La perméabilité des pavages sera le mot d’ordre du futur

Face à un changement climatique de plus en plus perceptible, la perméabilité des sols est devenue un des principaux points à prendre en compte lors de l’aménagement de petites et grandes surfaces extérieures. Mais comment contribuer à réaliser un monde où les pavages ne seront plus un ennemi, mais un allié ? Pour en savoir plus à ce propos, nous avons enquêté auprès d’un certain nombre de spécialistes en la matière et examiné les solutions à retenir aujourd’hui et demain.

Avant de commencer, décrivons brièvement les différents matériaux qui existent. De manière générale, il nous faut établir une différence entre les revêtements durs et les revêtements semidurs. Les matériaux durs sont l’asphalte, le béton, le carrelage, les pavés en terre cuite, les pavés classiques, … Les matériaux semidurs sont par exemple les galets, le gravier ou la dolomie.

Mais la subdivision ne s’arrête pas là. Ainsi, les carrelages peuvent être constitués de différents matériaux, et les grands formats sont très à la mode pour réaliser des petites surfaces extérieures. Mais il existe aussi de la pierre naturelle (pavés), des dalles céramiques, du béton, de l’asphalte, des pavés en terre cuite, …

De « nouveaux » matériaux

Nous connaissons tous ces classiques. Mais qu’en est-il des innovations et quid de leur perméabilité ? Pour résumer, disons qu’il ne s’agit pas de « nouveaux » matériaux, mais plutôt de matériaux « réinventés », sur un marché où l’évolution ne s’appréhende pas en mois, mais en années.

Ainsi, nous remarquons que les pavés autobloquants drainants ont le vent en poupe depuis un certain nombre d’années. Les autobloquants ne sont certes pas nouveaux, mais de nouveaux usinages ont permis de réaliser des modèles particulièrement bien adaptés aux grands espaces publics, comme les parkings, tout en restant aussi réutilisables que leurs prédécesseurs bien connus. Un fabricant comme Vandersanden en constitue un bel exemple. On trouve dans son assortiment notamment des pavages décoratifs cuits et des pavés autobloquants conçus pour durer plus d’un siècle en raison de la résistance extrême aux intempéries que leur confère une cuisson optimisée.

Vers le béton et les dalles en béton

Il est tout aussi intéressant de constater l’intérêt de plus en plus prononcé pour le béton, surtout dans le cas de grandes superficies. Ces dernières années, la perméabilité du béton n’a cessé de s’améliorer. Actuellement, différents produits en béton permettent à l’eau de s’infiltrer sur place. Elle est ensuite stockée dans les fondations avant de pénétrer peu à peu dans le sous-sol. Cela évite d’une part de surcharger les égouts, et permet de l’autre de maintenir la nappe aquifère à niveau.

Nous pouvons dire qu’il existe actuellement quatre types de pavés en béton : les pavés en béton à joints élargis, les pavés en béton à ouvertures de drainage, les pavés en béton poreux et les dalles de gazon béton.

Les pavés en béton à joint élargis présentent sur les côtés de larges cames ou entretoises qui créent de larges joints après la pose. C’est via ces joints que l’eau s’écoule vers la fondation. Les modèles à ouvertures de drainage ont quant à eux été conçus pour laisser, grâce à leur forme spécifique, l’eau s’infiltrer via les ouvertures créées lors de la pose.

À côté de cela, on trouve les pavés en béton poreux, qui sont perméables en raison de leur composition poreuse. Pour obtenir ce type de pavé, il suffit de remplacer la composition de béton dense du pavé classique par une composition de béton poreuse qui permet d’obtenir la capacité d’infiltration recherchée. Finalement, il existe les dalles de gazon en béton, qui peuvent également être utilisées comme pavage perméable et dont les ouvertures sont remplies de gravier ou de végétation. Mais attention : quel que soit le type de pavage drainant, il faut tenir compte du type de sous-sol. Si vous ne posez pas vos pavés sur une structure elle aussi perméable, tous vos efforts auront été vains.

Toutes ces évolutions ont bien évidemment fait leur chemin chez les fabricants. Une société comme Eurodal, par exemple, constate que les pavés en béton sont de plus en plus souvent abandonnés au profit de dalles de sol en béton préfabriqué (et que les matériaux composites remplacent les terrasses en bois dur). Remarquons en passant que ce sont essentiellement les clients particuliers qui optent aujourd’hui pour un matériau en béton préfabriqué offrant un look industriel minimaliste. Leur priorité, c’est d’avoir le moins de joints possibles, et donc le moins d’entretien possible. Ils optent en outre massivement pour des dalles grand format, qui apportent une touche de sérénité du jardin. Les clients se laissent tenter par des matériaux qui ont apporté la preuve de leurs qualités. Chez Eurodal, on a également remarqué que les clients optent de plus en plus pour des galets liés à la résine plutôt que pour un revêtement en galets classiques, et que les traditionnels pavés en béton de 14 x 14 semblent vraiment avoir fait leur temps.

L’éventail de matériaux sûrs ne cesse de s’élargir

Une société comme MBI constate la même évolution, qui ne concerne pas que les produits en béton. Elle souligne en particulier combien l’éventail de matériaux « sûrs » s’est étoffé. Un exemple: alors qu’à l’origine, on n’utilisait les dalles grand format du segment haut de gamme que pour aménager des jardins privés, on assiste désormais à la percée de ces dernières dans les espaces publics. Une place regroupant des restaurants devient la carte de visite d’une commune, tandis qu’une terrasse originale attire tous les regards.

Et ce fabricant d’attirer l’attention sur un produit relativement neuf pour les grands espaces, qui anticipe le développement évoqué. L’argument, ici, est qu’un produit de qualité doit également être élégant. Si on avait tendance jusqu’à il y a quelques années à recourir à des matériaux relativement sûrs comme le pavé en béton gris ou le pavé, il existe désormais des alternatives plus intéressantes.

Toujours dans la gamme de béton préfabriqué, Ebema-Stone&Style note une augmentation marquée de la vente de multiformats. Les multiformats consistent à combiner plusieurs formats, à utiliser des couleurs nuancées en appareil sauvage, … En d’autres termes, on peut faire plus avec les produits existants, et ce tant sur le marché particulier que sur le marché des projets.

Cela nous ramène au scénario classique, car les choses ont évolué de ce côté aussi. On retrouve en effet une autre nouveauté pour les grands espaces du côté des très classiques platines. Spécialisé dans la réalisation d’allées, terrasses, espaces publics et jardins, Hofman SA explique notamment avoir commercialisé une nouvelle platine déjà utilisée dans des espaces publics à Bruges et à Bruxelles et dont la couleur évoque très fort celle des platines belges bien connues.

Jouer sur l’infiltration de l’eau

Quand nous tentons de définir la méthode d’infiltration idéale, nos interlocuteurs indiquent que les critères à satisfaire sont de toute évidence beaucoup plus nombreux que jadis. Cela est dû d’une part à une prise de conscience grandissante des maîtres d’ouvrage, et de l’autre au renforcement de la réglementation. Prenons par exemple la province du Brabant flamand. L’utilisation de pavages perméables y est obligatoire, mais elle peut en outre être imposée localement via une prescription de lotissement.

De façon générale, nos interlocuteurs nous disent que le réchauffement climatique se traduit par des averses plus courtes et plus intenses associées à des périodes de sécheresse souvent plus longues. Le réseau d’égouts existant est incapable d’avaler cette quantité d’eau, mais on constate aussi que le sous-sol devient de plus en plus sec. Conclusion : il nous faut désormais paver de façon plus intelligente et plus ciblée, avec des matériaux toujours plus durables (et de plus en plus circulaires), par exemple un sentier de jardin en pavés en terre cuite ou une allée en pavés de terre cuite perméables.

Intéressant à savoir aussi : dans les artères commerçantes, on remarque un glissement vers l’utilisation de dalles en granit. Pour deux raisons. D’une part, leur planéité, qui est importante pour le piéton comme pour le cycliste, et de l’autre un entretien grandement simplifié. Soulignons un dernier élément : dans les grands jardins et les projets publics, nous notons que la tendance est aux dalles grand format de plus en plus grandes. On pense à ce titre que le format de 1 x 1 m devrait bientôt devenir la règle plutôt que l’exception. On trouve même aujourd’hui des dalles grand format de 2 x 2 m, 2 x 1,5 m, …

Circularité

La notion de circularité revient souvent dans le domaine des pavages. Nous l’avons déjà indiqué quand nous évoquions les pavés en terre cuite : le remploi est à la mode. Et c’est un concept qui touche également les dalles de sol préfabriquées, qui peuvent être réutilisées par exemple quand une entreprise déménage.

Qui plus est, la demande de matériaux labellisés augmente. Cela offre la garantie qu’ils font partie d’un scénario de construction durable. Il est important ici non seulement de vérifier l’origine du revêtement en dur, mais aussi des conditions de production, de l’utilisation idéale et des possibilités de recyclage après l’utilisation. Le plus petit dénominateur commun dans tous ces scénarios est que personne n’est pour la généralisation du pavage. Les solutions se situent plutôt à mi-chemin entre « gris » et « vert ». Ajoutons à cela le fait que l’aspect écologique doit également prendre en considération que le pavage doit nécessiter peu d’entretien et offrir un durée de vie allongée.

Le plus bel exemple de labellisation se retrouve peut-être chez Vandersanden, qui commercialise notamment des pavés autobloquants. Vandersanden est la seule briqueterie certifiée pour l’échelle de performances ESR. Elle crée littéralement une nouvelle nature dans votre jardin, contribuant ainsi concrètement à un monde durable.

Écoulement et stockage des eaux pluviales

Tout ceci nous amène à la meilleure solution pour réconcilier pavages et espaces verts. Le choix de réduire les surfaces pavées semble évident, mais une solution plus pratique consiste à opter pour un système d’évacuation et de stockage de l’eau. Cela n’est malheureusement pas encore obligatoire chez les clients particuliers, auxquels on ne peut que proposer la solution. Du côté des administrations publiques, par contre, nous constatons que le pavage « laissant passer l’eau » a déjà été adopté, en combinaison ou non avec un système de stockage.

Nos interlocuteurs font remarquer à cet égard qu’il est important de toujours partir du principe d’une infiltration de l’eau sur place. Si le sol est peu perméable, comme l’argile, il faut prévoir un stockage important dans la sous-fondation, afin de permettre à l’eau de s’infiltrer peu à peu dans le sol.

La perméabilité est devenue un facteur important dans le choix du matériau de pavage, car les communes l’imposent aussi à leurs résidents dans les prescriptions de pavage autour des habitations. Signalons pour finir un dernier élément qu’il ne faut pas sous-estimer : le joint.

Quand on pose un revêtement en dur perméable, il est important de bien réfléchir à la bonne combinaison de l’ensemble, comme la perméabilité (ou l’absence de perméabilité) du joint et la quantité d’eau qui doit pouvoir être évacuée d’un coup. N’oubliez pas que le nombre de joints et la pente sont variables, mais peuvent jouer un rôle important.

Entretien

Pour finir, attardons-nous quelques instants sur l’entretien d’un pavage. Les réponses que nous avons obtenues ont été très diverses, et nous les avons énumérées pour vous.

• Il vaut mieux prévenir que guérir : pendant la pose, on peut ainsi déjà prendre de nombreuses mesures qui empêcheront le développement des mauvaises herbes.
• Prévoyez des joints qui ne sont pas trop larges. Plus ils sont larges, plus le milieu de culture créé sera important.
• Ne remplissez pas les joints avec un matériau trop fin (par exemple : du sable avec une teneur minimum de matériau fin < 0,063 mm). Plus le matériau est fin, plus il retient l’eau.
• Prévoyez une bordure autour du pavage. Elle maintiendra le matériau en place et l’empêchera de basculer et de se déplacer latéralement. Vous évitez ainsi que le joint s’élargisse avec le
  temps, ce qui favorisera la croissance des mauvaises herbes. En outre, une bordure tout autour permet d’éviter tout contact direct entre le pavage et l’environnement.
• Évitez le ruissellement des parties non pavées vers le pavage.
• Évitez les recoins et les détails dans lesquels la saleté peut s’accumuler.

Ce dossier a pu être réalisé grâce à la collaboration de Febe, Wienerberger, Hofman SA, MBI De Steenmeesters, Vandersanden, Ebema et Eurodal.

 

Auteur : Jan Hoffman