Le Grand Lyon / La Charte de l’arbre

La Chartre de l’Arbre du Grand Lyon vise à prendre en compte d’une part le paysage dans les politiques publiques de façon durable pour une meilleure qualité de vie, et d’autre part l’arbre dans les projets d’aménagements, qu’ils soient publics ou privés.  La charte rend incontournable la présence de l’arbre dans le développement urbain.

La ville moderne est devenue de plus en plus fonctionnelle au cours du 20ème siècle, par contre, les politiques de développement ont longtemps délaissé les questions d’environnement et de cadre de vie. Aujourd’hui, il semble légitime de rechercher à améliorer confort et attractivité mais aussi de s’alerter sur la vulnérabilité du territoire. Pour répondre à cette problématique, il faut se convaincre que la condition même d’un développement urbain durable vient de la réconciliation entre la nature et la ville.

Bien méconnu, le patrimoine arboré est une composante active de la ville offrant de nombreux bénéfices et services : climatisation de la ville, participation à la gestion de l’eau, dépollution de l’air et des sols, bienfaits sur le psychisme des urbains… Face à ces réalités, nous nous devons de prendre conscience de cet allié et de valoriser au mieux la place de la nature à nos côtés pour envisager un développement durable de la ville et de nos vies.

Pour ce faire, nous avons besoin d’un outil rassemblant l’ensemble des acteurs du territoire dont les métiers, les actions ou la sensibilité sont en interface avec la question de l’arbre. Support de connaissances partagées et principes sur lesquels s’appuyer, la charte de l’arbre doit être perçue tel un guide. Elle a pour objectif l’amélioration et l’harmonisation des pratiques dans le but d’assurer ainsi une protection durable et acceptée par tous aux arbres qui composent les paysages de notre agglomération.

La charte prévoit de renforcer les plantations d’arbres comme facteur de climatisation et d’adaptation aux évolutions de températures par l’ombre portée et pour le maintien de la biodiversité. Elle prévoit également de limiter les essences allergènes et d’améliorer les structures des sols pour lutter contre l’érosion.

Une démarche partenariale

La charte de l’arbre est une démarche partenariale de territoire qui a pour vocation de rassembler les acteurs publics privés et associatifs, dont les missions, les actions ou les métiers s’interfacent avec la question de la production et du développement de l’arbre en  milieu  urbain. Il s’agit de partager des valeurs, de co-construire des projets, de mutualiser des moyens et surtout de favoriser les échanges et les solidarités.

En adhérant à la charte, chaque signataire s’engage à élaborer et à mettre en œuvre un plan d’action. Ces plans s’inspirent des 25 recommandations formulées dans la charte de l’arbre et sont un engagement libre et volontaire.

Des guides sont à la disposition des signataires pour préciser leurs engagements, ces derniers devant être quantifiés et évaluables. Une procédure d’évaluation et d’actualisation des engagements sera engagée tous les trois ans pour permettre le suivi qualitatif et quantitatif de la démarche et d’orienter son évolution dans le temps. La charte de l’arbre est en effet imaginée comme un dispositif progressif et évolutif, destiné à vivre et à s’épanouir sur le long terme.

 

 

Huit grands principes pour créer

• La diversité : utiliser au mieux les quelques 300 espèces et variétés d’arbres de la région lyonnaise. Aussi bien dans un souci esthétique qu’écologique. Parmi plusieurs orientations dans la charte, mentionnons la volonté de limiter chaque espèce à 10 % du patrimoine arboré.

• La permanence : conserver au fil des saisons un paysage attrayant en prenant mieux en compte l’évolution des végétaux, qu’ils soient à feuilles caduques ou persistantes.

• La durée : en milieu naturel, les arbres peuvent vivre plusieurs centaines d’années. En ville, leur espérance de vie dépasse rarement cent ans. Une situation qui peut changer en améliorant les conditions de vie des arbres (eau, sol…)

• La dynamique du paysage : l’arbre va se développer sur une longue période et modifier ainsi le paysage. C’est cette dynamique qu’il faut anticiper dès la conception du projet d’aménagement.

• L’économie : planter, gérer et entretenir mieux et plus pour moins cher s’inscrit dans la problématique générale de rationalisation des dépenses tant publiques que privées.

• La pédagogie : la prise en compte durable de l’arbre dans la cité doit devenir l’affaire de tous. Ce qui demande un travail d’information et de sensibilisation des citoyens.

• La solidarité : l’arbre est porteur de valeurs symboliques très fortes d’altruisme et de de solidarité. En planter un est un geste qui engage l’avenir et qui concerne donc plusieurs générations.

La recherche et l’innovation : adopter une stratégie de recherche et de développement dans le domaine de l’arboriculture urbaine et du paysage.

 

Neuf entrées thématiques

Un des objectifs central de la Charte de l’Arbre est de faciliter la mutualisation des connaissances et le partage des savoirs. Ces connaissances ont été réparties selon neuf entrées thématiques qui correspondent aux principaux champs des savoirs sur l’arbre et ses interfaces environnementales, sociales et techniques avec la ville.

Ces thématiques intègrent également nos interrogations actuelles qui délimitent les limites de ces connaissances et justifie des efforts continus d’observation, d’innovation et de recherche. Du fait de leur caractère évolutif, les connaissances consignées dans les articles, les fiches techniques, les guides ou les études présentées sur ce site sont appelées à être régulièrement actualisées, complétées, voire remise en question. L’avis des lecteurs et des partenaires de la charte de l’arbre est d’ailleurs sollicité pour permettre l’amélioration continue de la formalisation de ces connaissances.

Les 9 thèmes de la charte sont :

1. Arbre, fertilité et sols urbains

Le sol est le point de départ impératif de toute réflexion sur la question du vivant. Il est le résultat et la condition même du développement de la vie sur terre. Le sol est appréhendé ici selon une approche agro-pédologique, c’est-à-dire comme support fertile destiné au développement de l’arbre et de son cortège écosystémique (c’est à dire les micro-organismes, animaux et plantes qui l’accompagnent). La terre qualifiée de « végétale » est la résultante d’un long processus naturel, la pédogénèse, qui permet de constituer au fil des siècles cette mince couche superficielle fertile du sol par décomposition des roches mères sous l’action du climat et des êtres vivants (bactéries, champignons, végétaux et animaux). On considère à titre indicatif qu’il faut environ un siècle pour constituer1 cmde terre fertile, c’est pourquoi la terre doit être considérée comme un matériau difficilement renouvelable, que la ville se doit de protéger, de mesurer la rareté, et d’éviter le gaspillage. Les documents ci-dessous tentent d’éclairer nos connaissances sur les différents aspects à prendre en compte par les acteurs de la ville concernant la valorisation des sols et la création de supports fertiles pour des plantations urbaines durables.

2. Arbre, eau et climat 

L’air et l’eau sont les deux éléments indispensables au développement des arbres. Les végétaux fonctionnent comme des sortes de pompes qui extraient l’eau du sol, la conduisent vers l’ensemble de leurs tissus vivants, notamment vers les feuilles. Dans les feuilles l’eau participe à l’accomplissement de la photosynthèse, puis est en grande partie rejetée dans l’atmosphère sous forme de vapeur d’eau. Ce processus actif appelé évapotranspiration agit de manière significative sur le climat, ce qui fait des végétaux, et des arbres en particulier des éléments essentiels d’adaptation des villes aux perspectives de lutte contre les îlots de chaleurs urbains. Mais trop d’eau est également néfaste pour les arbres dont les racines respirent est ont donc besoin de présence d’air dans les sols. Il est donc indispensable pour les villes de bien maitriser l’ensemble de ces mécanismes afin de mettre ces processus naturels au service d’une gestion écologique, économique et durable de la ville. L’arbre et le végétal en ville réponde au départ à une demande sociale, mais prenne ainsi une vraie fonction active de gestion alternative des eaux pluviales et d’atténuation des effets des changements climatiques.

3. Écologie et santé

L’arbre est généralement considéré comme un des maillons central des écosystèmes terrestres. En ville il est également au centre de nombreux enjeux en termes d’écologie et de santé. Écologie car la lutte contre l’érosion de la biodiversité est un enjeu qui concerne également les territoires urbanisés : protection des milieux, limitation de l’utilisation de pesticides, développement de la trame verte, lutte contre les essences invasives font ainsi parties des actions engagées dans cette perspective. Santé puisque l’arbre a une action directe sur la qualité de notre environnement et a donc des incidences à la fois positives et négatives sur notre santé : positives par son rôle dans la purification de l’air, l’atténuation des canicules, l’effet sur le psychisme…, négatives car il peut entrainer des risques sanitaires : allergies respiratoires, chenilles processionnaires… Il convient donc d’étudier et de mieux connaître l’ensemble de ces phénomènes, c’est l’objet de ces différentes études.

4. Les essences 

Les arbres existent sur terre depuis plus de 200 millions d’années. Dans la nature les végétaux ont développé des adaptations pour pouvoir survivre à différentes conditions de milieux : nature des sols, disponibilité en eau, variations climatiques. Ces adaptations sont à l’origine de la très grande diversité des essences végétales que l’on trouve sur terre. Les échanges de plantes et la diversification des essences a depuis l’antiquité accompagné la civilisation humaine. Ces échanges se sont intensifiés depuis le XVIIème siècle et on assiste depuis à une véritable mondialisation du règne végétal. Les conséquences écologiques et culturelles peuvent être positives ou négatives selon les cas : positives quand l’introduction permet d’améliorer des milieux difficiles et dégradés ou créer des identités paysagères plus diversifiées comme c’est souvent le cas dans les villes, négatives quand les plantes introduites développent un caractère invasif. La connaissance de l’écologie et du comportement des arbres est donc indispensable pour améliorer leur utilisation et permettre un choix adapté et durable.

5. La plantation des arbres

La plantation d’un arbre est un geste qui engage sur le long terme, aussi doit-elle être correctement pensée et réalisée. Les techniques et les principes de plantations se sont progressivement élaborés et complétés au fil des époques. Après un âge d’or des plantations d’arbres en ville pendant la seconde moitié du XIXème siècle, le vingtième siècle a été plus difficile et s’est accompagné de nombreuses pertes de savoir-faire. Depuis la fin des années 80, la question de la place de l’arbre dans la ville est à nouveau à l’honneur et accompagne depuis le début du XXIème siècle les principaux enjeux de développement d’une ville vivable et attractive. De nombreuses expérimentations et l’apport de nouvelles connaissances techniques et scientifique ont permis une amélioration significative de la qualité des plantations d’arbres en ville. Les documents de ce chapitre tentent de faire le point sur les différentes exigences techniques indispensables pour la réalisation de plantations qualitatives et durables.

6. La gestion des arbres 

Les forestiers aime à dire, gérer c’est prévoir. Il existe en effet une relation directe entre la conception des plantations et les efforts d’entretien nécessaires pour assurer leur devenir. La gestion des arbres s’appuie sur une approche diagnostic et méthodologique qui permet de définir des orientations d’entretien sur le moyen, voire le long terme. Cette projection dans l’avenir est indispensable pour assurer une cohérence et une maitrise des dépenses d’entretien. L’objet de ce chapitre est de présenter les principales connaissances indispensables à la gestion des arbres en ville.

7. l’arbre et la loi 

L’arbre, comme tous les éléments de l’environnement urbain fait l’objet de règles qui tantôt limitent ses possibilités de développement, tantôt au contraire font office d’un véritable bouclier de protection juridique. Ces règles se déclinent dans différents documents de portée nationale ou locale, mais nécessitent également un véritable effort de pédagogie pour en faire comprendre les objectifs et respecter les prescriptions. Enfin, au-delà des règles, il est souvent nécessaire de proposer des démarches partenariales qui permettent de s’affranchir de normes limitatives et offrir des solutions techniques négociées pertinentes.

8. Arbre urbain et société 

Le développement de l’homme est associé à celui de l’arbre depuis son apparition sur terre. Nourricier, protecteur physique et symbolique, fournisseur de matériaux de lumière et de chaleur, marqueur du temps qui passe et repère dans l’espace, cette relation profonde et complexe à laissé des traces conscientes et inconscientes dans nos sociétés. Souvent perdu de vue dans notre civilisation matérialiste et court-termiste, cette relation ressurgi néanmoins de nombreuses façon dans notre façon de concevoir voir l’arbre dans la ville. La relation à l’arbre renvoie au sensible, à l’affectif et revêt donc une véritable dimension culturelle qui participe au réenchentement de la ville technologique et fonctionnelle.

9. Arbre urbain et interfaces métiers 

La ville est un milieu complexe, le terrain d’enjeux souvent contradictoires, et donc nécessairement un lieu de dialogue et de compromis. Pourtant, l’histoire du dernier siècle nous montre que c’est davantage dans l’opposition ou la simple coexistence plutôt que dans la synthèse et l’intégration que se sont développées les différentes compétences urbaines. L’acquisition de savoirs approfondis a conduit progressivement à une compartimentation des savoirs et à une séparation des connaissances métiers. Pourtant, plus que jamais la ville pour être raisonnée et durable nécessite une approche cohérente et croisée entre l’ensemble de ses composantes. Ce n’est plus de concurrence et d’exclusion qu’il est question, mais de convergence et de synergie. Ainsi l’arbre ne doit pas seulement être appréhendé de manière isolée, mais aussi en interface avec tous les objectifs et les métiers qui s’exprime légitimement à ses côté pour la conception d’une ville durable.

Le Chartre de l’Arbre est téléchargeable ici.