La Promenade Verte bruxelloise récompensée au Grand Prix d’Architecture de Wallonie 2017

L’idée de départ était de réaliser un « Parcours paysager continu reliant entre eux des espaces verts ainsi que des zones de sports et de loisirs, des éléments variés d’intérêt architectural, social et commercial ».

Un défi relevé haut la main par l’architecte Chantal Vincent avec le bureau Dessin et Construction , puisque ce projet a été récompensé dans la catégorie Réalisation hors Wallonie d’un architecte wallon au Grand Prix d’Architecture de Wallonie.

 Itinéraires et aménagements choisis

L’objectif de Chantal Vincent était d’en faire « un lieu de détente et de loisirs destiné principalement aux piétons et aux cyclistes ».  La Promenade Verte devait donc donner à voir et à apprécier, dans des conditions de confort et de sécurité, les composantes les plus attractives de l’environnement. Elle devait aussi jouer un rôle de colonne vertébrale structurante de boucles de promenade connexes et favoriser leur développement.

Dans cette optique, il était indispensable d’identifier clairement son parcours  mais aussi un choix de matériaux, de mobilier, un principe d’aménagement, etc.. bien précis. Les interventions ont donc porté autant sur des études d’itinéraires ou d’aménagements urbains que sur des interventions ponctuelles de carrefours, traversées et partage de l’espace public entre les différents utilisateurs ou sur la création de nouveaux parcours permettant de relier les lieux d’intérêts environnementaux ou paysagers.

 

Réflexion globale de projet urbain

Les diverses études et projets ont été réalisés dans le cadre de la mise en œuvre de la Promenade Verte pour Bruxelles-environnement avec, entre autres, des interventions en site classé ou à l’opposé en milieu autoroutier. Des projets qui ont entre autre abordé la question des échelles et des interfaces entre réseaux extra-locaux et espaces publics du quotidien. La démarche était d’inscrire un projet de mobilité dans une réflexion globale de projet urbain intégrant les aspects de mobilité attendus mais aussi de paysage, d’environnement, de cadre de vie et aussi d’image d’une politique de développement durable. Le projet régional devant s’inscrire dans les réalités territoriales communales, une analyse des enjeux aux différentes échelles était indispensable.  Un réseau concerté de services et d’administrations régionales, communales et fédérales a été mis en place avec pour enjeu d’impliquer dans la réalisation du projet les différentes administrations et niveaux de pouvoirs dont les enjeux sont parfois antagonistes, mais en tout cas souvent considérés comme secondaires par rapport à leurs objectifs spécifiques.

Collaboration d’une équipe pluridisciplinaire

Une équipe pluridisciplinaire d’urbaniste, architecte, ingénieur, paysagiste et environnementaliste a été associée à la mise en œuvre du projet global. Cette équipe a contribué à la validation du tracé du parcours. Un tracé conçu à l’échelle locale, en fonction des objectifs de mise en valeur du patrimoine social et environnemental, de confort et de sécurité des usagers, de protection et développement des potentiels environnementaux et paysagers des lieux traversés. L’équipe a également établi des avant-projets d’aménagements des lieux identifiés comme structurants, à sécuriser ou à valoriser pouvant aller du marquage d’une traversée, à la stabilisation de berges, la création de chemins ou la réalisation d’ouvrages d’art. L’équipe a ensuite fait valider ces options auprès des autorités locales afin que celles-ci les inscrivent dans leurs programmes locaux de développement. Enfin, l’équipe a travaillé à la réalisation des projets d’aménagement identifiés comme d’intérêt régional.

Les itinéraires

En ce qui concerne la portion « Place Saint-Vincent – Réserve naturelle du Moersake – Parc bon Pasteur »  à Evere, l’intervention a porté sur la restructuration de l’articulation de la Place Saint-Vincent avec les espaces verts voisins. Autrefois bordée de clôtures grillagées et de conteneurs, le fond de place est aujourd’hui « construit » : une longue « pergola » constitue la quatrième façade de la place tout en laissant percevoir les espaces verts. L’opération a structuré l’espace et permet à présent de guider le promeneur d’une espace vert à l’autre, tout en proposant un lieu de détente et de rendez-vous tantôt tourné vers la place, façade urbaine, tantôt vers le parc Roi Baudouin, façade paysagère, tantôt vers le club de pétanque et la plaine de jeu, lieu de convivialité et de proximité.

L’intervention de la portion « Avenue Van Praet/A12 – traversée du Rond-Point du gros Tilleul – Pavillon Chinois à Laeken » a porté sur la création d’une nouvelle liaison cyclo-piétonne. Cette intervention offre un parcours sécurisé dans un contexte de mobilité autoroutière et l’aménagement des traversées et abords du Pavillon Chinois pour permettre l’accessibilité des sites à partir des quartiers voisins. Une confrontation d’échelles et d’usages théoriquement incompatibles qui a mené à une modification de l’entrée de ville autour du Pavillon Chinois et du statut autoroutier.

La portion «  Chemin du tram – Boulevard du Centenaire à Laeken »  a été transformée pour créer un nouvel accès au parc de Laeken à l’articulation avec le parking du boulevard du Centenaire, et au réaménagement du carrefour. L’enjeu était de créer un lieu de référence à l’échelle du piéton dans un paysage urbain d’échelle métropolitaine.  Le projet a restructuré une partie du parking pour créer une interface entre la promenade qui mène au parc et le parking – point d’arrêt des autocars de touristes pour la photo de l’Atomium.  La création d’un petit jardin accessible au promeneur comme lieu de rendez-vous, aux touristes comme lieu de pose ou aux clients de la friterie en fait un lieu des rencontres improbables …. La création d’un parvis urbain règle la cohabitation des piétons et cyclistes avec le trafic des trams. Cette intervention ciblée et relativement modeste retisse un lien entre des grands espaces verts patrimoniaux tant en termes paysagers à l’échelle du boulevard que fonctionnels et sensibles à l’échelle du piéton.

L’intervention de l’itinéraire « Parc Roi Baudouin -Square Lorge – liaison gare de Jette à Jette » a porté sur la reconfiguration de l’entrée du parc et son articulation avec le square Lorge et la gare de Jette, d’une part, et sur l’école du Sacré-Cœur et le parc de la Jeunesse de l’autre. Parvis d’entrée du parc, le Square Lorge réinterprète la morphologie originale du château en recréant le portique d’entrée qui ouvre la perspective vers le parc et l’école. En transformant le carrefour en placette, le square devient maillon d’un nouveau lien entre le parc et le centre actif de Jette. La création d’un cheminement confortable pour tous et la valorisation du point de vue font que, d’entrées «de service », les accès par le square Lorge ou par I’avenue du Sacré-Cœur deviennent de véritables interfaces entre l’urbain et le parc et des lieux polyvalent de rencontre, de loisir, d’attente ou de passage. Par le tracé des lignes paysagères structurantes, le choix des matériaux et le traitement de la végétation, l’intervention s’est appuyée sur le contexte existant, l’a valorisé et de ce fait, il semble avoir toujours été là.