Bruxelles / Un potager, des serres et un élevage de poissons sur les toits [VIDEO]

La société Bigh et ses nombreux partenaires ont levées le voile sur la plus grande ferme urbaine aquaponique d’Europe! Celle-ci comprend 40 ares de serres, pisciculture et jardins extérieurs… suspendus sur les toits d’un bâtiment en plein coeur de Bruxelles.

C’est sur les toits plats de la toute nouvelle halle alimentaire Foodmet, sur le site de l’abattoir d’Anderlecht, que l’initiateur de ce projet un peu fou a décidé d’implanter la « Ferme Abattoir », fruit d’une collaboration entre les sociétés Bigh sca et Abattoir sa.

La société Bigh – Building integrated greenhouses – a pour objet la création de synergie entre l’agriculture urbaine, la pisciculture et la production végétale hors-sol sur les toits de bâtiments urbains sources d’énergie récupérable. « J’ai créé aussi celle-ci pour démontrer que l’agriculture urbaine est en mesure de produire une alimentation de qualité, de façon rentable, pérenne et productive au-delà de son caractère social », explique Steven Beckers, architecte de formation et passionné par les grands défis environnementaux et alimentaires de ce début de 21e siècle, particulièrement dans les grandes mégalopoles.

 

 

En combinant l’élevage de poissons et la production de jeunes plants, de légumes, de fruits, d’herbes aromatiques et de micropousses hors-sol, cette ferme urbaine, baptisée « Ferme abattoir » en raison de sa localisation, applique une technique connue depuis des millénaires : l’aquaponie. Ce terme est la contraction entre aquaculture (dont l’élevage de poissons) et hydroponie ou production de végétaux hors sol. Schématiquement, l’eau « souillée » par les déjections des poissons est traitée par des microorganismes avant de revenir alimenter et fertiliser les productions végétales.

L’aquaponie a été réellement développée à partir de l’aquaculture en circuit fermé. Elle permet des économies considérables en eau. La technique mise en œuvre à la Ferme abattoir comprend deux circuits fermés – l’un pour les plantes, l’autre pour les poissons –, qui sont reliés par un biofiltre activé par des milliards de microorganismes. C’est de celui-ci qu’est extraite quotidiennement une partie de l’eau nécessaire pour renouveler l’eau où sont élevés les poissons et pour alimenter les plantes dans la serre et dans le potager en extérieur.

Les poissons sont nourris de protéines végétales et de farine sélectionnée résultant de l’équarrissage du poisson. L’ensemble constitue un système naturel, scrupuleusement contrôlé et automatisé.

Bigh entend développer plusieurs « fermes urbaines » à Bruxelles, mais également dans de nombreuses autres métropoles d’Europe et même au-delà. L’entreprise s’est entourée pour cela de nombreux partenaires experts dans les différents domaines concernés : serre, substrat, semences, lutte biologique, bourdons pollinisateurs, insectes auxiliaires, couverture de sol, étanchéité et protection des toitures, ingénierie…

Caractère social
« L’agriculture urbaine est un support à une transition alimentaire durable et à la résilience des villes. Elle participe aussi à renouer le contact entre les consommateurs et les producteurs », note encore Steven Beckers.

La Ferme Abattoir travaille notamment avec une entreprise sociale employant des personnes issues de Bruxelles et particulièrement du quartier, en réinsertion grâce aux activités d’agriculture urbaine. Elle opère aussi avec un atelier protégé employant des personnes handicapées, également en leur proposant des métiers à long terme autour de l’agriculture urbaine.

Économie circulaire
Steven Beckers a voulu que cette ferme urbaine aquaponique s’inscrive totalement dans les principes de l’économie circulaire : le fonctionnement est très économe en eau, qui provient de la pluie récoltée sur les serres (réservoir de 100 m3) et d’un puits foré à 70 m de profondeur.

L’énergie provient du soleil, de la récupération des calories produites par la tour de refroidissement des chambres froides du Foodmet, abattoir sa. Une pompe à chaleur permet de produire à peu près 50 % d’énergie renouvelable dans la ferme. Celle-ci a aussi accès à l’électricité produite en partie par des panneaux photovoltaïques disposés sur les toits de la sa Abattoir.

« Ce modèle s’inscrit aussi dans la production locale, les circuits courts, la mobilité et l’absence de chaîne du froid dispendieuse en transport, en énergie, et défavorable à la qualité. Le lien local, social, l’éducation et la sensibilisation sont bien présents également. Deux entreprises d’économie sociale sont impliquées dans la culture et l’emballage des productions.

En enfin, le modèle économique est pérenne et rentable. « Nous avons un bail de 36 ans sur cette ferme, et comptons bien poursuivre au-delà. Et c’est l’exemplarité. Aujourd’hui, il faut arrêter de parler, il faut faire. »

La production attendue
Au total, 40 ares de toitures sont consacrés pour moitié à une production en intérieur : serres et pisciculture, et pour le solde à un jardin potager en extérieur : légumes feuilles et légumes fruits pour le restaurant de l’atelier protégé partenaire, mais aussi des petits fruits (mûres, framboises, groseilles) ; une partie du jardin extérieur sera consacrée à l’étude de nouvelles technologies de culture sur toiture. urbaine.

La production attendue s’articule comme suit : 35 tonnes de poissons de table par an, plus précisément du bar rayé (d’estuaire, d’eau chaude), à la chair blanche, ferme et goûteuse ; 15 tonnes de tomates de très haute qualité (cerises), cocktail et de petit calibre) par an ; 2.700 pots d’hetbes aromatiques par semaine ; 120.000 barquettes de micro-pousses par an.

Infos et visites organisées : www.abattoir.farm