Bas Smets commissaire Biennale de Bordeaux

Agora, biennale de Bordeaux – architecture, urbanisme et design se déroulera du 21 au 24 septembre 2017 au Hangar 14 et partout en ville. Le commissariat général de cette 7ème édition a été confié à l’architecte-paysagiste Bas Smets.Après les métropoles millionnaires en 2010, le patrimoine en 2012 et les espaces publics en 2014, la Ville de Bordeaux propose pour Agora 2017, le thème « Paysage en mouvement, paysage en progrès ». Ce thème complète cette série introspective de réflexion de la métropole sur ce qu’elle est, et sur ce qu’elle peut devenir.

Ce que les parcs et jardins étaient au 19ème siècle, c’est à dire un accompagnement en vue de l’assainissement et de l’embellissement du projet de la ville, les paysages, aux fonctionnalités plus complexes, le sont aujourd’hui pour le projet de la métropole. La métropole, soumise à une croissance continue, exige l’intériorisation des paysages afin de créer un nouvel équilibre autour d’un paysage habité.

Aujourd’hui, toutes ces villes européennes deviennent des métropoles, et avec leur expansion spatiale l’opposition entre ville et campagne s’efface. Les limites perdent en netteté, et les rapports entre la métropole et la composante nature se sont modifiés. Le mouvement de la nature s’observe en dehors comme au cœur de la métropole, et cette dernière en devient de plus en plus dépendante. Ce bouleversement s’accompagne d’une évolution de la notion de paysage qui devient un outil de projet du rapport entre l’activité humaine et le mouvement de la nature.

Nicolas Forestier et Frederick Law Olmsted intervenaient autour des villes denses en constituant – a priori – des « systèmes de parcs », réseaux d’espaces naturels qui a permis d’organiser par la suite la gestion de l’eau pour la métropole. Il s’agit d’organiser 150 ans plus tard la métropole en intervenant – a posteriori – au cœur de celle-ci, en inventant un paysage performant organisé sous les formes fortes de ‘structure de paysages’. Celles-ci, encore invisibles, ont la capacité de rassembler tous les éléments visibles susceptibles de s’allier entre eux. Le « paysage métropolitain » donne une forme forte à la nature, au cœur de la métropole.

L’expansion de la métropole intègre des espaces non construits, comme les friches ferroviaires, les friches industrielles, les zones natura 2000 ou encore les surfaces inondables. La fonction particulière qu’occupe le paysage dans le champ des arts et de l’ingénierie peut permettre la constitution d’une structure pour la ville diffuse qu’engendre cette expansion.

Aujourd’hui nous avons la tâche de ré-imaginer des paysages, là où on ne les voyait pas auparavant. Comment imaginer des paysages qui accompagnent le projet métropolitain ? Si le paysage est une forme forte dans le territoire, comment imaginer une « structure de paysages », inspirée des « systèmes de parcs » de Nicolas Forestier et Frederick Law Olmsted, mais adaptée à la vision métropolitaine?

Comment créer des paysages « performants » pour répondre aux questions que posent la métropole aujourd’hui, telles que la nécessité traditionnelle de la maîtrise de l’eau, la production agroforestière ou agroalimentaire ou encore la nécessité d’ouvrages infrastructurels, à quoi s’ajoutent les nouvelles exigences comme celles de la régulation du confort extérieur, de l’accroissement de la biodiversité, de la diminution des pollutions, ou encore de la transition énergétique. La structure de paysages peut être l’outil par excellence de l’ancrage de la métropole dans le territoire.

Le bureau Bas Smets s’entoure d’une équipe de conception internationale en s’associant au scénographe new-yorkais Randall Peacock, reconnu pour ses nombreuses interventions dans le milieu du cinéma, de la mode et de l’exposition, ainsi que le graphiste flamand Joris Kritis, dont l’activité est majoritairement liée au secteur culturel. Autour de ces trois disciplines fondamentales gravitent six disciplines indispensables à la construction de la pensée et à la fabrication des lieux nourrissant cet événement. Ces disciplines sont incarnées par Sébastien Marot, philosophe du paysage, Wolfgang Kessling, ingénieur climatique chez Transsolar, Erik De Waele, botaniste, Anne-Marie Fèvre, journaliste, Eric Perez, spécialisé dans l’assistance à maitrise d’ouvrage, et Luc Saucier, avocat spécialiste du droit dans le domaine de l’art.