il ouvre les perspectives, il focalise le regard, il joue entre lumière et ombre. Le jeu se poursuit entre les ouvertures sur le jardin, les vues depuis l’intérieur et les vues depuis le jardin vers le paysage restauré. Son travail est une véritable expertise environnementale reconstituant les écosystèmes (haies, prairie humide, marais, mares, etc.), gérant le bilan carbone de ses actions, combinant les essences d’ornement à celles du bois de chauffe. Ce sont là d’autres dimensions du jardinage qui sont ici proposées. Elles répondent au souci contemporain de baisser l’impact de chacun sur l’environnement. A la ferme de Lansau règne une esthétique, à la faveur d’une sélection de végétaux et d’enjeux bien particuliers.

 

3e prix
L’Ecluse du Moulin à Chazelles-sur-Lavieu  – M. et Mme Albert Gouby

 

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L’agrément de l’eau chantante des cascades et l’humidité d’un fond de vallon ont produit un cadre végétal généreux à l’Écluse du Moulin, à Chazelles-sur-Lavieu (42) chez M. et Mme Gouby

Un jardin de montagne peut figurer parmi les exemples méritants. Dans celui-ci se trouve une riche collection d’arbres et d’arbustes savamment adaptés au site rocheux et boisé de ce vallon du Forez. Pour des amateurs possédant également un jardin d’altitude, M. et Mme Gouby sont des observateurs et des pionniers dans l’acclimatation des végétaux en climat très froid. Ils sont aussi innovateurs en techniques et matériels de jardinage adaptés aux fortes pentes. Le circuit accidenté enjambe un ruisseau de montagne aménagé, cascades sur les rochers, ponton de bois, massifs de plantes d’eau. Il faut imaginer autre chose qu’une brouette pour circuler sur les pentes avec les charges. A côté des intérêts techniques et botaniques évidents, ce jardin offre une grande quiétude et une harmonie, fondue dans la nature. Que l’on ne s’y trompe pas, c’est le résultat d’un gros travail que les visiteurs se prépareront à voir comme pour partir faire une belle promenade en montagne.

 

Prix du jardin en devenir
Montagrier, à Saint-Bonnet-de Bellac – M. et Madame de Montbron

 

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Sorti de l’oubli, le parc de Montagrier retrouve progressivement l’esprit de son créateur. En 1802, Joseph Chérade comte de Montbron (1768-1852) avait dessiné un parc à l’anglaise sur les hauteurs de la Gartempe. Cet homme était écrivain, musicien, dessinateur, passionné par la botanique, la zoologie et la géographie. Montagrier trouvait son inspiration parmi les découvertes des explorateurs, tel Aimé Bonpland. La faune et la flore nouvelles, recueillies par les grands amateurs telle l‘impératrice « J. » à la Malmaison ou encore, par François-René de Chateaubriand à la Vallée-aux-Loups ont aussi imprégné Montagrier. On peut toujours y voir les vestiges de la grande serre aux colonnes doriques, de grands arbres centenaires, un tracé d’allées à la façon du fameux paysagiste Paul de Lavenne comte de Choulot. Ailleurs se trouvent aussi d’anciennes cages ouvragées témoins de l’ancienne ménagerie. C’est une restauration du parc qui prend forme depuis 2008 et en progressant par dégagement des anciennes perspectives et par replantation des essences. Le contemporain n’est pas exclu, des parterres fleuris et des bosquets d’azalées viennent ponctuer cet espace en devenir. C’est aussi une nouvelle tendance que de respecter le semis spontané des vivaces.

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